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sur 8104 notes
Une fois n'est pas coutume, j'ai presque autant apprécié le film que le roman. Comme je l'ai lu il y a fort fort longtemps, et qu'il a suscité nombre de belles critiques, je ne vais pas en remettre une couche. Juste dire que j'ai adoré détester certaines de ces "maîtresses" blanches qui, incapables qu'elles sont de faire quoi que ce soit de leurs dix doigts, sont bien heureuses de se reposer sur leurs bonnes noires, y compris pour élever leurs enfants. Lesquels enfants s'attachent parfois plus à leurs nounous qu'à leurs mères, par exemple la petite Mae Mobley (?) élevée avec amour par Aibileen, alors qu'elle ne suscite qu'agacement et insatisfaction chez sa mère. Et que j'ai éprouvé de l'admiration pour Miss Skeeter, qui contre vents et marées cherche à dénoncer la situation de ces femmes admirables à qui on interdit même de se servir des toilettes, par peur d'attraper leurs soi-disant maladies. J'ai eu pitié de Miss Celia, pas assez conformiste, trop voyante, et exclue de la "bonne société" parce qu'elle ne rentre pas dans le moule de ces bourgeoises hypocrites qui participent aux bonnes oeuvres destinées à améliorer la condition noire, mais qui dans leur quotidien pratiquent tout l'inverse de ce qu'elles prônent. Enfin, j'ai éclaté de rire à la fin avec la "surprise" de Minny à son ex-patronne qui l'avait virée comme une malpropre sous une accusation mensongère de vol. Bien fait pour ta g...le !
Un texte salutaire, mais qui en même temps nous fait mesurer qu'en dépit des progrès accomplis ces 60 dernières années (l'histoire se déroule en 1962, à peine un an avant ma naissance !), y a encore du boulot pour faire évoluer les mentalités...
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Même si j'ai souvent été gênée en lisant ce roman (Comment croire qu'il a été écrit au XXI°siècle ?), même si la violence du récit est sans cesse édulcorée et que ses héroïnes résolvent des siècles d'humiliation par la grâce de comptines bien-pensantes, même si Kathryn Stockett suggère parfois qu'être une fille blanche de 1,80 m. est à peine moins compliqué que de garder des enfants d'une autre couleur que la sienne dans le Mississippi, je suis loin d'avoir détesté ce livre. On a peine à concevoir que l'Afrique du Sud ait été mise au banc des nations pour son apartheid alors que les États-Unis, à la même période, faisaient croire qu'ils avaient inventé le melting-pot.
« La Couleur des sentiments » parle de la vie quotidienne, de tous ces faits sidérants destinés à permettre la séparation dans l'égalité (!), depuis l'uniforme obligatoire que les bonnes devaient se payer, jusqu'aux toilettes séparées destinées à éviter de transmettre des maladies.
« Mesdames, savez-vous que :
— 99 % des maladies des Noirs sont transmises par l'urine.
— Nous pouvons être handicapés à vie par la plupart de ces maladies, faute d'être protégés par les facteurs d'immunité que les Noirs possèdent en raison de leur pigmentation plus foncée.
— Les Blancs sont porteurs de certains germes qui peuvent également être nocifs pour les Noirs. Protégez-vous. Protégez vos enfants. Protégez votre bonne. »
Malheureusement, quelle que soit la valeur de tous ces faits vrais qui nous sont présentés, le plus intéressant n'est pas traité. Les antisémites n'ont jamais engagé des Juifs pour élever leurs enfants. Pourquoi les Blancs ont-ils systématiquement confié leurs petits à des Noires dans les pays d'apartheid? Ou plus exactement, comment peut-on grandir en découvrant un beau jour que celle qui vous a élevé est méprisable et même répugnante ? le livre multiplie les mystères : qu'est devenue la nanny de Skeeter? Pourquoi Célia s'enferme-t-elle dans des chambres vides? Quel abominable tour Minny a-t-elle pu jouer à Hilly? Chacun de ces secrets sera résolu pour mieux dissimuler la véritable énigme qui, elle, n'est pas même posée: jamais aucun personnage n'affronte cette révélation qui transforme la scène primitive de papa Freud en conte pour s'endormir. Comment toute une nation a-t-elle pu affronter le sacrifice de son premier objet d'amour, comment a-t-elle pu apprendre la répulsion pour la peau et l'odeur qui l'a enveloppée, sinon en développant la haine de soi?
Ce n'est pas dans « La Couleur des sentiments » qu'on trouvera réponse à ces questions. Tout au plus apprend-on que les taches de transpiration sur les cols de chemise disparaissent si on les frotte avec de la mayonnaise. Quelqu'un pour essayer ?


