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Citations sur Petit traité de la joie (28)

Celui qui n'exige rien, qui accueille ce qu'il a, a tout pour recevoir. Comblé, il l'est déja. Mais, en vertu de sa disponibilité à ce qui se donne, il le sera plus encore. On ne prête qu'à ceux qui sont assez pauvres pour se réjouir de ce qu'ils ont déjà.
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Saturés des merveilles de ce monde, nous ne pouvons imaginer qu'il en est d'autres, encore et encore. Nous disons non, nous refusons, non pas toujours par petitesse, mais aussi par excès. Qui sait la profondeur du chant grégorien doit trouver le gospel tordu d'un Charles Mingus d'une étrange facture. Qui connaît la beauté du Dieu trinitaire doit trouver le ciel de l'Islam par trop éthéré. Il sufirait pourtant de s'intéresser à l'histoire du be-bop ou à la spiritualité d'Ibn' Arabi pour que le jugement devienne moins partiel. C'est certain. Mais la disponibilité peut manquer parce que l'âme, vouée à épuiser, si elle le peut, la richesse d'une musique ou d'une religion, a déjà reçu plus quelle ne pouvait.
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Quelle forme doit prendre ce refus d'exister que Simone Weil nomme la «décréation»? Sagit-il de mourir? Oui, mais en un sens que la philosophe précise au fil de son parcours spirituel: il s'agit, comme Dieu, de mourir à soi afin qu'autrui puisse, à la faveur de ce retrait, accéder pleinement à l'être. Mourir à mon bavardage pour que l'ami empêché de parler puisse accéder, par mon écoute, à la parole. Mourir à ma peur de n'être pas aimé, ou pas assez, afin de m'ouvrir à ceux que je néglige d'aimer. Mourir à mon désir de mourir, afin d'être pour mes proches une source de joie. Par là seulement on imite le retrait créateur de Dieu. Car par là seulement que circule son amour.
Refuser l'existence, ce sera donc, dans le cadre de cette mystique de la décréation, finir par accepter cette existence, non point comme quelque chose qui serait dû à la créature, ni non plus comme quelque chose qui ferait écran à Dieu: mais comme ce par quoi je peux laisser circuler Dieu en ce bas monde.
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S'il faut faire tout ce qu'on peut, on ne peut jamais faire que ce qu'on peut. Comme il y a un certain orgueil dans l'excès d'humilité, il y a beaucoup d'humilité dans la ferté.
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Le christianisme est la religion de ceux qui, ayant un jour connu un excès de joie, ayant pleinement goûté «la joie fragile et impérissable d'etre né», ont ressenti l'irrépressible besoin non seulement d'entretenir cet état de grâce mais, ce qui finalement est la même chose, d'en remercier. Dieu se découvre dans le sentiment de gratitude. Et ce sentiment s'entretient par la vie sacramentelle. Tout, dans la religion chrétienne, dit le Dieu donateur, le Dieu relation, la joie d'avoir reçu et de pouvoir ainsi donner. Et tout ce qui ne dit pas cette Bonne Nouvelle, qui est le coeur du message du Christ, est nommé chrétien par erreur.
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La critique que Nietzsche adresse au consentement chrétien est la suivante: en invitant à dire merci pour la vie reçue, en faisant surgir le Dieu donateur de l'indifférence des choses, le christianisme fait du don de la vie une dette. Si la vie est un don, l'homme est le débiteur de son Dieu. Mais alors, c'est toute gratuité qui devient impossible.
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Par l'autodestruction, on veut témoigner que le don n'est pas entier, n'est pas total, que celui qui est à l'origine de mon être aurait pu ou aurait dû mieux faire. Le problème est que ce don ne sera plein et total qu'en tant que son destinataire l'aura pleinement accueilli : donné à soi-même, il faut apprendre à se recevoir. Ceci fait, le destinataire quittera l'autodestruction pour s'ouvrir à la seule blessure qui doive être cherchée: celle qu'on essuie au contact de la vie et des autres hommes, parce qu'on a troqué ses poings fermés pour des mains ouvertes et qu'on se retrouve d'autant plus vulnérable que l'amour dont on se rend capable est plus grand.
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C'est inaudible pour notre désir, car le désir, par essence, veut que le monde soit autre qu'il n'est. Il veut l'ordonner à lui et agir en ce sens. C'est inaudible mais il faut le lui dire: le monde est déja justifié. Saturé de joie, de beauté et de saveur, il est depuis longtemps la victoire de la vie sur la mort, de l'être sur le néant, du sens sur le non-sens. Tout ce que nous vivons aujourd'hui, c'est comme par surcroît qu'il nous est donné de le vivre: notre souci et notre affairement n'y changeront rien. En mille de ses points, le monde a trouvé de quoi le justifier. Au désir, toujours impatient de faire, de prendre et de ne rien perdre, il faut donc répéter ces mots de lésus sur la Croix: «Tout est accompli.» Il n'y a plus qu'à célébrer.
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Et c'est peut-être jusque-là qu'il nous faut oser aller: jusqu'à dire que ce monde, devrait-il finir demain, aura accueilli en son sein assez de beauté et de bonté pour qu'on ne puisse rien ajouter ou retrancher à sa pleine perfection. Mille fois, en mille lieux, dans le rire des enfants ou le pleur de joie, dans la beauté des cieux et la bonté des êtres, par la parole qui guérit et le geste qui sauve, le monde a trouvé son entière justification et son plein accomplissement.
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«Nous ne savons pas recevoir: nous ne croyons pas à la gratuité du don», écrit Denis Vasse. Toujours, nous croyons qu'il faut payer ou faire payer: éternelle logique du sacrifice. Pourtant, dans l'optique chrétienne qui nous intéresse ici, le sacrifice sanglant a déjà eu lieu, une fois pour toutes.
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