AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,74

sur 59 notes
5
13 avis
4
5 avis
3
2 avis
2
3 avis
1
0 avis
Une catastrophe a touché la terre. D'origine nucléaire ? Ou autre. On l'ignore, même si on s'en doute. Mais le monde est une vaste ruine recouverte de cendres où les derniers survivants tentent d'échapper aux mutations. Mortelles, ces mutations. La dégénérescence est partout. Quelques îlots tentent d'échapper au chaos. Et quelques individus surnagent, plus adaptés peut-être. Lottie et Férale sont de ceux-là. Ces deux pisteuses protègent les caravanes des dangers nombreux qui hantent les campagnes.

Férale, comme son nom l'indique (en latin, fera désigne une bête sauvage), est un monstre selon les autres humains. Il est vrai qu'elle a des yeux jaunes inquiétants, une maigreur affolante et une faim qui la tenaille en permanence. Quant à ses dents, elles sont pointues et aiguisées. Seule Lottie semble la comprendre. C'est elle qui l'a délivrée de la cage où elle croupissait, attraction d'un cirque. C'est elle qui lui a trouvé une place en l'engageant pour ses dons exceptionnels : elle sent les êtres dangereux de loin comme personne. C'est elle enfin qui la nourrit en traitant les aliments afin qu'elle puisse les avaler sans crainte que son corps ne les rejette.

Mais Férale ne peut se contenter de cette situation dans laquelle elle reste en marge de la société. Et où elle se sent isolée, seule de son espèce. Or, elle entend parler de Tonnerre, une cité comme il en existait dans le temps. Avant la Destruction. Ou du moins, qui essaie de subsister malgré la progression inexorable des mutations. Là-bas, les habitants pourraient peut-être faire quelque chose pour elle. Voire lui indiquer si il existe d'autres individus comme elle. Et elle en a désespérément besoin, de ne plus se sentir unique. Malgré tout l'amour que lui porte Lottie, sorte de mère adoptive, elle en crève de ne pas savoir d'où elle vient, de ne pas comprendre ce qu'elle est.

Tonnerre après les ruines est une passionnante quête : chaque personnage cherche qui il est et où est sa place. Comme nous tous me direz-vous. Mais dans ce roman, dans ce contexte de fin du monde où les marges bougent, où plus rien n'est certain, où toutes les anciennes habitudes sont remises en question. En plus, Férale ne ressemble à personne. Elle est entre deux mondes : celui des humains, qu'elle fréquente pour son travail, parce qu'elle accompagne Lottie ; celui des monstres, à qui elle ressemble et que craignent terriblement les êtres humains. Fragile malgré sa force physique impressionnante, ses réflexes phénoménaux, elle doit se trouver une famille. Sa quête est parfaitement racontée par Floriane Soulas qui a su imaginer ici et faire vivre des personnages profonds et forts, comme elle l'avait déjà fait, entre autres, dans Les Noces de la renarde.

Car Férale n'est pas la seule à se montrer vivante, faite de chair et de sang, de doutes et de peurs. Lottie, aussi, dont on a découvert l'ancienne vie dans le prologue. On sait dès les premières pages qu'elle vient de Tonnerre. Et qu'elle s'est échappée volontairement de cette cité car elle ne voulait plus être une sorte d'animal de laboratoire. Et que cela lui avait coûté beaucoup, puisqu'elle avait abandonné son enfant, juste née. Une blessure qui a forgé sa carapace, son caractère. Et qui explique qu'elle ne peut se livrer facilement, qu'elle garde des secrets en elle, qu'elle se montre incapable de livrer à Férale. D'où des incompréhensions, d'où des doutes encore, d'où des choix malheureux.

Elles ne sont pas les seules à hésiter, à se tromper. Toutes et tous sont à la limite du point de rupture. Et l'irruption des deux femmes à Tonnerre sert de déclencheur. Tout ce qui était prêt à exploser éclate. Difficile de vivre dans de telles conditions. Surtout quand un nouveau virus émerge, encore plus virulent, encore plus rapide : les personnes touchées se transforment rapidement en monstres aux dents qui transpercent leurs gencives afin de leur permettre de couper la chair humaine plus facilement. Car c'est de cannibalisme qu'il est question : ces mutants sont attirés avec force par le sang des femmes et des hommes.

