Elle soupçonnait même s’être endormie pendant quelques secondes sans s’en apercevoir. Depuis une demi-heure, elle regardait la même page de Muchachas, de Katherine Pancol. Elle ne lisait pas. Parce que son mari envoyait des photos de son sexe à une Rousse toute nue.
C’est peut-être un cliché pathétique, mais un cliché vient toujours d’une part de réalité.
C’est triste mais c’est la vie.
Elle voulait revenir en arrière, rien que pour découvrir l’infidélité de son mari d’une manière plus originale. Elle aurait tellement préféré quelque chose de plus… différent de toutes les autres histoires d’adultère. Mais non. Ils étaient comme tout le monde.
Je ne savais pas quoi faire, à part attendre que ça passe. J’avais toujours trouvé ça plus facile que d’intervenir.
Il y avait tant de choses à voir, tant de choses à goûter, bien plus que je ne pouvais assimiler en une journée, en une semaine. J’en oubliais parfois ma propre existence, tellement je me laissais absorber.
Désormais, je ne parlais plus des bons moments que j’avais vécus, ils ne méritaient pas autant d’être mentionnés que les mauvais, ils m’avaient moins formée, juste empêchée de devenir insignifiante, et j’avais tout conjugué au passé, tournant ainsi la page de mon enfance.
Avec Simon, c’était différent, j’avais tout de suite trouvé le bon tempo, on aimait les mêmes positions – lui dessus, en missionnaire – et ça me convenait beaucoup mieux qu’avec le premier garçon parce qu’il n’avait pas la même taille ni la même morphologie.
Si on partait du principe que toutes les tragédies du monde étaient réparties équitablement entre les humains (ce qu’il valait mieux persister à croire), alors nous avions déjà eu notre tour et c’était maintenant au reste de notre génération d’y faire face.
Tinneke, cette femme forte, fière et indépendante, ne voulait pas que ses proches la regardent tomber, la voient perdre le contrôle de ses mots, de ses yeux et de ses sphincters, c’était pour elle encore plus terrible que de mourir, l’œuvre de toute une vie serait d’un coup réduite à néant.
Après tout, chez certaines personnes, le deuil n’avait lieu que beaucoup plus tard, comme ces vagues formées par le passage d’un navire et n’atteignant la rive qu’une fois le bateau lui-même presque disparu derrière l’horizon.