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Critique de fanfanouche24


Un très fort moment de lecture et la joie de découvrir cet écrivain-journaliste, encore jamais lu...

La citation en exergue, à elle seule, en dit déjà fort long sur le ton et les thèmes centraux de ce roman: la misère du peuple, l'exploitation des plus faibles, et toutes les violences policières mais aussi des puissants, en période de profonde crise économique, sociale... Cela me donne, en plus, l'envie, de lire , avec une attention accrue...le texte de Dickens, "Les Temps difficiles" !!!
"On sait, à une livre près, ce qu'une machine peut produire, mais je ne connais aucun expert aux services de la Dette nationale capable d'estimer la quantité qu'il y a, à chaque instant, de bien ou de mal, d'amour ou de haine, de patriotisme ou de mécontentement, de désintégration de vertu en vice ou l'inverse, dans la larme d'un seul de ces braves ouvriers au visage impassible et aux gestes bien réglés. Cette machine n'a pas de mystère ; mais il y a un mystère insondable chez le plus insignifiant de ces gens. "Charles Dickens-'Les temps difficiles' (1854)


Dans les années 1860, dans un Londres où les "miséreux" crevant de
faim ,augmentent sans cesse, Sébastien Spitzer prend le" pouls d'une époque où la toute- puissance de l'argent brise les hommes, l'amitié et l'espoir de jours meilleurs." [4e de couv. ]

On traverse cette fresque en suivant les travaux de Karl Marx, l'aide financière sans faille de son ami, Engels, différents personnages attachants, dont l'émigrée Irlandaise, Charlotte...
qui se débat dans les épreuves , pour survivre dans cette misère généralisée, grandissante...
Elle recueille par la force des circonstances, après avoir tragiquement perdu son bébé, un autre bébé, un petit garçon, enfant illégitime de Karl Marx...dont elle prendra soin avec un amour indéfectible...

A travers Charlotte, ce sont tous les "pauvres" de la terre,symbolisés...écrasés par les injustices sociales, lors de crise économique profonde.

Si Charlotte , en dépit de sa pauvreté et de sa lutte pour survivre avec son petit garçon, Freddy, grandit à nos yeux, au fil du récit... le théoricien, et philosophe, Karl Marx, n'en sort pas, lui, grandi !!!

Sans oublier les grandes figures de penseurs de l'époque, Charles Fourier, Charles Darwin, Abraham Lincoln, etc. La petite histoire et la Grande Histoire réunies !!!

Un récit au rythme nerveux, où il n'y a pas le moindre vide... ou rupture de narration !

"En Irlande, quand la fièvre de la famine répandait ses dais noirs, Charlotte a vu tous les membres de sa famille se presser devant les portes de ces sociétés-là. Société philanthropique du secours à l'Irlande.
Société philanthropique des quakers de l'Est. Société philanthropique protestante. Ils étaient des milliers à s'y rendre, crevant de faim et de peur, le visage marqué par la malaria, infestés de gale et de poux, cloqués, fuyant leurs champs en ruine parce que le champignon avait tout saccagé.
Le mildiou. Philanthropie.
Quelle blague !
C'est cette philanthropie qui offrait des savons pour que les pauvres crèvent propres.
Pour chasser le choléra.
Maudite philanthropie !"

Un ouvrage poignant, réaliste... qui me rappelle une lecture irlandaise fort lointaine, "Famine" de O'Flaherty..., qui m'avait très durablement marquée...

"Londres est la ville-monde immonde. Ses rues sentent l'exil et la suie, le curry, le safran, le houblon, le vinaigre et l'opium. La plus grande ville du monde est une Babylone à bout, traversée de mille langues, repue de tout ce que l'Empire ne peut plus absorber. Elle a le coeur des Tudors
et se gave en avalant les faibles. Et quand elle n'en peut plus, elle les vomit plus loin et les laisse s'entasser dans ses faubourgs sinistres."

Une fresque historique et sociale, où nous apprenons beaucoup, vivant au fil des émotions, des drames des personnages. Un temps de lecture, totalement captivant, addictif... !!
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