Les derniers humains se sentent donc comme dans un bastion cerné par les ennemis. le moindre contact peut être synonyme de contagion (coucou, le Covid), la moindre erreur fatale. Chacun court après un rêve qui pourrait donner sens à une vie qui n'en a plus. La couverture, magnifique, de Xavier Collette est en parfaite adéquation avec l'ambiance de l'oeuvre : survivre est déjà tellement difficile dans ce monde en ruine, menacé par une nature devenue hostile, que conserver les valeurs qui caractérisaient l'humanité est quasiment impossible. Peut-être faut-il réinventer. Changer.

Très belle surprise que Tonnerre après les ruines. Si, au début, je me suis dit que j'avais affaire à un énième roman d'initiation YA, le ton sans concession, les personnages aux réflexions et aux préoccupations si fortes m'ont happé et m'ont forcé à tourner les pages, sans beaucoup de pause (pourtant, il y en, des pages). D'abord réticent devant Férale, j'ai rapidement adopté son point de vue et me suis passionné pour sa quête. Alors, oui, le déroulement de l'histoire ne m'a pas vraiment surpris et j'ai rapidement pressenti la fin. Mais le cheminement de cette héroïne et de ceux qui l'entourent m'a tout de même séduit. J'ai aimé affronter le ciel empli d'éclairs, la pluie acide avec Férale et Lottie. J'ai aimé chercher avec elles une façon de survivre, une façon de se comprendre malgré toutes les différences. J'ai aimé ce livre.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
Commenter  J’apprécie          264
Récemment récompensée par plusieurs prix littéraires français prestigieux dans le domaine de l'imaginaire, Floriane Soulas revient sur le devant de la scène avec « Tonnerre après les ruines », un roman de fantasy paru en octobre chez Argyll. L'ouvrage se déroule dans un monde crépusculaire qu'on devine avoir été le notre avant qu'une succession de catastrophes n'aient entraîné la disparition de nos sociétés actuelles dont il ne reste désormais plus que des vestiges. La vie y est rude pour tout le monde, le quotidien étant rythmé par la faim, les pluies acides dont il faut se protéger, mais aussi les épidémies qui frappent aléatoirement les habitants et les condamnent soit à une mort certaine, soit à se transformer en bête avide de chair fraîche. C'est dans ce contexte pour le moins sombre que l'on fait la connaissance de celles qui seront les deux protagonistes de cette histoire. La première, Lottie, est une femme qui loue ses services aux caravanes qui veulent voyager d'une localité à une autre afin de les protéger des inévitables attaques de monstres qui pullulent dans les plaines. La seconde, Férale, est la disciple et amie de la première, affublée de caractéristiques physiques et sensorielles étonnantes qui poussent tout le monde à la considérer comme infectée, et donc à la rejeter. Cela fait maintenant des années que les deux femmes cheminent ensemble, mais tout va basculer lorsqu'elle vont se retrouver à Tonnerre, de ce que l'on en sait la cité la plus importante dans les environs. Un cité composée en fait d'un immense bidonville formé autour d'une tour imprenable et étroitement surveillée et qui ne s'ouvre que pour de rares élus soigneusement sélectionnés par les habitants de l'intérieur. Là-bas, Fériale va découvrir une nouvelle facette de son amie, et va se familiariser avec une communauté émergente revendiquant l'acceptation de ces difformités et maladies honnies par tous. Séduite par le discours, Fériale va tenter d'en apprendre plus sur sa propre nature tandis que Lottie renoue avec une page douloureuse de son histoire.

