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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comment se crée une légitimité lorsque tout porte à croire que l'on existe pas, puisqu'exister c'est s'identifier dans le regard des autres ? Ce sont les autres qui vous inscrivent dans une histoire, une lignée.

Or l'ironie du sort a voulu que cette demande obsessionnelle d'une reconnaissance de son père (même si elle existait sur les papiers) s'adressait à un homme connu et même célèbre pour l'aide qu'il pouvait apporter à un grand nombre d'enfants de tous âges et spécialement les ados, puisqu'il s'agit du Doc de fun radio !

Le premier combat et non des moindres fut celui du nom de famille , utilisé depuis toujours en pratique mais ignoré des services administratifs : quête laborieuse, course d'obstacle ressentie comme injuste :

« Pourquoi mes parents n'ont-ils pas, une fois leur longue guerre judiciaire achevée, régler les choses ? Pourquoi est-ce à moi de me battre une nouvelle fois pour porter ce nom officiellement ? Pourquoi dans cette famille rien n'est simple ? »

L'accueil dans la famille recomposée, les innombrables attentes d'un père qui ne vient pas, l'absence d'échanges, les questions sans réponses, émaillent cette enfance presque fantomatique. Mais l'enfant puis l'homme sont pugnaces et plutôt que d'abandonner cette lutte, Valentin cherche à comprendre. En s'interrogeant sur les racines de ce problème de communication massif, que ne laissent pourtant pas apparaitre les interventions radiophoniques du célèbre Doc ! Et ce qu'il découvre dans l'histoire familiale peut expliquer les choses.

Ce qui est très fort, dans ce livre, c'est la détermination, non pour pardonner, mais pour que le cours de l'histoire familiale se modifie. Pour que les erreurs soient reconnues mais surtout pour que le lien se fasse malgré les impasses relationnelles. le père fut absent, soit. C'est cette absence qui contribue à la reconstruction.

« Il m'a construit de son absence ; il n'existait pas, alors je l'ai écrit. C'est parce qu'il n'existait pas que j'écris. Malgré lui, il m'a appris à faire cesser le silence, à ne plus « fermer sa gueule ».

Magnifique combat d'un fils, qui s'est obstiné à se faire une place dans sa famille.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Je n'aime pas particulièrement en littérature les fils de.

Ils m'agacent.

Pourtant, ici, en l'occurrence, c'est un fils sans. Qui devra faire avec.

Valentin Spitz, dans ce roman, cesse de se cacher derrière des héros de papier et se livre, comme on grandit au fil des pages.

C'est le roman d'un homme, droit dans ses bottes, qui se raconte et retrouve l'enfant qu'il fut au hasard d'un roman bouleversant tant il est sincère.

C'est l'histoire d'un petit garçon qui attend son papa, icone des années 90 sur les ondes des radios libres. le Doc. C'est l'histoire d'un homme qui se construira sans mémoire et qui apprendra pourtant à aimer cet homme qui lui a donné la vie.

C'est l'histoire d'un chemin parcouru, de cailloux semés sur ces route pavées de belles prétentions, qu'il devra finir par ramasser pour trouver sa propre voie.

C'est une voix, en littérature, que j'écoute déjà depuis plusieurs ouvrages, et qui chaque fois, me touche par la justesse des mots.

Sans en faire trop, Valentin Spitz entrouvre ces portes, entre enfance cabossée et vie d'homme, sans qu'on ne puisse jamais lui lâcher la main.

Un coup de coeur, un roman courageux, délicat et percutant. Un roman, comme les pièces éparpillées d'un puzzle.

En littérature, rien ne me touche plus que cette forme de sincérité absolue, coûte que coûte. Sans masque. Sans effet de style. Juste pour se dire. Pour ne pas se taire. Sans misérabilisme lacrymal. Sans fausse impudeur.

C'est une histoire vraie, c'est une histoire réinventée, celle d'un fils sans papa, celle d'un homme qui pardonne, qui avance, et qui aime, pour avoir un nom. Une quête d'identité. Forte et fragile.

Merci Valentin de livrer ainsi un si beau roman. Celui d'une quête intime et universelle à la fois.

