La diagonale de la joie

Le savant et le conscient, l’intellectuel et le perceptuel, enfin réunis, doivent se mettre au service de notre futur. D’un futur où Respect, Amplification cognitive, Autonomie et Joie seront le ciment d’une société enfin réconciliée avec son humanité. Libre et heureuse d’oser collaborer avec le vivant. N’est-ce pas la véritable démarche écologique à laquelle nous devrons désormais nous employer ?

Lui, ai-je pensé, a trouvé sa place, son topos, dirait Aristote. Le seul lieu où chacun a la possibilité de recevoir la plénitude de son être. Comment vais-je trouver le mien ? Comment accepter ce tiraillement entre science et tradition ? Entre ce que je suis et ce que je deviens ? 

Mais je t’ai parlé du buzar, du manque de respect qui se propage comme un virus. Il est bien là, tu vois. Il va déclencher d’autres catastrophes. C’était plutôt ça les prières, non ? Une tentative désespérée de transformer ce que toi, les arbres, la terre nous annoncez déjà de toutes vos forces : un monde où le manque de respect va nous éclater à la figure. 

Quand j’ai ouvert les yeux, elle souriait. Elle ne pensait pas être capable, nous a-t-elle dit, de produire ces sons, ces gestes, cette puissance. Elle ne pensait pas être capable de dire non à son père, qui la battait et la violait. Elle avait tellement souffert de cette injustice qu’elle ne supportait plus aucune injustice. Elle allait d’ailleurs passer son doctorat en droit international. Soudain elle s’est tue. Les oreilles aux aguets. C’est drôle, a-t-elle fini par dire, depuis mon adolescence j’écoute de la musique metal, violente, toujours très violente. C’est un besoin. Et là, pour la première fois, je viens d’entendre le chant des oiseaux, dehors.

Je comprends pourquoi les libérations émotionnelles prennent tout leur temps lors de transes. Elles ne se font jamais quand on n’est pas prêt à les vivre. Couche après couche, comme on épluche un oignon, chaque transe en approche le cœur. 

Le corps n’est pas la maladie, mais son miroir. Grâce à lui elle se révèle et nous donne le moyen de la transformer.

J’ai senti mon corps se dissoudre. Devenir un rien, si vide de matière que plus rien ne pouvait l’atteindre ou l’agresser. J’ai eu alors la sensation d’être indestructible. Comme si en devenant rien j’avais soudain fusionné avec l’univers, pris sa forme et sa force. Partout et nulle part. Suffisait-il donc de devenir rien pour que rien ne puisse s’accrocher et faire mal ? C’était tellement simple et limpide tout à coup. Et si c’était juste ça, la mort ? Une dissolution de l’impression de ce « je » dans l’invisible. 

Pendant le quart d’heure de pause, Pierre me parle des similitudes qu’il a remarquées entre mon cerveau en transe et celui d’un lapin sous LSD. 

A force de regarder nos écrans nous ne regardons plus le ciel. Mais comment s'en passer désormais ? L'un des grands projets de notre société supposée "savante" est de nous rendre dépendants de produits dont elle nous persuade qu'ils nous facilitent le vie.

Le visage de l'Autre est la manière dont l'Autre se révèle à soi-même, dit en substance Levinas, il est l'extériorité de son être. Comment trouver mon extériorité dans le visage de l'Autre, s'il est remodelé, lissé, privé de son expression originale ?