AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,26

sur 17 notes
5
10 avis
4
3 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il y a quelques jours, je suis tombée sur ces mots de Cécile Coulon* : "Je crois que c'est en grande partie cela le grand malheur des origines : savoir d'où l'on vient sans savoir où l'on va". de quoi ouvrir des abîmes de réflexion, quelle que soit la situation personnelle et familiale de celui qui la lit. Encore plus lorsque justement, on ne sait pas tout à fait d'où l'on vient. Lorsque les origines sont aussi floues que la photo qui orne la couverture du livre de Valentin Spitz, dont l'écriture semble destinée à faire la mise au point qui rendra l'ensemble plus net. Explorer le versant paternel comme on escalade une montagne en sachant qu'une fois arrivé au sommet, l'horizon sera dégagé, et l'avenir plus serein.

"Je veux dire que mes parents se sont aimés et tant pis si je n'étais pas là pour le voir. Imaginer, c'est vivre, et, écrire, n'est-ce pas parfois mieux que la vie ?"

C'est l'histoire d'un manque, d'une absence, d'autant plus cruelle qu'elle n'est pas totale. le père de Valentin est célèbre sur l'antenne de Fun Radio dans les années 90. le Doc conseille à l'antenne des centaines d'adolescents. On le trouve super, tendance, sympa. Mais pour Valentin, il n'est qu'une ombre, un silence, une douleur. Où va se nicher la genèse de l'écrivain... dans ces premiers carnets remplis pendant les longues heures d'attente des rendez-vous avec son père lorsque, un peu plus tard, la justice lui ordonnera d'assumer "un week-end sur deux". Des histoires inventées où le sort du père est souvent réglé de manière sanglante. Dans les lettres échangées avec sa cousine aussi. Pendant des années, Valentin va courir après ce père fantôme, jusqu'à orienter son parcours professionnel pour partager enfin quelque chose avec lui. Il y aura des moments de désespoir, de colère, mais toujours une volonté de comprendre. de connaître enfin ce versant paternel qui le constitue. Et toute l'histoire qui va avec, symbolisée par ce patronyme que Valentin s'est approprié sans en avoir légalement le droit et pour lequel il livrera une autre bataille, encouragé par son père. "Savoir d'où l'on vient", remonter le fil du temps, des guerres et des exils, débrouiller les fils de l'Histoire et des histoires. Pour enfin se tenir sur ses deux pieds. Bien équilibré. Capable à son tour d'accueillir un enfant et de lui transmettre une histoire complète.

J'ai dévoré ce récit émouvant et lumineux, qui est aussi un hommage à la mère de l'auteur, à celles et à ceux que cette quête a mis sur son chemin, à cette famille un peu plus que recomposée avec ses multiples ramifications de demi-frères et soeurs. Un récit dans lequel passe le bonheur d'un enfant aimé, celui des étés à Saint-Tropez, le souvenir de Juliette **. Un récit qui ne juge jamais, ne condamne personne mais cherche à se mettre à la hauteur des sentiments des uns et des autres. Pour l'auteur, c'est certainement une libération, la possibilité de se connecter entièrement au présent et de regarder vers l'avenir avec une nouvelle sérénité.

"(...) car rien de ce qui a existé ne peut exister à nouveau et que là réside la cruauté du réel. Notre regard d'adulte sur les territoires de l'enfance les abîme, les enrhume ; la nostalgie n'est qu'une chimère qui nous empêche de vivre. Nous écrivons pour ne pas être emportés avec elle".

* Texte de Cécile Coulon paru dans Zadig le Mag #8 "Est-on de l'endroit où on naît ?"

** cf Juliette de Saint-Tropez, roman de Valentin Spitz paru en mai 2018
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          80
Enfant, il commençait à l'écrire. Elle était un vrai personnage, elle l'accompagnait nuit et jour, en silence, en souffrance. L'absence. Ecrire était un soin palliatif.
« L'absence, c'est ce nom, S., qui jamais ne sera accolé sur cet acte de naissance, au prénom du fils, faute de reconnaissance paternelle ».

le temps de l'enfance et de l'adolescence est ponctué de rendez-vous manqués, de paroles marmonnées, de regards fuyants de ce père, par ailleurs pédiatre célèbre sur les ondes d'une radio qui s'adresse avec emphase aux ados.
C'est en déroulant le fil d'Ariane que Valentin va libérer la parole de son père en partie enfouie sous les traumatismes de l'Histoire. L'écriture, libératrice, plus que jamais présente, va s'imposer et nouer la relation.

Ce bref résumé est loin de refléter la profondeur de ce récit. Si d'autres écrivains et psychanalystes ont déjà écrit sur la famille recomposée, le récit de la bataille que livre Valentin pour renaître, tout empreint de pudeur, est particulièrement émouvant. Il ne tombe jamais dans la facilité des accusations ou du jugement, il cherche à se positionner lui-même dans cet espace entre lui et son père où l'amour ne parvient pas à circuler, jusqu'à fendre l'armure.

Dans cette situation de rejet ou plutôt, de non-acceptation, les liens entre lui, ses demi-frères et soeur, leur mère, ne se construisent pas d'une façon linéaire. L'émotion est vive lorsque, grands ados, ils se retrouvent et expriment mutuellement leurs sentiments. A ce moment, l'écriture devient poésie.
Ce récit, construit à l'image des soubresauts des relations et des méandres de la communication, m'a beaucoup touchée.
« Pourquoi l'amour n'a-t-il de valeur que par l'absence ? »
Commenter  J’apprécie          40
Un fils sans mémoire, c'est le récit que fait Valentin S., fils d'un célèbre docteur ayant officié à la radio, de leur relation.
C'est le récit d'une absence, d'une difficulté à trouver sa place auprès de l'homme qui vous a donné la vie, mais également à trouver sa place dans une famille, en tant que fils, petit-fils, frère...

C'est suivre le fil conducteur d'une demande de changement de nom, afin de relier la personne que l'on est dans la vie publique à la personne que l'on est pour l'état-civil, afin de relier son histoire à celle de son père.

C'est aussi un fils qui court après son fantôme de père, le rattrape parfois, pour le perdre à nouveau, un fils qui l'admire, l'aime et le hait, sans parvenir à lui dire, un fils qui emprunte des chemins détournés pour lui parler, et qui écrit les réponses qu'il aurait aimé entendre.

Ce qui m'a frappée dès les premières lignes, c'est la sincérité que j'ai ressentie dans les mots de Valentin Spitz, ces fêlures d'enfant qui ne se résorbent pas, cette quête d'un père.

Un récit émouvant, servi par une très belle plume, une belle découverte.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (51) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1430 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}