AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Cryptonomicon (1)

Quelques explications :
- l'extrait provient du tome 2 de la version française (la version anglaise ne comporte qu'un unique et épais volume)
– Le narrateur est un des protagonistes de l’histoire, à savoir Randy, spécialiste informatique, option commercial.
– La Grace de Dieu : camionnette type « jeepney », truc roulant bariolé.
– Bong-Bong Gad : conducteur du jeepney.
– DMS : Douglas MacArthur Shaftoe, associé de « Randy », patron d’une société de pose de câbles sous-marin et baroudeur (ex commando au Vietnam).
– Contexte : extrait d’un mail à ses associés narrant un voyage à travers la jungle en camionnette à travers les Philippines.
- Pour expliquer la dernière phrase, Randy fait ce voyage pour le compte de sa société, d’où la référence à la valeur du titre [sous entendu du capital] de cette même société…


L’Incident du Camion à Cochons était une démonstration humoristique d’hydrodynamique appliquée, même si, l’eau n’intervenant pas en la matière, les termes d’ « excrétodynamique », voire de « scatodynamique », seraient peut-être plus appropriés.

La Grace de Dieu suivait un camion à cochons depuis déjà plusieurs kilomètres avec l’espoir de le dépasser. La simple quantité de chaleur corporelle en excès, qu’irradiait la vaste batterie d’antennes interférométriques en phase formée par toutes ces oreilles roses battant en cadence, avait déjà provoqué l’ébullition et l’explosion consécutive de plusieurs de nos bouteilles plastiques d’eau minérale.

Bong-Bong Gad maintenait toutefois une distance respectueuse à cause des risques excrémentiels, ce qui ne simplifiait en rien le problème du dépassement du véhicule incriminé.

La tension avait grimpé jusqu’à un niveau palpable et Bong-Bong Gad se voyait désormais soumis à un flot exponentiel de chahuts bon enfant et de conseils de conduite superflus, en particulier de DMS, qui considérait cette présence inopportune et prolongée d’un camion à cochons sur notre trajectoire planifiée comme un affront personnel, d’où menaces et défi lancés avec tout le cran, la vigueur, l’esprit batailleur et autres qualités frondeuses dont on savait DMS doté en abondance.

Au bout d’un certain temps, Bong-Bong Gad décida d’agir, utilisant une main pour tenir le volant et l’autre pour se partager les responsabilités d’égale importance du maniement du levier de vitesse et de la commande du bouton d’avertisseur.

Lorsqu’il arriva à la hauteur du camion à cochons (qui se trouvait de mon côté du jeepney), le poids lourd slaloma dans notre direction, comme s’il faisait un écart pour éviter quelque obstacle naturel ou imaginaire placé sur la chaussée.

Le coup d’avertisseur primaire de La Grâce de Dieu n’avait apparemment pas été entendu, peut-être parce qu’il entrait en compétition sur la bande audit avec un grand nombre de porcs clamant leur désapprobation sur la même gamme de fréquence.
Avec un aplomb normalement connu chez quelques rares majordomes britanniques sénescents, Bong-Bong tendit alors sa main refermée aux levier de vitesses et klaxon pour empoigner une chaîne d’acier inoxydable resplendissante, accrochée au plafond de la cabine et terminée par un crucifix du même métal, et il tira le tout, mettant en action les systèmes d’avertisseur secondaire, tertiaire et quaternaire : à savoir un trio de cornes en inox grosses comme des tubas montées sur le toit de La Grâce de Dieu et dont la mise en oeuvre simultanée pompait une telle puissance que la vitesse de notre véhicule dégringola (selon mon estimation) de dix bons km/h, correspondant à l’énergie du moteur déviée vers cette production de décibels.

Une bande semi-hyperbolique de cultures, longue de trente kilomètres, fut jetée au sol par le souffle et, des centaines de kilomètres plus au nord, le gouvernement taïwanais, dont les oreilles collectives en carillonnent encore, émit une protestation diplomatique auprès de l’ambassadeur des Philippines.

Durant plusieurs jours, par la suite, on devait voir des cadavres d’orques et de dauphins venir s’embourber sur les plages de Luçon, tandis que les opérateurs sonar a bord des submersibles américains de passage durent être mis à la retraite anticipée, suite à d’abondants saignements d’oreille.

Terrifiés par un tel son, l’ensemble (j’imagine) de la gent porcine embarquée vida aussitôt ses boyaux à l’instant même où le chauffeur du camion à cochons faisait une autre violente embardée pour s’écarter de nous.

Certaines considérations de physique élémentaire – dont en particulier la conservation du moment cinétique – dictèrent que je me retrouvasse tartiné de l’ex-contenu des boyaux porcins afin de préserver et d’accroître la valeur du titre.
Commenter  J’apprécie          10


    Acheter ce livre sur
    Fnac
    Amazon
    Decitre
    Cultura
    Rakuten


    Lecteurs (32) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les plus grands classiques de la science-fiction

    Qui a écrit 1984

    George Orwell
    Aldous Huxley
    H.G. Wells
    Pierre Boulle

    10 questions
    4887 lecteurs ont répondu
    Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

    {* *}