— Désolé, Xenia. Tu ne les portes pas dans ton cœur, mais un Traceur est…
— Toujours prioritaire ! nous scandons à l’unisson.
— Merci, je connais la chanson, enchaîné-je rapidement. Mais regarde ! Il y a une douzaine d’Âmes qui leur tournent déjà autour. Lâche-moi !
C’est la vérité. Mes camarades sont en train de courir dans tous les sens pour satisfaire les arrivants.
Si leur apparition produit tellement d’agitation dans nos rangs, c’est parce que les Traceurs sont les gardiens de la Terre. Le terme de guerrier et de chasseur leur correspondrait tout aussi bien, mais leur première fonction est de protéger les civils, qu’ils soient Humains ou non.
Je fais partie de la race baptisée Impera. Tous les employés du Centre le sont, ainsi que tous les habitants qui vivent en dehors de la ville. Nous sommes le résultat de l’union de plusieurs races qui se sont côtoyées au fil des siècles, et le plus souvent, des naissances non désirées. En somme, nous ne servons à rien, nous devons nous soumettre à l’autorité des Traceurs, et les laisser agir à leur guise quand ils sont sur notre territoire.
Je m’attendais à affronter un expert en combat, et je ne suis pas déçue. Le corps de Nate est tellement habitué à recevoir des coups que ma plus forte attaque ne lui coupe même pas le souffle. Ses muscles paraissent sculptés dans de l’acier et il sait exactement quand riposter, comme s’il connaissait déjà mes points faibles avant que je ne les découvre moi-même.
Je suis trempée par tous ces efforts, et une fine goutte de sueur perle de son front. Il l’essuie vivement, aussi surpris que moi, et reprend comme si de rien n’était. C’est cette seconde d’inattention qui me coûte le combat.
Les poumons en feu, j’essaie de résister comme je peux, mais il m’a déjà battue. Ses mains s’attardent sur mes poignets qu’il bloque au-dessus de ma tête. Il me fait tomber à terre tandis que je lutte pour prendre de l’air comme je peux, je suis comme paralysée.