Le roman est long (un peu plus de cinq cent pages) mais, bien que les parties soient plus ou moins inégales, l'autrice parvient à maintenir l'intérêt du lecteur jusqu'au bout. L'intrigue est ainsi bien construite, avec des rebondissements fréquents qui, bien que souvent faciles à anticiper, relancent efficacement le récit. La question de l'univers et des personnages est en revanche plus problématique à mon sens. le cadre dans lequel se déroule le roman est en effet très sombre, ce avec quoi je n'ai d'ordinaire pas de problème, mais l'autrice donne ici trop souvent l'impression de forcer le trait. La deuxième partie de l'ouvrage, notamment, offre une succession de scènes plus glauques et morbides les unes que les autres au point que l'on frise l'overdose. Les scènes d'accouchements tragiques, par exemple, qui se concluent toujours par la mort de la femme et de l'enfant dans des conditions atroces, sont tout simplement écoeurantes par leur nombre et par la précision des descriptions fournies. On est horrifié la première fois, mais on comprend que cela sert l'intrigue, la seconde est déjà un peu plus difficile à encaisser, mais les troisième, quatrième et cinquième scènes suivantes sont à la fois inutiles et tout simplement sordides. Outre l'écoeurement, ces passages successifs entraînent une décrédibilisation de l'intrigue puisqu'on a l'impression que, en dépit de la dureté du monde dans lequel évoluent les personnages et le périmètre circonscrit aux bidonvilles de Tonnerre, on trouve des femmes enceintes partout, tout le temps. le dégoût que l'on peut éprouver à la lecture vient aussi à l'omniprésence du cannibalisme, avec là encore des scènes difficiles à soutenir et inutilement répugnantes.

Dans ce contexte, l'autrice donne l'impression que ses personnages ne sont que de la chair à canon, et le fait est que c'est un peu à cela que ça se résume. Cet aspect du roman aurait pu être atténué s'il avait été porté par des figures attachantes, or j'ai eu bien du mal à me soucier de sort de l'une ou l'autre des deux héroïnes. Bien qu'ayant plutôt apprécié l'une des précédentes oeuvres de l'autrice (« Rouille »), je me rappelle déjà avoir été frappée par le fossé entre la noirceur du cadre mis en scène dans le récit et la façon un peu simpliste dont étaient caractérisés les personnages. Or c'est exactement la même chose ici. Certes, Férale et Lottie ont toutes deux des côtés sombres et des failles qui les rendent vulnérables, mais leur personnalité demeure malgré tout trop fade pour parvenir à susciter l'empathie du lecteur. Les autres sont encore moins soignés et condamnés à ne rester que de simples figurants dont le sort n'émeut guère, et ce d'autant plus que chacun d'entre eux semble de toute façon voué à connaître une mort atroce. Certains sont de plus assez caricaturaux, notamment dans la deuxième partie qui, là encore, se révèle moins maîtrisée et met en scène une succession de personnages creux dont on se désintéresse aussitôt après leur apparition. Difficile dans ces conditions de se sentir concerné par l'histoire, aussi est-ce sans ennui mais avec tout de même un certain détachement que l'on suit le parcours des deux femmes et la succession d'épreuves qu'elles vont devoir affronter. Enfin, j'ai également eu du mal avec le traitement des personnages féminins qui, compte tenu de la voie empruntée par l'intrigue, se voient pour la quasi totalité réduites à leurs fonctions reproductrices.

