Je l'ai lu dans le train et c'est tant mieux. Plus sollicité par le "vrai" mouvement de la vie, je l'aurais peut-être abandonné, mais le voyage en train offre cette possibilité unique de s'immerger, même dans quelque chose qu'on n'aime pas vraiment parce qu'on en est en quelque sorte captif, et qu'on n'a, de toute façon, rien de mieux à faire.
C'est un livre étrange, un peu brouillon et maladroit mais d'une sincérité déconcertante. Pour la première fois, j'ai eu le sentiment d'un vrai livre de femme, écrit, en quelque sorte, "de l'intérieur". Un livre finalement très féministe et qui décrit la vie ordinaire d'une femme pas tout à fait ordinaire mais sans en faire une héroïne au sens habituel du terme. Elle ne considère pas sa condition comme exceptionnelle ni son travail comme particulièrement remarquable. Elle "fait le job" sans états d'âme et surtout sans les vanités ni les giclées de testostérone que ne manquerait pas d'avoir un "héros" masculin. Elle a d'ailleurs un regard très modeste sur elle-même, comme si son regard se conformait à celui que la société de son temps (mais est-ce bien différent aujourd'hui ?) portait sur les femmes en général.
Je n'ai pas lu le premier épisode de cette courte série et… je ne sais pas si je le ferai un jour. Non pas que je n'ai pas aimé, mais la découverte à l'aveuglette de ce personnage aux facettes multiples et malgré tout très ordinaires m'a donné beaucoup de plaisir. J'ai un peu peur d'être déçu si le premier tome devait m'expliquer en détail tout ce qu'il m'a fallu patiemment deviner dans le second…
Mais je suis certain par contre de lire d'autres oeuvres d'
Amy Stewart. J'aime énormément sa façon d'entrer "sans façons" dans l'écriture, son opiniâtreté à décrire les aspects non-sensationnels et pourtant si importants de cette grande, simple et forte femme.