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Critique de Krout


Krout
02 novembre 2020
Je lis peu de littérature russe. Ainsi Nostalgia rejoignît ma sélection Masse Critique. Dame, découvrir 18 écrivains russes en une fois ! Non, peut-être ?! En un autre temps, j'eusse embrasé les ours (soupir) pour me l'attribuer. Qu'il me soit permis non seulement de remercier les éditions Daphnis et Chloé pour leur envoi, mais aussi de les féliciter pour la haute qualité de l'ouvrage : papier, mise en page aérée, reliure, couverture cartonnée, jusqu'au liseré rouge. Tout est d'une grande classe. Si rare !


Près de 500 pages, 18 nouvelles de 12 à 50 pages, toutes traduites d'une exquise écriture par Marie Roche-Naïdenov participant au plaisir de la lecture en français. Toutes de nostalgie. Mais encore... "je dirais que toute forme de nostalgie n'est qu'un mot, glissé en douce, ou un rappel sévère - tu es un visiteur. [...] Tout au moins, tant que tu es vivant." p.481
[Une belle apparition I. Sakhnovski]


Ainsi je suis passé, visiteur inconnu, de craintes en surprise, de surprises en émerveillement, d'émerveillements en souvenirs. Etait-ce dans "L'ordre de choses" de soudain me remémorer "La cerisaie" à la vue de la maison de Pasternak ? de songer à cette énigmatique inconnue "L'inconnue de Birobidjan" au moment où "Un jour dans mon enfance j'ai vu Staline" ? de par "La nostalgie de la Patrie" m'interroger sur "La modification" pendant cet autre parcours en train, celui-ci vers Berlin et non Rome ? que, dans "Ringstrasse", dans cette Vienne familière et aimée, je crusse entrapercevoir Freud demander au Dr Breuer si Nietzsche pleurerait sur ses migraines ? qu'à l'approche de ce sanatorium suisse où des Russes exilés trouvèrent temporairement refuge pendant la guerre dans "La Patrie vous attend" volassent en moi "Les oiseaux de bois" ?
" Ce que j'écris, en soi, n'a pas de signification, car le monde tel que je l'ai vécu était sans limite, alors qu'en écrivant, le monde, réduit en lettres, est rétréci. Pour croire en ce qui a été vécu, il faut l'avoir vécu, comme moi ; or chacun vit sa propre vie." p.345
[Siverskaya E. Vodolazkine]


De plus, impossible de les citer toutes, d'ailleurs je n'ai pas parlé de "Sirverskaya" qui par magie m'a ramené dans "La ville dans le miroir" pourtant ce village de vacance sur la rivière Oredej ne ressemblait en rien à Dubrovnik ; je saute à la dernière "Le trou noir" qui vous verrez parle du Wi-Fi. Car "La mélancolie du futur" n'est pas passéiste. Toutes ces histoires cependant nous rappellent, comme Kundera dans "L'insoutenable légèreté de l'être", qu'en Russie plus qu'ailleurs peut-être la constance est dans l'incertitude, la permanence dans l'éphémère. Déjà les voilà, belles nouvelles, s'estompant pour rejoindre tout de ouate celles de "Trop de bonheur". Aussi brisant mes habitudes, je relus la première et vous en confie la dernière phrase.
"Je me dis que, l'espace d'un instant, j'ai réussi à tromper le destin : les voilà tous réunis, tous ces êtres chers qui sont partis, ils se retrouvent en famille et, comme toujours, ils racontent des histoires invraisemblables." p.58 [L'ordre des choses. E. Pasternak]
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