« Tonnerre après les ruines » est un roman de fantasy particulièrement sombre qui met en scène un duo de femmes dans un univers en pleine déliquescence dans lequel la misère, la maladie et la violence sont omniprésents. En dépit d'une intrigue et de thématiques intéressants, le roman souffre à la fois du dégoût provoqué par la succession de scènes plus sordides (et qui plus est inutiles) les unes que les autres, mais aussi du manque d'empathie que l'on éprouve à l'égard des personnages.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
Commenter  J’apprécie          220
Dans cette épopée sf post-apocalyptique teintée de fantastique, nous suivons deux personnages en particulier, Lottie et Férale, deux femmes très différentes mais très proches l'une et l'autre. Les autres personnages sont intéressants, surtout Naomie la scientifique gentille qui se montre finalement sous son vrai visage proche du docteur Frankenstein mixé à un docteur Jekyll et mister Hyde.
Le roman est composé de trois parties distinctes et les chapitres sont assez courts, le rythme s'en trouve soutenu, il n'y a pas de place pour l'ennuie même avec ses cinq cents pages.
Le sujet mis le plus en avant est la mutation, la figure du monstre, et Floriane Soulas joue la dessus pour nous poser la question, qui est finalement le monstre ? le mutant violent ou l'humain sans pitié prêt a tout pour faire perdurer sa forme initiale ?
On trouve également des thèmes comme l'éthique scientifique, la manipulation de masse, les sectes, la liberté, la dépendance à l'autre, l'abandon, l'amour, l'amitié, la dévotion, la prise d'indépendance entre autres.
Sachez aussi que mis a part que le récit se déroule très loin dans le futur, nous ne savons ni où l'intrigue se déroule vraiment, ni comment nous en sommes arrivés là.
L'ambiance et les décors sont effrayants mais aussi passionnants, d'une vallée ou les déplacements se font sous le signe du danger et de la maladie, nous passons par une grande ville en ruines, aux ruelles bâchées contre les pluies acides, sous forme de bidonville sombre et sale. Nous y explorons également "Tonnerre", une tour où les humains encore en bonne santé vivent et jouent à Dieu.
Il n'est pas rare de croiser des charniers, des lieux lugubres qui vont bien avec l'ambiance générale, celle-là même qui m'a fait penser aux récits post-apocalyptique de Jean-Marc Ligny et/ou de Pierre Bordage avec cette touche de modernité en plus où la femme est mise en avant.
La fin est triste et belle à la fois, après une dernière partie éprouvante dans l'horreur. Ce n'est pas un roman a mettre entre toutes les mains car beaucoup de scènes sont déstabilisantes, soit au niveau violence ou au niveau éthique, mais je suis certain que ceux qui peuvent passer ce cap trouveront cette histoire superbe.
Pour ma part c'est un beau et grand coup de coeur !
Commenter  J’apprécie          190
Lottie et Férale sont pisteuses. Elles accompagnent les caravanes d'une colonie à une autre. Mais les yeux jaunes de Férale la font passer pour un monstre sauf pour Lottie. Quand Férule entend parler de Tonnerre, elle veut y aller pour comprendre ses origines et trouver des gens comme elle. Mais Lottie s'est jurée de ne jamais y retourner.
Le début de cette histoire nous plonge un peu dans une ambiance de western, avec ses caravanes qui vont d'un lieu à un autre au milieu du désert. Mais le post-apocalyptique se met rapidement en place, avec les maladies qui ravages les hommes, les mutations et les pluies acides. En se rapprochant de Tonnerre, l'ambiance évolue pour nous plonger dans une guérilla entre l'élite de la ville qui cherche à n'importe quel prix des remèdes aux maladies et ceux qui emplissent le bidonville autour.
Le rythme est un peu lent au début, pour s'accélérer petit au petit, rendant l'intrigue de plus en plus prenante. On lâche difficilement le roman tant on se demande où tout çà va nous mener.
J'ai beaucoup aimé les deux personnages principaux. Lottie est une femme devenu dure par son expérience, une survivante au passé douloureux qui en sait sur Tonnerre bien plus qu'elle ne l'avoue. Férale est plus sauvage, déterminée à comprendre qui elle est, touchante mais parfois agaçante, une peu comme une ado. Les autres personnages sont fouillés, avec une vraie personnalité qui les rend intéressants et leur permet d'exister dans l'histoire
Ce roman est un récit âpre, sec, empli de violence. Il prend aux tripes et n'hésite pas à faire tomber ses pions jusqu'à une fin inexorable.
Commenter  J’apprécie          150
Dans un monde où l'humanité ne réside plus que dans quelques bastions, Lottie et Férale sont pisteuses. Elles survivent en vendant leurs services de protection contre les malbêtes aux nomades en déplacement. Un jour, Férale entend parler de la cité de Tonnerre, fief de scientifiques travaillant à comprendre les mutations génétiques qui défigurent les humains, et espère y trouver des réponses quant à sa propre différence. Mais il n'est pas sûr que celles-ci lui plaisent ?

