Une saison amère

Lorsque le beau matin doré d'avril tira Mary Hawley de son sommeil ,elle se retourna vers son mari et le vit,étirant sa bouche avec ses auriculaires, qui lui adressait un sourire de grenouille..

On dirait toujours que la peau a rétréci pendant la nuit et qu'il faut lui faire reprendre ses dimensions diurnes en gonflant ses muscles, geste qui réserve un véritable plaisir sensuel.

Ce n'est pas vrai qu'il existe une grande lumière communautaire, un feu de joie universel. Chaque individu porte sa propre lumière, en solitaire.

Je traversai le salon. Mon fils répondit à mon salut par l'expression dynamique d'un morceau de chewing-gum mâché.
J'espère que tu t'es débarrassé de ton pauvre cœur solitaire?
- Hein?
- Hein, père! Aux dernières nouvelles, quelqu'un l'avait pris et jeté par terre.
- Numéro un! s'exclama-t-il. Numéro un dans tout le pays. Un million de disques vendus en deux semaines.
" Formidable, je suis heureux que l'avenir soit entre tes mains.

Peut-être est-il naturel pour un homme qui a détruit quelque chose d’essayer de rétablir un équilibre en créant quelque chose.

Je marchai jusqu’à Porlock Street, Porlock, rue florissante et comblée. Les lueurs cuivrées de l’aube naissante révélaient des rosiers chargés de fleurs sur le déclin, telles des femmes dont le corset échoue désormais à dissimuler la taille épaisse, pour gracieuses que demeurent leurs jambes.

(p. 260)

Je suppose que nous sommes tous, pour la plupart, les pupilles de cette science du dix-neuvième siècle qui contestait l’existence des choses qu’elle ne pouvait mesurer ou expliquer. Les choses que nous ne pouvions expliquer continuaient évidemment d’exister mais devaient se passer de notre bénédiction. Nous refusions de voir ce que nous ne pouvions expliquer, et pendant ce temps-là une grande partie du monde était abandonnée aux enfants, aux fous, aux idiots et aux mystiques, qui s’intéressaient davantage à ce qui existe qu’aux raisons de cette existence. Il y a tant de vieilles et jolies choses rangées dans le grenier du monde, sous prétexte que nous n’en voulons pas auprès de nous et que nous n’osons pas les jeter.

(p. 95)

Une histoire doit présenter des affinités avec le lecteur pour que celui-ci s'y sente à l'aise. Dans ce cas seulement, il peut accepter des miracles. (p.94).

Il y a ceux qui mangent et ceux qui sont mangés. C'est une bonne règle de départ. Ceux qui mangent sont-ils plus immoraux que ceux qui sont mangés ? Au bout du compte tout le monde est mangé, tout le monde, englouti par la terre, jusqu'aux plus féroces et aux plus astucieux.

Pour cacher vos intentions, dites la vérité. (p.182).