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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Imaginez-vous un monde nouveau au coeur duquel la communication entre les hommes n'est plus que virtuelle. Un monde composé de strates immersives dans lesquelles les êtres se plongent, s'informent ou se divertissent. Une planète sous tutelle du Vivant, organisme monstrueux et captivant tout à la fois. Les hommes ne sont que des ouvriers prêts à tout pour le servir, ils sont une partie de lui, vivent, procréent et meurent pour lui. Sur cette planète ; trois milliards d'êtres se soumettent aux lois du Code et de la réincarnation. Mais l'harmonie connait son trouble, une anomalie au sein du Système, un individu nommé Zéro et dont les gènes n'ont jamais connu d'antécédents.

Les strates sont des extensions des êtres, un prolongement de leur esprit sous forme de réseau social permanent. Relié directement à leur cerveau, la déconnexion est rare et de quarante minutes maximum, la dépendance quant à elle, est extrême. Des logiciels à la technologie hyper-avancée permettent aux hommes de se divertir, de se détourner d'eux-mêmes au profit du Vivant, de ne pas réfléchir à leur condition d'esclaves. Chaque être connait une pause lorsqu'il parvient à la trentaine, rares sont ceux qui peuvent prétendre atteindre les soixante car pour que le Vivant demeure un organisme sain, les corps faibles et vieillissants doivent être éliminés. Cet arrêt momentané de vie est une pause de quelques secondes avant que l'homme ne se réincarne en un corps jeune et vigoureux. Celui-ci effectuera la même fonction qu'il avait l'habitude d'honorer, car les strates sont aussi des castes très difficiles à contourner. La pause n'est pas douloureuse et la mort n'existe pas (leitmotiv entêtant du régime). du moins, le Vivant se donne un mal immense à le faire croire. Il y a pourtant bien quelques dissidents qui se souviennent par vagues bribes leur souffrance passée, mais ceux-ci sont cordialement invités à se rendre en zone de pause, ignominieuse celle-ci, pour avoir osé nier la suprême beauté du Vivant.

Le monde crée par Anna Starobinets est absolument terrifiant, elle y anéantit toute possibilité de liberté humaine au profit d'une dictature informatique. Un roman visionnaire, peut-être, très inspiré pour le moins d'une société toujours plus rivée sur ses écrans, lancée dans cette quête frénétique du divertissement. Des sociétés qui sont de plus en plus régies par des hastags, des « j'aime » ou du nombre de vues, créant un système nouveau. L'auteure bâtit ce monde, invente les codes et le vocabulaire qui le compose pour offrir une illusion proche de la perfection. Une immersion qui demande concentration et accroche mais qui devient très rapidement fluide. Les différents chapitres naviguent et dévoilent des intériorités diverses, individu Zéro, planétarien, membre du conseil des Huit, tous ont droit d'être connectés à nos yeux dévorateurs. La lecture est incroyablement prenante et on se laisse guider docilement par l'auteure qui nous mène sur des sentiers biaisés, impossible à prédire. Un monde qui ne vous quitte plus, même après avoir refermer le livre. Une lecture qui vous happe doucement et vous entraine dans ses plus sombres méandres. Troisième lecture Mirobole et ce n'est rien que pur délice.
Lien : http://www.undernierlivre.ne..
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J'hésite : Cinq étoiles ? Oui, cinq étoiles ! Les premières de 2017. le vivant est un livre qui va continuer à s'insinuer de temps à autre dans mes pensées, comme peu de livres le font. Pas parce que j'ai adoré l'histoire, non, elle est trop inconfortable pour moi. Ni les personnages, pas plus attachants les uns que les autres. Mais quelle maîtrise dans la construction de cet univers du Vivant ! Quelle ingéniosité dans l'utilisation et l'extension des nouvelles technologies, dans les allusions à notre sombre histoire contemporaine… L'écriture suscite la faculté d'y projeter le lecteur. Ce texte m'interpelle. Je ne cesse d'y revenir, c'est sans doute le livre pour lequel j'ai envie d'extraire le plus de citations. Parfois peu explicite, le lecteur est obligé d'interpréter le sens du texte ce qui est parfois incommodant, mais tellement plus responsabilisant…
Je sais que je le relirai dans quelques années.
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Aujourd'hui, je reviens vous parler du cas Anna Starobinets et de son roman le Vivant. Cette fois-ci l'auteure nous propose une dystopie où il est question d'un monde où les hommes sont tous connectés au « Vivant », une entité qui leur permet de ne pas mourir et de se réincarner, le tout en s'assurant que le nombre de population reste à trois milliards. Si la machine marche plutôt bien, il s'avère qu'un jour, une femme tombe enceinte d'un enfant, qui n'a pas été réincarné et que l'on décide de nommer Zéro vu qu'il n'a jamais existé jusqu'ici…

