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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Récemment récompensée par plusieurs prix littéraires français prestigieux dans le domaine de l'imaginaire, Floriane Soulas revient sur le devant de la scène avec « Tonnerre après les ruines », un roman de fantasy paru en octobre chez Argyll. L'ouvrage se déroule dans un monde crépusculaire qu'on devine avoir été le notre avant qu'une succession de catastrophes n'aient entraîné la disparition de nos sociétés actuelles dont il ne reste désormais plus que des vestiges. La vie y est rude pour tout le monde, le quotidien étant rythmé par la faim, les pluies acides dont il faut se protéger, mais aussi les épidémies qui frappent aléatoirement les habitants et les condamnent soit à une mort certaine, soit à se transformer en bête avide de chair fraîche. C'est dans ce contexte pour le moins sombre que l'on fait la connaissance de celles qui seront les deux protagonistes de cette histoire. La première, Lottie, est une femme qui loue ses services aux caravanes qui veulent voyager d'une localité à une autre afin de les protéger des inévitables attaques de monstres qui pullulent dans les plaines. La seconde, Férale, est la disciple et amie de la première, affublée de caractéristiques physiques et sensorielles étonnantes qui poussent tout le monde à la considérer comme infectée, et donc à la rejeter. Cela fait maintenant des années que les deux femmes cheminent ensemble, mais tout va basculer lorsqu'elle vont se retrouver à Tonnerre, de ce que l'on en sait la cité la plus importante dans les environs. Un cité composée en fait d'un immense bidonville formé autour d'une tour imprenable et étroitement surveillée et qui ne s'ouvre que pour de rares élus soigneusement sélectionnés par les habitants de l'intérieur. Là-bas, Fériale va découvrir une nouvelle facette de son amie, et va se familiariser avec une communauté émergente revendiquant l'acceptation de ces difformités et maladies honnies par tous. Séduite par le discours, Fériale va tenter d'en apprendre plus sur sa propre nature tandis que Lottie renoue avec une page douloureuse de son histoire.

Le roman est long (un peu plus de cinq cent pages) mais, bien que les parties soient plus ou moins inégales, l'autrice parvient à maintenir l'intérêt du lecteur jusqu'au bout. L'intrigue est ainsi bien construite, avec des rebondissements fréquents qui, bien que souvent faciles à anticiper, relancent efficacement le récit. La question de l'univers et des personnages est en revanche plus problématique à mon sens. le cadre dans lequel se déroule le roman est en effet très sombre, ce avec quoi je n'ai d'ordinaire pas de problème, mais l'autrice donne ici trop souvent l'impression de forcer le trait. La deuxième partie de l'ouvrage, notamment, offre une succession de scènes plus glauques et morbides les unes que les autres au point que l'on frise l'overdose. Les scènes d'accouchements tragiques, par exemple, qui se concluent toujours par la mort de la femme et de l'enfant dans des conditions atroces, sont tout simplement écoeurantes par leur nombre et par la précision des descriptions fournies. On est horrifié la première fois, mais on comprend que cela sert l'intrigue, la seconde est déjà un peu plus difficile à encaisser, mais les troisième, quatrième et cinquième scènes suivantes sont à la fois inutiles et tout simplement sordides. Outre l'écoeurement, ces passages successifs entraînent une décrédibilisation de l'intrigue puisqu'on a l'impression que, en dépit de la dureté du monde dans lequel évoluent les personnages et le périmètre circonscrit aux bidonvilles de Tonnerre, on trouve des femmes enceintes partout, tout le temps. le dégoût que l'on peut éprouver à la lecture vient aussi à l'omniprésence du cannibalisme, avec là encore des scènes difficiles à soutenir et inutilement répugnantes.

Dans ce contexte, l'autrice donne l'impression que ses personnages ne sont que de la chair à canon, et le fait est que c'est un peu à cela que ça se résume. Cet aspect du roman aurait pu être atténué s'il avait été porté par des figures attachantes, or j'ai eu bien du mal à me soucier de sort de l'une ou l'autre des deux héroïnes. Bien qu'ayant plutôt apprécié l'une des précédentes oeuvres de l'autrice (« Rouille »), je me rappelle déjà avoir été frappée par le fossé entre la noirceur du cadre mis en scène dans le récit et la façon un peu simpliste dont étaient caractérisés les personnages. Or c'est exactement la même chose ici. Certes, Férale et Lottie ont toutes deux des côtés sombres et des failles qui les rendent vulnérables, mais leur personnalité demeure malgré tout trop fade pour parvenir à susciter l'empathie du lecteur. Les autres sont encore moins soignés et condamnés à ne rester que de simples figurants dont le sort n'émeut guère, et ce d'autant plus que chacun d'entre eux semble de toute façon voué à connaître une mort atroce. Certains sont de plus assez caricaturaux, notamment dans la deuxième partie qui, là encore, se révèle moins maîtrisée et met en scène une succession de personnages creux dont on se désintéresse aussitôt après leur apparition. Difficile dans ces conditions de se sentir concerné par l'histoire, aussi est-ce sans ennui mais avec tout de même un certain détachement que l'on suit le parcours des deux femmes et la succession d'épreuves qu'elles vont devoir affronter. Enfin, j'ai également eu du mal avec le traitement des personnages féminins qui, compte tenu de la voie empruntée par l'intrigue, se voient pour la quasi totalité réduites à leurs fonctions reproductrices.

« Tonnerre après les ruines » est un roman de fantasy particulièrement sombre qui met en scène un duo de femmes dans un univers en pleine déliquescence dans lequel la misère, la maladie et la violence sont omniprésents. En dépit d'une intrigue et de thématiques intéressants, le roman souffre à la fois du dégoût provoqué par la succession de scènes plus sordides (et qui plus est inutiles) les unes que les autres, mais aussi du manque d'empathie que l'on éprouve à l'égard des personnages.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Note pour moi-même : ne plus céder aux histoires de pépites et autres merveilles, surtout quand j'ai eu l'occasion de lire l'auteur concerné sans me retrouver très convaincu précédemment.
C'est encore ce qui s'est passé avec le dernier roman de Floriane Soulas, à la hype savamment entretenue sur les rézos. Pourtant ses personnages sont restés de bout en bout de simples mots couchés sur le papier pour moi. Ils n'ont jamais pris vie. Côté style, c'est ce qui m'avait déjà échaudé dans le recueil de nouvelles d'horreur que j'avais chroniqué il y a quelques semaines et ou je trouvais que son texte était l'un des plus décevants du lot : pas d'amélioration notable. Sa façon d'écrire est lourde et tout sauf immersive. Donc entre les personnages et la plume, difficile d'apprécier ensuite l'histoire ou l'univers pseudo-apo, pas très marquant de toute façon.
J'espère quand même pour le prix Utopiales que son space op' précédent était plus convaincant mais je ne me pencherai pas dessus pour vérifier.
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Ayant eu de très bons échos du dernier roman de Floriane Soulas, et voyant qu'il était publié par les excellentes jeunes éditions Argyll, j'en attendais donc monts et merveilles ; ma déception n'en fut que plus grande au terme d'une lecture fastidieuse... Intrigue cousue d'un fil blanc comme la cendre, personnages sans profondeur, écriture brouillonne entachée de répétitions maladroites et de fautes d'orthographe... Je n'ai hélas pas compris l'engouement qui existe autour de ce roman.
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