Dans Tonnerre après les ruines, on pénètre dans un monde asphyxié où la pollution a eu raison du vivant. On y rencontre une humanité finissante, rongée par la maladie. Les pluies acides ont rendu les terres infertiles retranchant la poignée d'humains dans les ruines de villes anciennes. Au milieu de ces vastes plaines arides se dresse Tonnerre, une citadelle peuplée de scientifiques qui cherchent ardemment un remède aux maux de l'humanité. Elle est un phare pour les miséreux qui s'agglutinent à son pied, parcourant parfois des milliers de kilomètres, dans l'espoir d'être sélectionnés afin de participer à des expériences visant à les guérir. Source d'espoir pour les uns ou lieu honni pour les autres, Tonnerre occupe une place centrale dans cette intrigue. Elle est une énigme à percer mais son exploration risque surtout de susciter horreur et épouvante. L'univers imaginé par l'autrice se nourrit autant du progrès scientifique que d'un légendaire oublié. Son imaginaire est très fertile. On note, par exemple, l'existence d'enfants foudre dont les corps sont parcourus par l'électricité faisant d'eux de parfaits générateurs.

Tonnerre après les ruines est un roman d'action fort bien rythmé. Les évènements s'enchaînent vite, l'atmosphère y est rugueuse et suffocante.

Floriane Soulas a fait de Tonnerre après les ruines, un roman implacable comme il sied dans un bon postapocalyptique. Elle nous dessine un futur inquiétant où l'humanité a brûlé sa chandelle par les deux bouts au point de s'être condamnée. Il est question ici de virus, de manipulations génétiques et de stérilité. La science est même érigée au rang de religion dans le sens que tous les espoirs sont placés exclusivement dans sa réussite. A ce titre, les scientifiques sont considérés comme des messies par tous ces nécessiteux qui se savent perdus. Ils en sortent grisés au point d'oublier l'éthique dans leurs démarches. Ainsi, ce choix narratif permet à l'autrice d'orienter sa réflexion sur les pratiques de la science lorsqu'elles se font au détriment du patient et pose la question de la réelle nécessité du sacrifice d'un grand nombre pour en sauver certains. de sauveur, le scientifique devient donc entre ces lignes, bourreau en nous questionnant sur ses dérives monstrueuses.

Or, cette notion de monstruosité est également au coeur de ce roman puisque Floriane Soulas a choisi de mettre en scène une humanité hybride, fruit de manipulations génétiques. Par leurs différences d'aspect, les yeux jaunes, une mâchoire démultipliée, une force et une rapidité presque animale, ces humains d'un nouveau genre incarnent bien la figure du monstre en suscitant la peur et la défiance. Pour autant, celle-ci ne se mesure pas à la difformité mais plutôt au poids des actes. En tout cas, c'est ce que Floriane Soulas nous rappelle à travers le portrait de certains de ses personnages qui, bien que mutants, dégagent un profond altruisme.

En nous décrivant une nature dévastée réduisant quasiment à néant la survie humaine, Floriane Soulas inscrit son récit dans une dimension écologique tout en y ajoutant l'idée d'une résilience nécessaire à la pérennisation des êtres vivants.

Avec ce roman, Floriane Soulas confirme qu'elle est une valeur sûre pour le genre et s'impose de plus en plus comme un nom incontournable dans le paysage des littératures de l'Imaginaire. Clairement avec Tonnerre après les ruines, elle envoie du lourd, alors attention aux secousses ! Plus sur Fantasy à la Carte







Lien : https://fantasyalacarte.blog..
Commenter  J’apprécie          110
Fin du monde - Violences - Épidémies - Tortures - Enfantement - Cannibalisme.
 
Le pitch m'avait happée mais refroidie par la plume de l'autrice dans Les Oubliés de l'Amas, j'ai longuement hésité avant de me lancer. Son texte dans l'anthologie Nous parlons depuis les ténèbres et le retour élogieux de @mariebrunelm sont parvenus finalement à me convaincre.
 
