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Critique de oiseaulire


Déconvenue au Marathon des Mots à Toulouse aujourd'hui 26 juin.

Je précise en préambule que la 17 ème édition de cet évènement littéraire annuel comporte pour 2021 deux thèmes : la Californie et la pop-culture.

Dans l'une de ses interventions à la bibliothèque de mon quartier, Joy Sorman devait évoquer son livre "Boys boys boys". C'est du moins ce qui était imprimé sur le programme du Marathon des mots ainsi que sur le site en ligne.

Je me suis inscrite, ai bûché le thème du livre et oh ! surprise, le débat a porté sur son dernier livre "À la folie".

Pas un mot d'excuse, ni de sa part, ni de la part de l'animateur. Qui était... Qui était-il au fait ? Il ne s'est même pas présenté.

Un sujet a été substitué à un autre, à savoir qu'il fut traité de l'immersion dans un hôpital psychiatrique de madame Sorman (en tant que visiteuse, j'ai cru d'abord que c'était en tant que patiente, mais même pas ! ) au lieu du thème attendu (l'appréhension par l'auteure de ce qu'est la féminité et sa revendication d'un féminisme "viril", concept nouveau pour moi et de nature à éveiller mon intérêt).

Je sais bien que les éditeurs souhaitent faire la promotion des livres qu'ils éditent et qu'ils passent pour cela des accords avec les auteurs.

Mais le programme du Marathon était fixé depuis longtemps. S'il est possible de considérer qu'il existe une relation entre la pop culture et le féminisme, puisque la pop culture n'a pas manqué de s'emparer de cette thématique, comme de bien d'autres, son lien avec l'hôpital psychiatrique n'apparaît pas clairement. Encore moins celui de ce dernier avec la Californie ( sauf à considérer que la Californie héberge sur son territoire quelques établissements de soins).

Par ailleurs Madame Sorman avait déjà fait une autre intervention à Toulouse sur le sujet de l'institution psychiatrique à 14h30 ; elle en fera une autre demain. On pouvait s'attendre à ce qu'elle tienne ses engagements pour cette séance qui devait être consacrée à un sujet plus ancien.

Sa motivation exclusivement promotionnelle n'en ressort que mieux.

Je n'ai pas du tout aimé me trouver dans la peau d'une consommatrice lambda à qui on essaie de vendre un produit pour un autre.

Cela manquait d'élégance.

L'intervention devait durer une heure ; ne voyant rien venir au bout d'une demie-heure, ni excuses, ni recadrage sur le thème initialement prévu, j'ai quitté la séance.

Les idées générales de madame Sorman sur l'institution psychiatrique ne m'intéressent pas. Leur présentation bien trop générale justement, mièvre, pétrie de bons sentiments, n'est pas de nature à donner envie de lire le livre. J'ai modérément apprécié le parallèle facile entre le sort des émigrés et celui des internés en psychiatrie. Les raisons de l'émigration sont multiples, celles des souffrances psychiques aussi. Il est bon de ne pas trop user d'approximations sur quelque sujet que ce soit.

L'auteure a voulu endosser le rôle de candide, elle a surtout endossé celui d'énonciatrice de lieux communs. J'ai vu les films "vol au dessus d'un nid de coucou", "girl" ; lu "Quatre ans dans l'enfer des fous" de Jean-Maurice Cervetto. J'ai une idée assez précise de ce qu'a subi Antonin Artaud. Il m'a été donné de me documenter sur l'évolution de la psychiatrie dans le secteur hospitalier récemment ; j'ai vu un reportage (récent aussi ) sur le fonctionnement du service des malades dangereux (pour eux-mêmes et autrui) à l'hôpital Cadillac en Gironde.

Pas besoin d'essayer de me convaincre de la violence institutionnelle en psychiatrie : on y retrouve en condensé la violence sociale en général.

On y trouve aussi des gens qui essaient de faire leur travail et des gens en souffrance, tant du côté des soignés que des soignants. Et aussi des gens qu'il ne convient plus de qualifier de "fous" même à l'oral.

Je recommande plutôt sur le soin le très beau livre, autrement qualifié et compétent de Cynthia Fleury "Ci-gît l'amer : guérir du ressentiment".
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