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Citations sur Si je t'oublie (13)

C'est à 10h 23 très exactement que le corbillard est sorti de la morgue de l'Institut Montsouris. L'atteste la photo (horodatée) que j'ai prise alors que je me trouvais dans le véhicule. On y voit, à travers le pare-brise, la grille ouverte avec accroché dessus le panneau « Livraisons » et, plus loin, les tourelles Art nouveau surplombant le Grand Réservoir de la Ville de Paris. Dans le rétroviseur, plus patibulaire que jamais, avec sa coupe de cheveux en brosse et ses lunettes noires, le chauffeur/croque-mort asiatique est au volant. Nous transportons donc le butin d'un braquage : Aude. Sa dépouille mortelle du moins (« Je ne verrai plus ton visage, ma cocotte, mais je te sens encore, là, à mes côtés, présente, dans le coffre de cette voiture »). Demain on la brûlerait au Père-Lachaise.
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A l'occasion d'un décès:

"L'homme moderne a une "double vie", de lui mal soupçonnée, cachée dans les lieux d'archives, dans la mémoire des ordinateurs. Une vie fantôme ponctuée de chiffres, de dates, de bulletins de salaire, relevés de compte bancaires...Une vie abstraite"p.13
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Bien que son cœur eût cessé de battre, la persistance de son existence charnelle, de ce corps froid pesant toujours sur la surface du globe, me la rendait dans une certaine mesure, et mystérieusement, encore « présente ». Quelqu'un, me dit-on, viendrait me trouver dans la chambre pour « régler » les problèmes d'ordre administratif concernant sa « dés-hospitalisation » (sur un formulaire, à la question « raisons de la dés-hospitalisation », on avait coché pour moi le mot « décès »). Je devrais me rendre ensuite « à la caisse » et payer, comme au restaurant, « l'addition ».
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Une sorte de machination, ourdie dans mon dos, avec de bonnes intentions sans doute, avait donc tout mis en place pour que s’organisassent mes épousailles… Notaire, mariage, testament, dossier à clôre à la Sécurité sociale… tout ça, comme les vagues rabattant le nageur vers la plage (la « terre » !), me renvoyait implacablement aux inéluctables bassesses de l’Humaine Condition. À ce que toute ma vie j’avais voulu fuir ! Par la Littérature, entre autres.
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Lorsque j’étais étudiant, j’avais esquissé sur notre relation un court récit dont le titre, emprunté à Baudelaire, résumait de façon fulgurante la situation : Duellum. Un duel, un combat amoureux fratricide. Make love not war, clamait-on à l’époque (c’étaient les sixties). Mais l’amour n’est-il pas une sorte de guerre ? Plus encore, c’étaient les vers de l’Héautontimorouménos, du même Baudelaire, qui, à mes yeux, alors, exprimaient le mieux cet amour délétère qui fut le nôtre : « Elle est dans ma voix la criarde/ C’est tout mon sang ce poison noir/Je suis le sinistre miroir/ Où la mégère se regarde/ Je suis la plaie et le couteau… / Et la victime et le bourreau. »
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Perdre une personne qu’on n’a pas su aimer est peut-être plus accablant que d’en perdre une qu’on a toujours adorée. Parce qu’à la douleur de la séparation se mêle un sentiment de culpabilité. Je n’ai pas aimé Aude au départ. Mais l’amour, d’abord absent, s’était construit et fortifié à mesure que se perpétuait notre relation, à travers la complexité des méandres de la carte du Tendre.
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Cette idée m’assaillait en leitmotiv, comme des vagues le rivage : Elle était là. Elle n’est plus là ! Jamais sans doute n’avais-je à ce point approché le mystère de ce verbe : ÊTRE. Elle était là, elle n’est plus là ! Elle n’était plus que cela, ça, cette chose. Ce corps mort. Mais le sujet même de cette sentence (« elle ») était désormais superfétatoire, puisqu’ « elle » n’en était plus un, et pour cause, de Sujet, et surtout pas du verbe « être ». Les morts ne parlent pas. Ils sont, à la rigueur, ce dont on parle. Des tiers absents. Elle avait retrouvé le monde (ou le néant) qu’elle avait tant chéri, celui des objets : devenant objet parmi les objets, chose parmi les choses. La marchande avait rejoint ses marchandises sur l’étal de son stand d’antiquaire aux Puces de Saint-Ouen (marchandises qu’il me faudrait d’ailleurs, plus tard, vendre à l’encan en salle des ventes). Pourtant, m’allongeant sur le bat-flanc de la fenêtre, parallèle au lit, en reprenant cette pose de bouddha couché que j’avais si souvent adoptée pour lui tenir compagnie, pendant sa maladie, et la contemplant, immobile, et désormais muette, j’avais le sentiment – encore : car ce sentiment ne durerait que quelques jours, ou quelques heures ? – qu’il subsistait d’elle on ne sait quoi. Qu’elle était toujours là, ne serait-ce qu’à l’état de trace. D’ombre ! Que l’un et l’autre nous restions liés par d’immarcescibles ondes, par je ne sais quel charme secret – envoûtés.
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Enfant, un film de Hitchcock m’avait fasciné, dont le titre, s’il m’en souvient, était Soupçon : tout au long de ce film, le spectateur, comme l’actrice jouant le rôle d’une femme mariée, craint que l’époux de celle-ci ne l’assassine. Une scène fameuse se passe au bord d’une haute falaise où les deux acteurs se tiennent debout… Un seul geste du mari eût suffi pour précipiter la femme sur les écueils, en contrebas, où se brisaient des vagues déchaînées. J’avais vu ce film avec ma mère, en Algérie, âgé de dix ans peut-être. Et sans doute, à l’époque, était-ce cette mère qu’inconsciemment je désirais, sans le désirer vraiment, balancer dans l’abîme.
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J’éprouvais, vertigineusement, le sentiment, schizophrénique, d’évoluer dans un monde de décors, d’être l’acteur d’une pièce de théâtre, si banale au fond, puisqu’elle est le lot de tous, dont nul ne connaît l’occulte auteur. Cette « comédie du mariage », particulièrement, approfondissait la dimension tristement bouffonne du rôle dont je ne pouvais dire que je le jouais, puisque pour jouer il faut être deux, le personnage et celui qui l’interprète.
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Les enfants du juif et du nazi s’aimaient en s’entredétruisant.
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