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Critique de JIEMDE


JIEMDE
30 septembre 2017
Retour et errance à Salt Lake City…

Il a suffi de presque rien, du décès d'une vieille tante oubliée, pour que Bruce Mason retrouve la ville de son enfance, quarante-cinq ans après en être parti.

Aujourd'hui ambassadeur émérite à la brillante carrière, personne ne l'y attend plus. Sauf son passé. Pendant les deux jours qu'il va passer sur place, il va déambuler dans les rues, à pied ou en voiture, errant sur les traces de ses années étudiantes et de ces quelques mois d'été qui précédèrent son départ.

À Salt-Lake, tout devient alors fulgurance, souvenir, nostalgie ou angoisse. Et poésie. Il suffit d'un regard, d'un bruit, d'un souffle d'air chaud ou frais qui se lève pour faire surgir une réminiscence : « Un simple effleurement et l'épiderme se souvenait ».

Pour le lecteur comme pour Bruce, les souvenirs s'invitent sans prévenir, à tout moment. Sa mémoire se ravive constamment car « elle boxait tout simplement mieux que lui, elle dansait autour de lui et portait ses coups quand ça lui chantait ».

Bruce devient alors spectateur de sa vie, passée et actuelle, il la contemple. Debout, allongé dans son lit, en songe, en spectateur derrière la caméra qui filme son passé ou le regardant d'en haut lors d'un vol en compagnie d'une légende arabe

Mais depuis Elliot Perlman, on sait que la mémoire est une chienne indocile et Wallace Stegner sait combien il est « dangereux de presser le tube de la nostalgie. Impossible d'y remettre le dentifrice ». Les souvenirs, visions, songes, rêves deviennent vite des remords, angoisses ou cauchemars.

Au centre de ces souvenirs torturés, sa famille, et plus particulièrement son père. Après La montagne en sucre, Stegner achève avec L'envers du temps de solder sa relation avec celui qu'il a craint, attendu, espéré, peu compris. Mais qui est néanmoins une part de lui-même et de ce qu'il est devenu. « Il se sentait comme le dernier spectateur encore présent à la conclusion du dernier acte d'une pièce dont le sens lui avait échappé ».

C'est remarquablement écrit, atypique, poétique, sur un rythme souvent assez lent. Et même si j'apprécie cela habituellement, je n'ai pu m'empêcher de regretter ici quelques longueurs, qui n'en seront certainement pas pour d'autres lecteurs adeptes de ce rythme qui convient si bien à cette nostalgie poétique.

Un dernier mot pour souligner – comme d'habitude – la qualité du travail éditorial de Gallmeister, tout comme celle de la traduction.

Merci à eux et à masse critique pour cet envoi.
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