Mais cet ambitieux Tonnerre après les Ruines porte malheureusement trop de failles pour lui assurer une médaille.
 
Indéniablement l'univers est génial. Sorte de post-apo entraînant. Sombre, glauque et poisseux dans lequel on aime déambuler. Comme un bout de notre futur en mode back to the origins. Un médiéval-fantastique triste et froid qui sent bon la triade The Witcher, The Walking Dead et Frankenstein.

Malheureusement, on finit par tourner en rond dans Tonnerre et ses alentours. Et on suffoque jusqu'à l'ennui. Pourtant, au début, j'ai pris un malin plaisir à me promener dans les rues, à visiter les bâtiments laissés à l'abandon, rongés par la nature, la rouille et l'acidité de la pluie. J'ai adoré squatter dans un parking souterrain, me réchauffer grâce à un bidon brasero, vagabonder, humer les éléments dans les plaines et les forêts. J'ai aimé découvrir ce monde décimé, les contes et légendes, les garous et les salamandres.

Les personnages en revanche…
Ça feule, ça papillonne, ça s'ébroue, ça grogne, ça mord et ça gifle. Encore et encore. Comment éprouver une once de sympathie pour des personnages au comportement primitif et immature ? Qui insultent. Provoquent. Font la gueule. Entretiennent les relations amicales, familiales et amoureuses sur des mensonges et des non-dits. Pire, ça impose, ça exige et ça provoque. Et ça crie et ça frappe et ça tue. Je n'ai pas aimé leurs réflexions, les choix, les décisions, les facilités scénaristiques qui sonnaient faux et donnaient dans le surfait.
 
Alors je suis critique oui. Parce que déjà dans Les Oubliés de l'Amas les personnages avaient complètement plombé ma lecture. Et là, même rengaine. Des personnages exécrables, impulsifs, égoïstes et puérils. Sans une once de bienveillance. Identiquement en colère, calculateurs et avides de pouvoir. Leur credo commun : dominer. Impossible pour moi de m'attacher.

Insupportables aussi ces répétitions inutiles qui hérissent les poils et alourdissent le texte. Qui donnent du non-sens, parfois. Ces tirades ridicules et la familiarité parfois retrouvée comme un cheveu sur la soupe dans les échanges. Et ces erreurs syntaxiques, ces inepties et autres étourderies. Comment parvenir ensuite à se (re)propulser dans le récit ?
 
Il y a aussi eu ce côté malaisant ou des jeunes filles, des ados, « volontaires », sont mises en cloque, pour repeupler l'humanité. Cet aspect m'a dérangée. Des adolescentes qui « consentent » à être « engrossées » par de « généreux géniteurs » qui profitent de la décroissance démographique pour coucher à droite, à gauche. Franchement, y'a que moi que ça dérange cette forme « d'altruisme » ?
 
Et c'est pas parce qu'on souhaite un monde sanguinolent et à l'agonie, qu'on emploie des mots durs et bruts que le récit va soudainement devenir dérangeant et horrifique. À ce niveau-là encore un loupé pour moi et c'est dommage.
 
J'applaudis tout de même le parti pris de mettre en avant des personnages exclusivement féminins au détriment des masculins, c'est honorable et appréciable. Pour une fois la femme compte vraiment. Ce n'est pas un personnage sexualisé, secondaire ou placé tel un pion pour satisfaire l'homme.

