Fin du monde - Violences - Épidémies - Tortures - Enfantement - Cannibalisme.
Le pitch m'avait happée mais refroidie par la plume de l'autrice dans
Les Oubliés de l'Amas, j'ai longuement hésité avant de me lancer. Son texte dans l'anthologie Nous parlons depuis les ténèbres et le retour élogieux de @mariebrunelm sont parvenus finalement à me convaincre.
Mais cet ambitieux
Tonnerre après les Ruines porte malheureusement trop de failles pour lui assurer une médaille.
Indéniablement l'univers est génial. Sorte de post-apo entraînant. Sombre, glauque et poisseux dans lequel on aime déambuler. Comme un bout de notre futur en mode back to the origins. Un médiéval-fantastique triste et froid qui sent bon la triade The Witcher, The Walking Dead et Frankenstein.
Malheureusement, on finit par tourner en rond dans Tonnerre et ses alentours. Et on suffoque jusqu'à l'ennui. Pourtant, au début, j'ai pris un malin plaisir à me promener dans les rues, à visiter les bâtiments laissés à l'abandon, rongés par la nature, la
rouille et l'acidité de la pluie. J'ai adoré squatter dans un parking souterrain, me réchauffer grâce à un bidon brasero, vagabonder, humer les éléments dans les plaines et les forêts. J'ai aimé découvrir ce monde décimé, les contes et légendes, les garous et les salamandres.
Les personnages en revanche…
Ça feule, ça papillonne, ça s'ébroue, ça grogne, ça mord et ça gifle. Encore et encore. Comment éprouver une once de sympathie pour des personnages au comportement primitif et immature ? Qui insultent. Provoquent. Font la gueule. Entretiennent les relations amicales, familiales et amoureuses sur des mensonges et des non-dits. Pire, ça impose, ça exige et ça provoque. Et ça crie et ça frappe et ça tue. Je n'ai pas aimé leurs réflexions, les choix, les décisions, les facilités scénaristiques qui sonnaient faux et donnaient dans le surfait.
Alors je suis critique oui. Parce que déjà dans
Les Oubliés de l'Amas les personnages avaient complètement plombé ma lecture. Et là, même rengaine. Des personnages exécrables, impulsifs, égoïstes et puérils. Sans une once de bienveillance. Identiquement en colère, calculateurs et avides de pouvoir. Leur credo commun : dominer. Impossible pour moi de m'attacher.
Insupportables aussi ces répétitions inutiles qui hérissent les poils et alourdissent le texte. Qui donnent du non-sens, parfois. Ces tirades ridicules et la familiarité parfois retrouvée comme un cheveu sur la soupe dans les échanges. Et ces erreurs syntaxiques, ces inepties et autres étourderies. Comment parvenir ensuite à se (re)propulser dans le récit ?
Il y a aussi eu ce côté malaisant ou des jeunes filles, des ados, « volontaires », sont mises en cloque, pour repeupler l'humanité. Cet aspect m'a dérangée. Des adolescentes qui « consentent » à être « engrossées » par de « généreux géniteurs » qui profitent de la décroissance démographique pour coucher à droite, à gauche. Franchement, y'a que moi que ça dérange cette forme « d'altruisme » ?
Et c'est pas parce qu'on souhaite un monde sanguinolent et à l'agonie, qu'on emploie des mots durs et bruts que le récit va soudainement devenir dérangeant et horrifique. À ce niveau-là encore un loupé pour moi et c'est dommage.
J'applaudis tout de même le parti pris de mettre en avant des personnages exclusivement féminins au détriment des masculins, c'est honorable et appréciable. Pour une fois la femme compte vraiment. Ce n'est pas un personnage sexualisé, secondaire ou placé tel un pion pour satisfaire l'homme.
Pour terminer sur du positif tout de même et contrebalancer mon retour, n'hésitez pas à aller lire les avis de @mariebrunelm @bulles.sfff.de.marie.d et @bookosaurus.rex qui ont, quant à elles, adoré ce roman et ne tarissent pas d'éloges à son sujet. Bizarrement mon avis est tout le contraire mais c'est aussi ça la richesse de la littérature, non ?