J’allaitais en lisant les lettres d’Hemingway. Plongée dans les écrits masculins et solides d’un séducteur qui n’était pas mon père, je devenais une femme. Je choisissais mes écrivains robustes et beaux. Ils m’offraient une parenthèse, en me protégeant des sentiments trop envahissants.
J’ai reçu d’elle ses gestes et sa malédiction. Celle qui pousse à vouloir encore être aimée, alors qu’on ne vous aime plus. Ce désespoir dont il faut s’extirper sans croire aux retours. Elle était passionnée, intransigeante, dure. Je peux l’être aussi.
Conte de fées
Il était un grand nombre de fois
Un homme qui aimait une femme
Il était un grand nombre e fois
Une femme qui aimait un homme
Il était un grand nombre de fois
Une femme et un homme
Qui n'aimaient pas celui et celle qui
les aimaient
Il était une fois
Une seule fois peut-être
Une femme et un homme qui s'aimaient
Robert Desnos, Destinées arbitraires.
Dans Feux, "produit d'une crise passionnelle", Yourcenar exprime la souffrance d'un amour qui se défait : "Entre la mort et nous, il n'y a parfois que l'épaisseur d'un seul être. Cet être enlevé, il n'y aurait que la mort."
Je ne me range pas aux côtés des assassines, je les comprends.
Elle a levé son arme, une belle matinée de juillet. Un samedi paresseux où l'on s'apprête à ne rien faire.
Ne jamais oublier que l'on n'existe que seul, d'abord. Et parfois à deux.
- A un certain moment de sa vie, m'avait-il dit, on peut accepter de ne plus entendre chanter les oiseaux et de ne plus voir le soleil se lever.
Je ne voulais pas voir que parfois on n'aime qu'une fois.