Pour terminer sur du positif tout de même et contrebalancer mon retour, n'hésitez pas à aller lire les avis de @mariebrunelm @bulles.sfff.de.marie.d et @bookosaurus.rex qui ont, quant à elles, adoré ce roman et ne tarissent pas d'éloges à son sujet. Bizarrement mon avis est tout le contraire mais c'est aussi ça la richesse de la littérature, non ?
Commenter  J’apprécie          102
Note pour moi-même : ne plus céder aux histoires de pépites et autres merveilles, surtout quand j'ai eu l'occasion de lire l'auteur concerné sans me retrouver très convaincu précédemment.
C'est encore ce qui s'est passé avec le dernier roman de Floriane Soulas, à la hype savamment entretenue sur les rézos. Pourtant ses personnages sont restés de bout en bout de simples mots couchés sur le papier pour moi. Ils n'ont jamais pris vie. Côté style, c'est ce qui m'avait déjà échaudé dans le recueil de nouvelles d'horreur que j'avais chroniqué il y a quelques semaines et ou je trouvais que son texte était l'un des plus décevants du lot : pas d'amélioration notable. Sa façon d'écrire est lourde et tout sauf immersive. Donc entre les personnages et la plume, difficile d'apprécier ensuite l'histoire ou l'univers pseudo-apo, pas très marquant de toute façon.
J'espère quand même pour le prix Utopiales que son space op' précédent était plus convaincant mais je ne me pencherai pas dessus pour vérifier.
Commenter  J’apprécie          90
C'est un vrai coup de foudre que j'éprouve pour Tonnerre après les ruines. L'univers post-apocalyptique proposé par Floriane Soulas est original et riche et ses héroïnes sont absolument inoubliables, en particulier Férale qui apporte à l'ensemble une humanité magnifique. le roman est haletant, maintenant sur plus de 500 pages une histoire solide et accrocheuse où résonne un cri d'amour pour la liberté et pour la force des liens malgré un contexte terrifiant de cruauté où tout semble bon pour la survie.

Critique complète sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
Commenter  J’apprécie          50
On est ici dans du post-apocalyptique où le climat est devenu un danger pour les hommes, et où ces derniers souffrent d'épidémies et de mutations, accentuant encore les dangers encourus à vivre dans ce monde.

Nous suivons Lottie et Férale, deux femmes dont le travail est d'accompagner ceux qui les payent afin de les protéger durant leur voyage vers les cités encore existantes. Mais quand elles sont amenées à gagner Tonnerre, Lottie rechigne à s'y résoudre.

J'ai accroché dès les premières lignes. le texte est prenant. On sent rapidement une grande tension dans cet univers et avec les personnages. Ils cachent tous des mystères. Et on a envie de comprendre ce qui s'est passé.
Férale est particulièrement attachante. Par sa personnalité et sa manière de voir le monde, je trouve que c'est à elle qu'il est le plus aisé de se raccrocher. Lottie ne peut remplir ce rôle parce qu'on entrevoit rapidement qui elle a pu être et elle a une bien plus grande compréhension de ce monde. Au-delà de guider les caravaniers, c'est aussi Férale qu'elle accompagne dans la vie, mais en lui cachant des choses. Pour son bien peut-être, mais cela n'enlève rien à son manque de transparence.
Toutefois, il y a eu des hauts et des bas durant cette lecture. Ce n'est pas peu de le dire. Autant il y a des moments que j'ai adoré, autant d'autres me sortent presque par les yeux. J'ai l'impression que le traitement de l'univers et des personnages est inégal. Notamment à cause de la manière dont certaines informations et autres éléments dans l'action sont amenés. Sans trop spoiler, je peux, pour illustrer cela, évoquer la position de Lottie par rapport à ses anciennes connaissances vivant et travaillant à Tonnerre. Ils lui ont fait du mal, elle a fui il y a des années à cause de cela. Pourtant lorsqu'elle finit par devoir y retourner, j'ai trouvé que son retour et sa réintégration ont été acceptés très vite, tant d'un côté que de l'autre. Quand je compare au début où elle refusait catégoriquement d'envisager d'y retourner, cette rapidité sur le moment me paraît trop facile. En gros, ce sont tous les personnages de Tonnerre qui sont difficiles à cerner. Ils sont là pour questionner l'éthique autour des recherches scientifiques dans un monde où les catastrophes sont si nombreuses que certains sont prêts à tout pour les contrer. Exploitation des êtres humains, tests et méthodes scientifiques et médicaux douteux, mensonges, trahison, etc. Mais on ne s'éloigne pas vraiment de ces clichés entre sciences et religion que l'on voit dans de nombreux récits post-apo…

