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Citations sur Le Consentement (482)

Ce soir là, le livre que j'avais apporté et que je lisais dans le petit salon, c'était Eugénie Grandet de Balzac, qui devient, à la faveur d'un jeu de mots resté longtemps inconscient, le titre inaugural de la comédie humaine à laquelle je m'apprête à participer : "L'ingénue grandit".
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Depuis tant d'années, je tourne en rond dans ma cage, mes rêves sont peuplés de meurtre et de vengeance. Jusqu'au jour où la solution se présente enfin, là, sous mes yeux, comme une évidence : prendre le chasseur à son propre piège, l'enfermer dans un livre.
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Lorsque je traverse encore des phases de dépression ou des crises d'angoisse irrépressibles, c'est souvent à ma mère que je m'en prends. De façon chronique je tente d'obtenir d'elle un semblant d'excuse, une petite contrition. Je lui mène la vie dure. Elle ne cède jamais, cramponnée à ses positions. Lorsque j'essaie de la faire changer d'avis en désignant les adolescents qui nous entourent aujourd'hui: Regarde, tu ne vois pas, à quatorze ans à quel point on est encore une gamine ? elle me répond : ça n'a rien à voir. Tu étais bien plus mûre au même âge.
Et puis un jour où je lui fais lire ce texte, alors que je redoute sa réaction plus qu'aucune autre , elle m'écrit : Ne change rien. C'est ton histoire.
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Quand j'annonce à ma mère que j'ai quitté G., elle reste d'abord sans voix, puis me lance d'un air attristé: "Le pauvre, tu es sûre? Il t'adore!"
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Les écrivains sont des gens qui ne gagnent pas toujours à être connus. On aurait tort de croire qu'ils sont comme tout le monde. Ils sont bien pires.
Ce sont des vampires.

C'en est fini, pour moi, de toute velléité littéraire.
J'arrête de tenir mon journal.
Je me détourne des livres.
Plus jamais je n'envisage d'écrire.

Page 175
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Après la lecture de ce livre, j'ai le sentiment profond d'une existence gâchée avant d'avoir été vécue. Mon histoire est biffée d'un trait de plume, consciencieusement effacée, puis révisée, réécrite noir sur blanc, tirée à des milliers d'exemplaires. Quel rapport peut-il bien y avoir entre ce personnage de papier créé de toutes pièces et ce que je suis en réalité? M'avoir transformée en personnage de fiction, alors que ma vie d'adulte n'a pas encore pris forme, c'est m'empêcher de déployer mes ailes, me condamner à rester figée dans une prison de mots. G. ne peut l'ignorer. Mais je suppose qu'il s'en moque éperdument.
Il m'a immortalisée, de quoi pourrais-je me plaindre?

Page 175
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Plus tard, avec un peu plus de maturité et de courage, j'opterai pour une stratégie différente: dire toute la vérité, avouer que je me sens comme une poupée sans désir, qui ignore comment fonctionne son propre corps, qui n'a appris qu'une seule chose, être un instrument pour des jeux qui lui sont étrangers.
Chaque fois, la révélation se soldera par une rupture. Personne n'aime les jouets cassés.

Page 164
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Quand j'annonce à ma mère que j'ai quitté G. elle reste d'abord sans voix, puis me lance d'un air attristé: « Le pauvre, tu es sûre ? Il t'adore !»

Page 155
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La folie me guette lorsque, pendant les rares moments que je passe encore en classe, je me compare à mes camarades qui rentreront sagement écouter leurs disques de Daho ou de Depeche Mode en mangeant un bol de céréales tandis qu'à la même heure je continuerai à satisfaire le désir sexuel d'un monsieur plus âgé que mon père, parce que la peur de l'abandon surpasse chez moi la raison, et que je me suis entêtée à croire que cette anormalité faisait de moi quelqu'un d'intéressant.

Page 147
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Son nom est Denise Bombardier, c'est une auteure canadienne. Elle se dit scandalisée de la présence sur une chaîne de télévision française d'un personnage aussi détestable, d'un pervers connu pour défendre et pratiquer la pédophilie. Citant l'âge des fameuses maîtresses de G.M. (« 14 ans !» ), elle ajoute que dans son pays, une telle aberration serait inenvisageable, que chez elle, on est plus évolué quant au droit des enfants. Et comment s'en sortent plus tard toutes ces filles qu'il décrit dans ses livres ? Quelqu'un a-t-il pensé à elles ?

[...]
Fin de partie. L'écrivain célèbre a gagné face à la virago qui passe sur le moment pour une mal-baisée, jalouse du bonheur de jeunes filles tellement plus épanouies qu'elle.

[...]
G. me présente à tout le monde, comme à son habitude, avec une fierté évidente. Belle façon, là encore, de confirmer la véracité de ses écrits. Les adolescentes font bien partie intégrante de sa vie. Et personne ne se montrera choqué le moins du monde ni même embarrassé par le contraste entre G. et mes joues pleines de gamine, sans fard ni accidents de l'âge.

Rétrospectivement, je m'aperçois du courage qu'il a fallu à cette auteure canadienne pour s'insurger, seule, contre la complaisance de toute une époque.

Page 113/114/115
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