Merci pour le coeur, le vrai et pour la beauté de cette vérité là.

Lien : https://labibliothequedejuju..
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L'absence. L'absence d'un père, pourtant père fantasmé par de nombreux adolescents des années 90... Premier roman de Valentin Spitz publié sous le patronyme paternel. Quelle belle écriture émouvante et fluide. Un vrai bel hommage à son père tout en arrivant à écrire ce qu'ils n'ont pas su se dire. Très beau.
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Coup de coeur pour ce roman qui retrace l'absence d'un père pour un fils qui a tenté à plusieurs reprises de se mettre dans ses traces espérant le trouver, lui parler, qu'il lui parle.
J'ai eu un peu peur dans les premières pages de ne pas accrocher à l'écriture mais finalement je me suis laissée embarquer par le style et le fond.
Au fil des pages, on voit Valentin grandir faire avec et faire sans, se construire, tentant de comprendre, de se faire voir, que la rencontre entre lui et son père se fasse, que son père advienne.
Un très beau roman
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Un fils sans mémoire décrit en détail la relation entre deux hommes qu'unissent des liens de paternité complexes. Alors que le fils s'apprête à devenir père, il affronte ce qu'il a toujours fui. le silence. La présence absente. L'absente présence. le père est une star de la médecine. Il anime une émission de radio dans les années 90. Il est présent partout. le doc conseille, le doc écoute. le doc parle beaucoup. À tous. Sauf à lui. Fils d'abord non reconnu. Fils auquel il s'impose par la suite. La toute-puissance paternelle qui exprime une vérité : les cordonniers sont les plus mal chaussés. Parce qu'à la lecture de ce récit romancé, on peut facilement vérifier l'adage.

Face à ce père, le fils peine à trouver les mots qui se bloquent et laissent place à de longs silences. Une chose m'a frappée : alors qu'il est totalement absent de l'intimité de son fils, le père est présent partout. Dans les émissions qu'il écoute, sur les plateaux des programmes télévisés qu'il regarde. Et tout à coup, surgit cette vérité qui dépasse la situation biographique décrite. À l'âge où l'on se cherche, où l'on cherche une identité, entre l'enfance et l'âge adulte, la figure de nos parents, quoiqu'omniprésente semble souvent nous échapper. Et c'est à ce moment précis que Valentin Spitz réussit son pari. Peu importe la relation personnelle qu'il entretient avec son père, s'il aime manger des crevettes, jouer à la pétanque, peu importe s'il est vraiment allé dans ce mas provençal, emprunté les grands boulevards, peu importe ses activités, peu importe la réalité vécue, le récit prend une dimension cathartique qui dit une vérité. Celle d'un père qui parle mais n'écoute pas, et celle d'un fils qui passe son temps à écouter sans pouvoir parler.

Clé de voute du récit, la chasse au nom. Valentin doit se marier. Il veut changer de nom et adopter celui de son père. Véritable fil d'Ariane, la quête du nom permet l'ouverture du dialogue. Et la réhabilitation de la parole. À travers la verbalisation du patronyme, c'est toute la question de la filiation qui est en jeu. Une question épineuse et complexe qui anime la littérature depuis l'antiquité, peut-être parce qu'elle révèle une aporie encore plus profonde, celle de l'identité. de ce point de vue, j'ai trouvé la forme du récit au service du fond.

Un fils sans mémoire est un récit fragmentaire. Valentin Spitz navigue entre les événements, les époques et maintient un rythme, un souffle. C'est une forme très étonnante, parce qu'elle permet au lecteur, à la lectrice de se laisser imprégner, de se reposer, tout en avançant. de ces petits fragments, l'auteur construit petit à petit l'image d'ensemble, sans jamais nous perdre.

Rien ici n'est linéaire, tout comme le sont nos souvenirs qui s'éparpillent. Tout comme le sont aussi les relations qui s'émiettent et se brisent. Résultat, Valentin nous offre une composition haletante qui nous maintient éveillé, comme la confidence que nous ferait un ami, un soir, autour d'une bière. Et c'est peut-être là toute la magie du « je ». Parvenir à dire sa vérité dans une introspection romanesque parce qu'universelle.

