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Critique de Little_stranger


Son premier roman m'avait enthousiasmé et le second confirme et j'en suis très heureuse. Après « ces rêves qu'on piétine », voici le coeur battant du monde et ici, c'est celui de l'Angleterre victorienne, celle de l'industrialisation, de la manufacture du coton et des filatures. D'un côté, ceux qui s'enrichissent et de l'autre, les ouvriers et ouvrières.
Le roman « Nord et Sud » d'Elizabeth Gaskell m'avait déjà donné une idée de cet univers qui m'intéresse pour des raisons familiales, sachant que les auteurs de l'époque et l'époque me passionnent également. Mais en tout premier lieu, c'est le visage d'angelot de ce gamin sur la page de couverture qui m'a accroché : comme quoi, c'est important la page de couv …
Au milieu de cette révolution industrielle et économique âpre, voici le fils inconnu de Karl Marx, époux d'une baronne, jouisseur invétéré, auteur du « capital », grand vishnou du communisme, mais appréciant le luxe des belles maisons, les amours ancillaires, les cigares, soutenu de façon indéfectible par son épouse. Parce qu'il a, oh combien naturellement couché avec la gouvernante, Hélène (là, pas de défense des travailleuses et de respect de l'autre surtout le petit personnel), celle-ci se retrouve enceinte à la grande colère de Mme Marx (née Johanna von Westphalen), dont le seuls fils Marx officiel, a une santé fragile et mourra d'ailleurs jeune.
Marx va donc confier à son ami et disciple dévoué, Engels, le soin de régler le problème. Engels, qui est à l'aise financièrement, grâce aux filatures qu'il dirige à Manchester (lui, il bosse …), va trouver dans un simili « médecin », un soutien de poids. Ce médecin accessoirement dealer de drogues type opium, va délivrer la mère de l'enfant et le confier à une jeune femme, immigré irlandaise, Charlotte, qui vient de perdre le sien alors qu'elle était enceinte, dans une agression. Et c'est ainsi que le fils de Karl non officiel, Frederick, dit Freddy, fut élevé par une « bonne maman » qui fit tout ce qu'elle pouvait pour lui donner une bonne éducation, même si cela impliquait la prostitution pour elle dans des conditions qui vont se dégrader en fonction de son âge et de la perte de sa beauté. Cette maman exceptionnelle que va vénérer va malheureusement mourir, tuée par un des sbires du frère de Mme Marx. Car Mme Marx a un frère qui porte à sa soeur, un amour aux limites de l'inceste : il n'a pas supporté son mariage avec Karl et la naissance de son garçon issu des amours ancillaires de Karl, l'insupporte au dernier degré étant donné que Jenny Marx est d'une lignée très fière de son couronne. Proximité d'autant plus insupportable, que l'une des filles de Karl est tombée amoureuse de celui qui est son frère en le croisant régulièrement au parc de Hampstead Heath.
Après la mort de sa bonne maman, Freddy va s'engager dans les fenians, la lutte pour l'indépendance de l'Irlande, comme un hommage à sa maman et un pied de nez magistral à son géniteur, qui lui ne s'engagea jamais dans l'action et se contentera de théoriser (c'est moins salissant). Freddy finira par retrouver le tueur de sa mère et lui réglera son compte après moults péripéties.
Un portrait très ironique de l'auteur du « Capital », qui veut la révolution du peuple, du moment que lui, a un statut privilégié et qui n'hésitera pas à oublier Engels, grand pourvoyeur de fonds grâce à ses manufactures (l'argent devient propre dans les mains de Marx) et qui n'aura même pas l'aumône d'une dédicace dans l'écrit majeur de Marx, qui le dédiera à un noble inconnu qui lui a fait don de sa fortune.
Du souffle, de l'action, un style d'écriture mordant et tendre à la fois, ce roman est un superbe moment de lecture.
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