AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Soleney


J'ai eu un petit coup de coeur pour ce roman sombre et original. Une vraie pépite de lecture, bien écrite, bien construite, avec des personnages attachants et crédibles et un univers dépaysant. Attention aux sensibilités, toutefois : sans être explicite dans la violence ou la misère, l'histoire est dure.
Tu veux en savoir plus ?
Étant une prostituée amnésique, Violante n'a déjà pas une vie très facile (ses parents ont été clairvoyants en lui choisissant ce nom). Mais cela empire le jour où un tueur en série s'en prend à sa seule amie, laissant derrière lui un cadavre atrocement mutilé. Folle de douleur et de colère, la jeune fille jure de tout faire pour le retrouver et doit prouver aux enquêteurs (qui ne sont pas vraiment des policiers, mais plutôt son proxénète et ses hommes de main – les forces de l'ordre se moquent des meurtres qui peuvent avoir lieu dans ces quartiers mal famés) qu'elle est une alliée utile…

Je me suis terriblement attachée aux personnages parce qu'ils sont tous bien construits. Aucun n'est manichéen, et même ceux qu'on déteste de prime abord finissent par s'humaniser. Violante est une protagoniste crédible dans chacune de ses réactions et c'est pourquoi je l'ai beaucoup aimée. de par son travail, sa condition de femme et d'amnésique, elle est en position de faiblesse face aux proxénètes avec qui elle enquête, mais même s'ils veulent l'écarter, elle ne s'en laisse pas conter et sait prouver qu'elle est utile.
Il y a quelques mois, j'avais vu un reportage sur la prostitution qui expliquait que lorsqu'elles tapinent, les filles endossent une autre personnalité pour protéger leur esprit, et que, souvent, c'est le rituel du maquillage et de l'habillement qui sert de garde-fou entre le masque mental et la vraie personne. Une psychologue avait relevé qu'on remarquait les mêmes troubles post-traumatiques entre elles et les vétérans de la guerre… Les joies du métier !
Floriane Soulas le savait sans doute, car j'ai remarqué cette même ambivalence entre Violante et son double : Duchesse. Cette dernière prend naturellement le pas dès que les choses se compliquent, car elle maîtrise mieux son corps et ses expressions. Elle est douée pour cacher son jeu ; et plus forte aussi. Un client pose une question qui stresse Violante ? C'est Duchesse qui répond – avec un sourire mutin, le plus souvent.

L'univers est fascinant. On est sur un registre SF (plus spécifiquement de steampunk, pour les connaisseurs), mais je me sens presque dans de la fantasy tant l'auteure joue avec la cohérence. Ainsi, les hommes du 19e siècle sont déjà allés sur la Lune, et mieux : ils l'exploitent pour en extraire des ressources qui n'existent pas sur Terre. Comment y respirent-ils, comment voyagent-ils dans l'espace, comment font-ils transiter des marchandises de notre satellite jusqu'au plancher des vaches sans se ruiner ? L'histoire ne le dit pas, et on se sent comme dans un univers un peu merveilleux.

Une très bonne découverte, donc, à laquelle je ne mets pas la note maximale à cause de certaines facilités scénaristiques et stylistiques (surtout dans les dialogues, des phrases très clichées du style : « T'inquiète pas, je retrouverai l'enfoiré qui a fait ça »).
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}