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Citations sur L'encre de la mélancolie (44)

Peut-on parler de guérison chez un mélancolique ? demande J. Luys. Non. « La maladie est toujours latente chez lui, et, sous l’influence d’une cause occasionnelle, il est capable de retomber de nouveau. »
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Et le sujet mélancolique attend que lui soit adressé un message d’apaisement, qui réparerait le désastre intérieur et lui ouvrirait les portes du futur. Mais il n’a autour de lui que des êtres qui lui ressemblent, et il désespère de ce déni du regard. Ou plutôt : il ne désespère ni n’espère, il souhaite obscurément avoir l’énergie de désespérer.
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Démocrite, figure emblématique de la mélancolie à la Renaissance, rit et s’isole pour chercher le secret de la maladie en disséquant des animaux. Hippocrate le trouvera sain et plus sage que lui. La question initiale de Montaigne serait : « Une fois que la pensée mélancolique a récusé l’illusion des apparences, qu’advient-il ensuite ? » Dans l’Anatomie de la mélancolie (1621), « synthèse géniale » et « encyclopédie complète » du sujet, Robert Burton, savant bibliothécaire d’Oxford, s’avance déguisé en « Démocrite junior ». Si La Rochefoucauld, qui disait souffrir d’une mélancolie « assez supportable et assez douce », ne quitte pas la vie mondaine, c’est pour démontrer, comme le proclame l’épigraphe de ses Maximes, que « nos vertus ne sont le plus souvent que des vices déguisés ». Baudelaire, « l’expert suprême en mélancolie », s’en sert comme emblème et métaphore pour réfléchir au statut de l’art et de la littérature.
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Écrire, c'est transformer l'impossibilité de vivre en possibilité de dire.
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Dans le monde chrétien, il devient infiniment plus important de distinguer la maladie de l’âme et celle du corps. La maladie de l’âme, si la volonté y a consenti, sera considérée comme un péché et appelle une punition divine, tandis que la maladie du corps, loin d’entraîner une sanction dans l’au-delà, représente une épreuve méritoire. Il n’est pas toujours facile de savoir si l’on a affaire à l’une ou à l’autre. Et les affections dépressives constituent un problème particulièrement épineux.
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Les psychiatres de 1900 ont consenti à reconnaître que la guérison n’est que pour une faible part l’œuvre du médecin : elle est l’acte arbitraire et mystérieux par lequel l’organisme, à sa guise, répond aux secours qui lui sont apportés.
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Feuilletez le grand inventaire que Burton nous en donne : vous verrez que l’arsenal thérapeutique de la mélancolie mobilise des ressources empruntées à toutes les parties de l’univers.
Une telle richesse de médicaments devrait rassurer et ragaillardir le mélancolique, lui donner le sentiment d’être entouré, protégé, prémuni. Il peut y trouver l’image d’une Nature aussi foisonnante que bienveillante. Tout se passe comme si les médecins de la Renaissance s’ingéniaient à offrir au mélancolique, jusque dans la multiplication des drogues, le spectacle d’une diversité heureuse et d’une inépuisable productivité. N’est-ce pas là un bienfait pour l’existence mélancolique, qui est monotone, et qui s’enferme dans la conviction de sa pauvreté et de sa stérilité ? Sans que les thérapeutes y aient véritablement songé, leur polypharmacie et leur polypragmasie réalisaient une sorte d’antidotisme psychique, opposant les trésors d’un vaste univers au dénuement du mélancolique.
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La mélancolie est une maladie de l’être sensible. Pour les auteurs du XVIIIe siècle, elle se caractérise fréquemment par des alternances d’hyperesthésie et d’hébétude. La définition qui prévaudra finalement sera tout intellectuelle : la mélancolie est l’empire démesuré exercé sur l’esprit par une idée exclusive.
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Le mal qui nous travaille n’est pas dans les lieux où nous sommes, il est en nous ; nous sommes sans force pour supporter quoi que ce soit, incapables de souffrir la douleur, impuissants à jouir du plaisir, impatients de tout. Combien de gens appellent la mort, lorsque après avoir essayé de tous les changements, ils se trouvent revenus aux mêmes sensations, sans pouvoir rien éprouver de nouveau, et au sein même des délices, ils s’écrient : Quoi ! toujours la même chose !

-Sénèque, De tranquillitate animi-
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Jean-Jacques Rousseau, à vingt-six ans, saisi d’une « noire mélancolie » et convaincu d’avoir un « polype au cœur », quitte Mme de Warens et se rend à Montpellier : il se présente à ses compagnons de voyage comme un Anglais du nom de Dudding. Pourquoi ce déguisement et ce pseudonyme ? Rousseau, qui venait de lire les romans de l’abbé Prévost, savait que le vrai mélancolique est nécessairement un Anglais. Ce nom d’emprunt l’aidait à construire la personnalité et la maladie prestigieuses qu’il souhaitait avoir.
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