En résumé, un récit salvateur qui saura séduire par sa sincérité, sa pudeur et son honnêteté.
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« Ce livre raconte cette histoire. Comment un fils est parvenu à aimer son père. »
Valentin Spitz, dans un récit intime, nous parle de sa famille et plus particulièrement de l'absence de son père. « Je me suis souvent demandé dans ma vie comment expliquer l'absence. Enfant, je pensais que c'était ma faute. Que j'étais un mauvais petit garçon. »
Il vit avec sa mère, qui l'envoie chaque été chez sa soeur dans le sud de la France. Il y passe toutes ses vacances avec sa cousine Jeanne. Il écrit des lettres à sa mère, restée à Paris pour travailler. le roman alterne ainsi avec des lettres de sa cousine et de sa mère. Et là encore, même constat, il y a reçu beaucoup de lettres, sauf de son père.
Mais qui est-il ce père ? C'est le Doc, celui qui passe à la radio, Christian Spitz. « Assez vite, les autres, ses auditeurs, ses téléspectateurs, l'ont connu mieux que moi. »
Et puis soudain vers l'âge de 11 ans, son père apparaît dans sa vie. Sa voix est différente de la radio, plus froide, « il irait désormais un weekend sur deux chez lui ». Son père n'est jamais à l'heure, toujours à l'hôpital pour une urgence. Dans ces moments d'attente, il écrit des petits romans.
« Pour me souvenir de ces années « avec » mon père, je suis obligé de regarder sa biographie sur wikipédia ; ma mémoire familiale est ainsi, indexées au temps de sa lumière. »
Père et fils n'arrivent pas se parler. Entre eux il n'y a pas de complicité, que des silences et de la gêne. Valentin ne se sent pas intégré à la famille, il n'y a pas de place pour lui chez son père. Il décide alors d'écrire au juge et demande de ne plus aller chez son père. Ce dernier le vit comme une trahison. Ce n'est que vers ses 15 ans qu'il reprendra contact avec lui. Son père lui manque. Il retourne alors sa colère vers sa mère et la tient responsable de la situation. Il faut dire qu'il était un objet, un otage entre ses parents.
A sa petite amie qui lui dit qu'elle ne le connaît pas, qu'elle ne sait pas ce qu'il ressent, il se livre alors :
« Je lui ai raconté que, lorsque j'étais enfant, ma gorge se nouait. Les mots ne sortaient plus, je m'étouffais. Il suffisait que j'aie à entendre la voix de mon père au téléphone pour que l'angoisse m'envahisse. […] A l'école, quand je devais prendre la parole, ou au sport, partout, j'étais hanté par une conviction inaltérable : le monde ne m'aimait pas. Je ne valais pas assez pour être reconnu de lui. Ma sensibilité était si exacerbée que le moindre mot, le moindre geste me faisaient vaciller. Pendant des années, j'avais combattu cette violence intérieure. »
En 2017, il effectue des démarches pour porter officiellement le nom de son père : « Derrière chaque demande de changement de nom, il y a un roman qui sommeille, des années de silence sans doute, de larmes réprimées, de luttes, tout cela résumé en trois lignes sur un journal. »
La quête de son nom et la possibilité de devenir père éveillent en lui un nombre infini de questions. Il ne veut pas transmettre des silences.
« Reste l'absence, l'absence, c'est ce qui jamais ne s'effacera. C'est ce qui me fait craindre parfois de faire comme lui un jour. Fuir. »
Il y a aussi ces moments incroyables lorsqu'ils écrivent un livre ensemble, un dialogue père-fils sur l'éducation et la psychologie des enfants (« Eloge de l'imperfection parentale » paru en 2019). Il apprend alors par bribes pourquoi son père est si « avare de mots et d'amour ». Son père lui parle de son propre père, un homme autoritaire, médecin lui aussi.
« Mon père était très mystérieux, tu sais. le non-dit, chez lui, c'était sa façon de régler le problème. »
Valentin veut en savoir plus sur son histoire familiale. Il part en Autriche faire des recherches. Pour vous résumer rapidement, voici les jalons de cette histoire : l'exil vers l'Alsace au XVIIIe siècle, le déracinement, les fuites répétées, la conversion au catholicisme, la 1e et 2nde guerre mondiale, le nazisme, l'amputation (« comment tout cela nous avait marqués d'une trace invisible ? ») et le mythe du « juif errant ».
« En vérité, on fait tous comme on peut, on tâtonne dans l'obscurité avec nos blessures, on trébuche ; on essaie de vivre. »
Dans ce roman, il parle aussi de son rapport à l'écriture et des différents romans qu'il a écrits ; un homme qui fuit, tourne autour du sujet qui le concerne. « Je crois qu'on écrit d'abord pour deux ou trois personnes, autour de nous. Dans la solitude du roman qui naît, on pense à eux. On espère les toucher, on espère qu'ils comprendront. Mon père fut toujours mon premier lecteur imaginaire.
Je sens aujourd'hui qu'il est fier de chaque ligne que je publie. Il les envoie à toute la famille et me demande de les dédicacer. »
« Ce livre, je ne voulais pas l'écrire, pourtant au moment de le conclure je mesure à quel point il m'a libéré de ce que j'étais et m'a permis de devenir qui je suis.
N'est-ce pas cela au fond, écrire ? »
Quand il donne la première version de ce texte à son éditrice, elle lui répond qu'il est passé à côté du texte : « tu me fais penser à un petit garçon qui se cache sous des dizaines de couvertures et qui finit par s'étouffer lui-même ».
Ce roman raconte la vie de ce petit garçon blessé. C'est sincère et touchant. J'ai beaucoup aimé ce récit intime.
Merci à Netgalley et aux éditions Stock pour cette lecture.

