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Critique de moussk12



Holà ! Qui va là ? Etes-vous vivant ou défunt ?
Je serai bientôt défunt si vous n'ouvrez pas la porte !
Jens, le postier, tambourine à la porte de la ferme perdue au milieu des montagnes, enveloppée de neige, muette face aux sifflements aigus du blizzard. Ce géant d'1 mètre 90, aux sourcils et à la barbe constellés de glace, est accompagné d'un gamin. le gamin dont on ne connaîtra jamais le prénom. Mais qui sont-ils ? Et que font-ils en pleine tempête ? C'est un véritable périple que de distribuer courriers, livres et journaux dans les villages et hameaux les plus reculés. Et quand la neige cesse de tomber et que les vents s'endorment, le brouillard vient les remplacer. Un brouillard tel que si l'on tend le bras, on ne voit plus sa main.

Le gamin a tout perdu. Père, mère, soeur et plus tard son unique ami avec qui il récitait des vers qui les éloignaient, au moins en pensée, du dur labeur de pêche. Ce pourquoi, il part. Recueilli par une femme indépendante et libre de ses mouvements, il obtient gîte et couvert contre services et travaux. le gamin n'est pas fait pour avoir les mains calleuses ni pour s'endormir comme une masse après la journée de travail et il est mal vu des pêcheurs à qui il a tourné le dos pour aller vers un ailleurs.
Mollasson ! Bon à rien ! Même pas un homme ! Il en a l'habitude mais rien ne le détourne de son amour pour les livres. Ce ne sont pas des mots qui vont remplir ton assiette ! Tout ça, c'est pour les mauviettes.
Les marins durs, travailleurs, exténués et incultes se vautrent dans l'alcool, véritable fléau d'où il n'en sort que bassesse, vulgarité, violence. Violence physique envers les femmes, les faibles, les sans défense, violence verbale envers les fortes, celles qui ne suivent ni convenances ni lois, vilipendées par la communauté.
Violence aussi envers les Danois, l'envahisseur depuis presque mille ans. Et ces Norvégiens, installés dans les fjords, donnant du travail à quelques centaines des leurs dans la pêche à la baleine, dont les carcasses éventrées, exposées au vent et au soleil attirent mouches et puanteur.
Le gamin est en perpétuel questionnement. Est-ce que les idées que font naître les mots vont nourrir la famille ? Que faire à part pêcher, profiter de ce que la mer offre ? Les hommes sont en mer tandis que les femmes nettoient les poissons et les font sécher au soleil. Tous, exploités pour une bouchée de pain. Mais que dire au nabab du village lorsqu'il fournir le travail à deux mille personnes ?
Il n'y a que les montagnards qui troquent leur liberté contre une solitude bien pesante. Eux vivent de ce que la terre donne. de magnifiques pâturages pour leur élevage de moutons, quand ils ne sont pas prêts à se rompre le cou en escaladant les falaises pour récolter quelques oeufs de macareux, qu'ils transportent en civières jusqu'aux villages, pour quelques sous.

Le gamin se sent inutile. Et pourtant… Sa sensibilité, sa soif de connaissances, son intelligence lui apprendront le coeur de l'homme. Comme il peut très vite se changer en pierre dans ces contrées si dures et sauvages. Il saura percevoir la petite étincelle dans le coeur de certains qui sont persuadés qu'elle n'existe plus ou qu'il est inutile de la raviver. Mais les mots ont cette force. Et l'étincelle devient flamme. Une flamme qui réchauffe et donne envie de s'en rapprocher. Hommes et femmes qui jamais n'auraient osé avouer leur amour des livres, de la poésie, de la musique, se rapprocheront. Et ça, c'est au gamin qu'ils le doivent.

« Entre ciel et terre », « La tristesse des anges » et « Le coeur de l'homme » constituent un seul et même livre et l'avoir divisé en trois en facilite la lecture. Je vous conseille de vous munir des trois avant d'entamer l'histoire du gamin et éviter la frustration des fins abruptes des premier et deuxième tomes. Pour ma part, j'ai enchaîné sans hésiter la lecture des trois et choisi de n'en faire qu'une seule critique.
Avec sa plume terriblement poétique, l'auteur rend hommage à ces hommes et ces femmes qui ont forgé le pays et, bien sûr, aux livres qui élèvent l'Homme.
J'ai trouvé cette trilogie magnifique  et prenante; ce n'est pas qu'un roman, c'est beaucoup plus que ça.
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