Ces bas dans ma lecture sont surtout des touches, des moments par-ci par-là qui m'ont fait tiquer. En soi, ils ne sont pas absolument dérangeants quand on les remet dans leur ensemble. Mais ils se remarquent sur le coup, d'où le problème qu'ils ont pu me poser.
Ce qui m'a plu au sein de ce texte, et ce qui le rend peut-être remarquable, appréciable, au-delà des idées déjà vues, ce sont les personnages plus secondaires, et particulièrement ceux qui entourent Férale. Ils sont la part chaleureuse de ce récit, à l'opposé des personnages froids travaillant aux laboratoires de Tonnerre. Ce qui les rend d'autant plus attachants. Malgré leurs positions et la violence qui les entoure, ils ne se laissent pas abattre et continuent à vivre pour ce en quoi ils croient.
Maintenant, s'il y a bien une chose qu'il faut saluer, c'est la dominance de personnages féminins dans ce récit. Au-delà des deux personnages principaux qui affichent clairement un caractère « bad-ass », sans avoir besoin d'en faire trop non plus d'ailleurs, la plupart des personnages secondaires et influents sont des femmes. Ce qui contraste avec d'autres textes de ce genre où les personnages masculins sont souvent beaucoup plus présents.

À mes yeux, sans révolutionner le genre, c'est un texte qui se lit plutôt bien et qui présente un ensemble relativement cohérent malgré des facilités un peu trop visibles.
Lien : https://lenaaupuitsdesmots.w..
Commenter  J’apprécie          40
𝑇𝑜𝑢𝑡 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑝𝑜𝑟𝑡𝑒 𝑢𝑛 𝑛𝑜𝑚 𝑒𝑥𝑖𝑠𝑡𝑒.

Dans un univers post apocalyptique ravagé par les pluies acides, les mutations et la maladie, Férale est différente. A cause de ses yeux jaunes, elle est rejetée par tous et considérée comme un monstre, même si elle peut quand même compter sur sa seule alliée, Lottie. Mais quand Férale découvre l'existence de Tonnerre, une ville où vivraient d'autres personnes aux yeux jaunes, Lottie se montre extrêmement réticente à l'idée de s'y rendre.

J'ai vraiment bien apprécié ma lecture mais je peux d'ores et déjà vous dire que ce n'est pas un roman pour tout le monde. Soyez prévenus : ce livre est extrêmement sombre !

Dès les premières pages, on découvre un univers violent, où l'humanité subsiste tant bien que mal à cause de la prolifération des maladies, la présence de malebêtes qui déciment les populations qu'elles croisent, et d'un climat des plus hostiles.

On pourrait s'imaginer que les conditions difficiles motiveraient au moins les humains à s'entraider et à faire preuve de solidarité, mais c'est plutôt tout l'inverse. le maître mot est plutôt l'individualisme, le chacun-pour-soi.

C'est dans ces conditions que nous rencontrons Férale, qui n'a qu'une envie : découvrir d'où elle vient. En cela, on peut dire que le roman est avant tout une quête identitaire même s'il ne se résume pas à ça. C'est aussi une façon pour l'autrice de s'interroger sur la figure du monstre (et comme très souvent, la monstruosité n'est pas forcément là où on l'attend).

Pas mal d'autres thèmes sont abordés dans ce roman, et tous sont assez malaisants dans l'ensemble. On parle notamment d'expérimentation scientifique, de secte et de fanatisme, de manipulation, ou encore de ségrégation. Que des sujets légers donc !

J'ai souvent été mal à l'aise pendant ce roman mais ça n'a rien d'étonnant compte tenu des thématiques abordées. Ça reste malgré tout intéressant puisque c'est l'occasion d'aborder des questions d'éthiques que je trouve toujours intéressantes.

Bien que j'ai passé un très bon moment, je ne recommande pas ce roman à tous. A vous de voir, selon vos sensibilités, si ce roman peut vous convenir ou non.

Mention spéciale pour la fin douce amère qui est très réussie !
Commenter  J’apprécie          40





Lecteurs (202) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4896 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}