Un livre d'une force exceptionnelle. Une véritable claque !
Une fois n'est pas coutume, je vais commencer par la fin en remerciant une de nos références babéliotes :
Jean-François Lemoine. Après avoir lu son billet, j'étais allé commander ce roman sur le champ chez ma libraire, un roman auto édité non par dépit, comme le précise l'auteure en appendice, mais par choix car lui offrant plus de liberté.
Quoi qu'il en soit, j'ai été emporté par cette histoire et par la façon de la raconter. J'ai été emporté par l'histoire de ces deux soeurs, de ce secret de famille qui va nous renvoyer à une époque trouble de l'Histoire, celle de l'occupation de la Mandchourie par le Japon pendant les années trente jusqu'à la capitulation le 15 août 1945.
Ce roman fait des allers-retours permanents entre deux périodes : Kyoto - Japon (1993) et Harbin – Mandchourie (mai 1944-août 1945).
Yuna et Amaterasu sont deux soeurs. Voilà trente ans qu'elles ne se sont pas revues mais en 1993, Amaterasu et son mari poussent la porte du cabinet médical de Yuna, célèbre hématologue pour lui demander de l'aide. Amaterasu est atteinte de leucémie, a subi plusieurs chimios et, sans greffe de moelle osseuse, est condamnée à court ou moyen terme.
Logiquement, n'importe quel membre de sa famille est compatible et peut donc être donneur.
Mais ni Yuna, ni leur père, ni leur mère ne sont compatibles!
Leur père, Hajime Takeshi, honorable hématologue à la retraite, révèle à Yuna, qu'Amaterasu est une enfant adoptée au moment de la débâcle japonaise et de son départ précipité de la Mandchourie. Secret qu'il a conservé pour des raisons inavouables.
Une course contre la montre va démarrer pour trouver les origines familiales d'Amaterasu afin de trouver un donneur compatible et, par la même occasion, afin de savoir qui est Amaterasu.
Par de rapides chapitres,
Garance Solveg nous fait passer d'une temporalité à l'autre, d'un lieu à un autre, de 1993 à 1944/45, de Kyoto à Harbin.
La période 1944/45 est relatée à travers l'histoire d'Hiromi, la première femme d' Hajime Takeshi, du temps ou celui-ci était un haut gradé militaire et un médecin chef en poste à Harbin. Hiromi était journaliste. C'était également une femme engagée, une belle femme déterminée, convaincue que le Japon oeuvrait pour le bien des peuples. Elle donnait de son temps pour enseigner le japonais aux différentes « races » qui se côtoyaient dans cette partie du globe : chinois, mongols, coréens, russes… un sacré patchwork.
Mais Hiromi va déchanter surtout lorsqu'elle va découvrir la face cachée de son honorable mari.
Je ne peux que vous recommander chaudement la lecture de ce roman. Il vous laissera une trace. Il vous tiendra en haleine, tellement l'histoire est bien ficelée. Il y a un certain nombre de personnages, ce qui nécessite de bien se rappeler qui est qui et qui fait quoi.
Ce qui est brillant de la part de
Garance Solveg, c'est la toile qu'elle tisse, l'interaction que l'on découvre, au fur et à mesure, entre chacun des personnages.
Vous découvrirez également un pan caché de l'histoire japonaise, un truc pas beau du tout, tellement moche d'ailleurs que ça reste encore, aujourd'hui, un sujet tabou au Japon.
Je me suis demandé si
Garance Solveg n'en rajoutait pas des tonnes afin de faire pleurer dans les chaumières… mais non tout ceci est bien vrai. Ne dit-on pas que le réel dépasse largement la fiction ?