Ce que j'aime bien avec Anna Starobinets, c'est que je me retrouve à regarder certaines choses d'un autre oeil après l'avoir lue. Cette fois-ci, ce sont donc les réseaux sociaux, dont je ne suis pas forcément une grand fan à la base, qui y ont eu droit. Non parce que l'auteur raconte un monde où les gens sont tous connectés entre eux. Ils communiquent au travers de strates, qui leur ont fait perdre le contact avec la première. Ils sont aussi sur surveillance constante, notamment au niveau de la pause avant la réincarnation. Au début, ils reçoivent des messages aimables pour les inciter à songer que l'heure est venue. Puis au fil des années, le message devient moins sympathique jusqu'à ce que des individus viennent les chercher dans le cas où l'être humain ne voudrait vraiment pas prendre sa pause obligatoire. Un autre concept est aussi sympathique, celui qui consiste à enfermer ceux qui ont commis des crimes dans leur vie antérieure pour les rééduquer… du moins officiellement…

Personnellement, j'ai trouvé que cela sonnait comme un écho, plutôt désagréable de l'actualité de notre époque. Résultat, ça donne encore plus de poids à cet ouvrage, qui est tout simplement glaçant par certains aspects. J'ai apprécié les personnages, qui ne sont pas unidimensionnels. Ils sont complexes, ils évoluent au fil des pages, notamment Zéro dont l'existence est ponctuée d'embûches, et ils sont terriblement humains. Après il faut faire l'effort de s'accrocher car certains passages ne sont pas toujours simples à comprendre à la première lecture, mais ça en vaut la peine car c'est clairement un ouvrage qui fait réfléchir. Pour moi, il est dans la lignée d'un 1984 ou d'un Fahrenheit 451, à lire au moins une fois dans sa vie.

Lien : http://encore-un-chapitre.bl..
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C'est un roman incroyable ! Rarement lu quelque chose d'aussi original. Par la puissance des images qu'elle crée, l'auteure parvient à donner corps à notre monde sous emprise numérique, où la communication est devenue presque exclusivement virtuelle.
Mais aussi au sentiment que nous avons parfois de vivre dans une grande fourmilière humaine qui nous broie, et nous empêche à la fois de laisser exister nos individualité comme de vivre ensemble. Mais ici, pas de parodie SF : la collectivité broie l'individu, certes, mais l'individu est aussi un être replié sur lui-même, en apnée dans le tréfonds de des "strates", sorte d'équivalent tout à la fois de nos couches de psychismes et de nos réseaux sociaux.
Le roman se dévore, tout en étant très littéraire : les images sont très troublantes, et c'est au lecteur de s'en faire une idée, une image : qu'est-ce que la couleur "occupé"? la couleur "disponible" ? Qu'est-ce que le "moulin à parole" par lequel communiquent certains personnages? le lecteur se trouve invité à collaborer avec l'auteure et à créer ce monde avec elle.
J'ai lu d'autres critiques de lecteurs, qui trouvent a fin frustrante. Je suis d'accord : j'ai l'impression que Starobinets n'a pas su comment finir ! C'est à la fois alambiqué et flou. Cependant, l'écriture est d'une telle qualité, et c'est si original que ça ne m'a même pas déçue, tant le plaisir de lecture est grand!
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Lire "Le Vivant", c'est rentrer nu dans un lac glacé, aux eaux troubles et d'abord incompréhensibles mais hypnotisantes pour sortir de ce bain avec un regard aiguisé sur notre propre monde virtuel
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je ne vais pas refaire le résumé , il y en assez sur le site .
C'est remarquable , bien écrit et prenant , je conseille absolument
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