En 1979,
Jonathan Cott (qui a écrit sur
Glenn Gould,
Bob Dylan, etc.) mène un long entretien avec l'essayiste américaine la plus en vogue à cette époque :
Susan Sontag. Réalisé pour le magazine Rolling Stones, il sera publié un tiers seulement de cette conversation fleuve, il faut donc saluer la bonne initiative de l'éditeur Flammarion, et plus encore de la collection Climats, qui réédite ici au complet cet entretien, Tout et rien d'autre, avec
Susan Sontag, femme fascinante, grande lectrice, adepte d'une pensée vivante et qui possédait alors, dans son appartement new-yorkais, une bibliothèque de huit mille livres - bibliothèque qu'elle nommait joliment son "archive du désir". Dans cet entretien passionnant,
Susan Sontag revient sur plusieurs de ses essais, sur la maladie, la photographie, parle beaucoup de littérature - Kafka,
Baudelaire, Barthes, Gass,
Beckett, ... -, elle explique son changement de position, d'appréciation du travail de propagande de la réalisatrice allemande
Leni Riefenstahl, mais aussi - et c'est là qu'elle en devient encore plus attachante - sa passion, son amour pour son époque, pour le contemporain. Elle déclare d'ailleurs: "Tout mon travail repose sur l'idée que le monde existe vraiment, et je me sens vraiment y appartenir". En ce sens elle rejoint ce magnifique aphorisme de
Nietzsche : "Ce qui est grand dans l'homme c'est qu'il est un pont et non un but". Cet entretien est à la fois sérieux et drôle,
Susan Sontag s'ouvre à
Jonathan Cott avec une liberté généreuse. Bonne lecture.