Lien : https://joellebooks.fr/2021/..
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Un livre plein d'émotion et de sincérité. Un fils sans mémoire, un fils qui souffre de la solitude et des non dits de son père. Peut-on être un bon père quand la présence du père a manqué? Peut-on donner de l'amour quand celui ci a également manqué?
Merci à l'auteur pour ce roman magnifique bourré d'humilité et de sincérité.

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Un roman à caractère autobiographique,inspiré de la propre vie de l'auteur ,Valentin spitz .
La difficulté de vivre avec un père complètement absent pour lui,mais célèbre et qui parlait à tous les adolescents de France à la radio ! Cette absence occupait trop de place ,et était culpabilisante , car
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🖤🖤BOULEVERSANT 🖤
Avec une plume sensible, Valentin nous offre un récit intime, si déchirant, si triste sur le manque et l'absence de son père. On le voit grandir, en s'adaptant, en cherchant toujours la reconnaissance de celui-ci, devenir un homme, réussir à se construire, à affronter son histoire pour avancer et pardonner. Comme mon coeur de maman a souffert pour ce petit garçon... Ce livre aura été nécessaire à Valentin et à son père pour se trouver enfin ! Et j'en suis très heureuse pour eux...mieux vaut tard que jamais...d'avoir le bonheur de partager des moments entre père et fils et surtout de pouvoir porter son nom ⭐️
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Comme souvent, quand un roman m'a touché en plein coeur comme ça, j'ai du mal à trouver les meilleurs mots pour le décrire. J'ai terminé ce livre au bord des larmes.
Un fils sans mémoire, c'est une histoire de famille. de familles. L'histoire d'un père et son fils. L'histoire d'un chemin de vie. L'histoire d'une absence. L'histoire de silences. C'est un puzzle de souvenirs qui s'emboitent. Ceux d'un enfant, d'un homme. Un morceau a d'ailleurs fait particulièrement écho dans ma propre mémoire, l'auteur étant de la même génération que moi. Je me suis souvenue moi aussi où j'étais, ce que je faisais au même moment. Ça a donné une autre dimension à l'histoire, dimension que même l'écrivain ne peut prévoir, dimension qui varie en fonction du lecteur et je trouve que c'est une magie supplémentaire au milieu des mots.
Je ne peux que conseiller cette plume sensible, sublime, ces mots simples et sincères si vous ne la connaissez pas.
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