Citations sur Le cœur de l'homme (206)
L'une des pires choses qu'on puisse imposer à un autre être humain est de pleurer en sa présence, voilà pourquoi nous pleurons le plus souvent seuls, cachés, comme si nous avions honte, et pourtant il y a sans doute en ce monde peu de choses qui soient aussi pures que les larmes nées de la douleur et du deuil, les convenances nous entraînent dans d'étranges directions.
Les traductions, lui a confié Gísli, il est difficile de dire à quel point elles sont importantes. Elles enrichissent et grandissent l'homme, l'aident à mieux comprendre le monde, à mieux se comprendre lui-même. Une nation qui traduit peu et ne puise sa richesse que dans ses propres pensées a l'esprit étroit, et si elle est nombreuse, elle devient en plus un danger pour les autres car tant de choses lui demeurent étrangères en dehors de ses propres valeurs et coutumes. Les traductions élargissent l'horizon de l'homme et, en même temps, le monde. Elles t'aident à comprendre les peuples lointains. L'homme est moins enclin à la haine, ou à la peur, lorsqu'il comprend l'autre. La compréhension a le pouvoir de sauver l'être humain de lui-même. Il est plus difficile aux généraux de te pousser à tuer si tu comprends l'ennemi. La haine et les préjugés, laisse-moi te dire, sont les fruits de la peur et de la méconnaissance, tu peux noter ça quelque part.
Peu de choses comptent autant pour l'être humain que le rire, tout autant que les pleurs, en fait, c'est bien plus important que le sexe, plus encore que le pouvoir, plus encore que l'argent, ce crachat du démon qui nous pollue le sang, celui qui ne rit jamais se transforme en pierre au fil du temps.
L'une des pires choses qu'on puisse imposer à un autre être humain est de pleurer en sa présence, voilà pourquoi nous pleurons le plus souvent seuls, cachés, comme si nous avions honte, et pourtant il y a sans doute en ce monde peu de choses qui soient aussi pures que les larmes nées de la douleur et du deuil, les convenances nous entraînent dans d'étranges directions.
Peu de choses comptent autant pour l’être humain que le rire, tout autant que les pleurs, en fait, c’est bien plus important que le sexe, plus encore que le pouvoir, plus encore que l’argent, ce crachat du démon qui nous pollue le sang, celui qui ne rit jamais se transforme en pierre au fil du temps.
Si Dieu avait réellement voulu changer le monde, déclare Álfheiður, il nous aurait envoyé sa fille au lieu de son fils. La fille de Dieu aurait fait éclater au grand jour les plus bas instincts de l’homme, elle aurait été battue, souillée et humiliée, les Romains l’auraient violée avant de la crucifier. Elle aurait dévoilé ce que nous abritons de pire et cela aurait peut-être suffi à nous transformer. Vous, les hommes, n’auriez pu éviter de comprendre ce que signifie être une femme, ce que nous avons enduré, ce que signifie d’être toujours en dessous, de naître en individu de second rang. Mais Dieu ne comprend pas la femme, il a donc envoyé son fils.
L'harmonium est fermement arrimé, cerné par les poissons, et Snorri est assis là pendant tout le voyage, il ne peut s'en empêcher, il ne sait rien faire d'autre, il emplit ce navire de Bach, le gamin laisse la pluie tomber sur lui, il écoute les gouttes qui éclatent sur son front et la musique qui monte par les planches du pont, les membres de l'équipage sont allongés ou assis dans les cabines, sur les paillasses humides, les yeux dans le vague, la musique convoque en eux des souvenirs, les emplit de désirs qu'ils ne comprennent pas, les rend à la fois tristes et heureux. L'art possède le dangereux pouvoir d'engendrer le rêve d'une vie meilleure, plus juste et plus belle, le pouvoir de réveiller la conscience et de menacer le quotidien.
Où résident le bonheur et la plénitude si ce n'est dans les livres, la poésie et la connaissance ?
Le plus difficile dans cette vie est de ne jamais pouvoir se fuir soi-même, quitter son existence, enfermés que nous sommes dans un étui, dans un monde qui ne disparaît jamais, sauf à l’occasion de quelques rêves, et qui vous revient dès que vous ouvrez les yeux, comment peut-on supporter ça ?
Nous ne savons jamais dans quelle direction la vie nous emporte, ne savons jamais qui survivra à la journée et qui y succombera, nous ne savons pas si le dernier adieu sera un baiser, une parole amère, un regard blessant, il suffit que quelqu’un ait un moment d’inattention, qu’il oublie de regarder à droite pour qu’il meure, et alors il est trop tard pour retirer des paroles malheureuses, trop tard pour dire pardonne-moi, trop tard pour dire ce qui compte, ce que nous voulions dire, mais que nous ne pouvions pas articuler à cause de notre cruauté, notre fatigue, notre routine, du temps qui manque, tu as oublié de regarder à droite, je ne te verrai plus jamais et les mots que tu m’as dits continueront de résonner en moi chaque jour et chaque nuit, et le baiser que tu aurais dû recevoir sèchera sur mes lèvres où il deviendra une blessure qui se rouvrira à chaque fois que quelqu’un d’autre que toi m’embrassera.