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Un récit partiellement autobiographique, un ouvrage sociologique, une fiction douce-amère sur la réalité de la ségrégation raciale aux Etats-Unis dans les années 60. Ce livre c'est un peu tout ça. Et bien plus encore.
A travers la vision de trois femmes, deux noires et une blanche, l'auteur nous montre non seulement la condition noire dans les Etats du Sud des USA à cette époque mais aussi la condition féminine dans son ensemble. le quotidien plus ou moins difficile, ce qu'une petite ville peut receler de bonté comme de médisance et de cruauté, d'ignorance, de dangers, de non-dits et parfois de courage.
Même si cette fiction est très édulcorée (beaucoup moins que l'adaptation filmée néanmoins), les faits sont là sous une jolie couche de vernis et de bons sentiments. La postface éclaire le lecteur sur le caractère fictif du récit malgré son ancrage dans une réalité beaucoup plus brutale.
On vit avec ces femmes. Emouvant et écrit dans un style très simple, ce roman se lit avec plaisir et donne envie d'aller chercher plus loin, du côté historique du thème pour découvrir les destinées qui ont marqué cette époque.
Un bien joli hommage à travers le prisme de la couleur des sentiments.
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Ce livre, je l'ai adoré! L'histoire se situe à Jackson, Mississippi, dans les années soixante. Deux mondes s'opposent et se confrontent : les domestiques noires et leurs maîtresses blanches. Pour illustrer la dynamique de l'époque, l'auteure met principalement en scène trois personnages féminins. D'abord Abileen, 53 ans, travaillant chez les Leefolt. Elle prendra soin de la petite Mae Mobley, fera le ménage, cuisinera les repas. Puis Minny, 36 ans et 5 enfants. Elle travaille chez Miss Walters, une femme à ce point détestable qu'on a envie de l'étriper jusqu'à la moëlle. Enfin, Miss Skeeter, 23 ans, femme blanche interpellée par le mépris et les injustices dont sont victimes les bonnes. Elle se liera d'amitié avec elles et recueillera leurs témoignages dans le but d'écrire un livre anonyme illustrant leur vision de cette société méprisante. Rappelons-le, nous sommes à l'époque où il était interdit aux femmes noires d'utiliser les mêmes toilettes que leur maîtresse ou même de partager la même table. Aberrant...

La beauté de ce livre émane de la richesse de ses personnages. Leur personnalité est forte et attachante, affirmée dans leurs différences. La couleur des sentiments, c'est une histoire de vie dans laquelle on s'immerge rapidement et d'où on ne voudrait jamais émerger. Heureusement, le film est une très juste représentation du livre et Minnie, plus vraie que nature, est un délice ! Si le racisme est un sujet délicat, il est ici illustré avec humour, ce qui évite de tomber dans le mélodrame. Cela ne change rien au fait que l'on se sente, par moment, triste, en colère ou révolté. Ceci dit, le style n'est jamais ramené à une simple opposition entre le bien et le mal. L'écriture est simple et sans fioritures poétiques ou métaphoriques.

Détail, me direz-vous, mais je trouve le titre en français La couleur des sentiments plus évocateur que le titre original plutôt minimaliste The Help. L'expression d'un sentiment ne devrait pas être tributaire de la couleur de sa peau. Pourquoi les caractéristiques morphologiques ou culturelles d'un individu devraient-elles influer sur des sentiments universels tels l'amour, l'empathie ... et la haine, justement en raison de la haine, sentiment vil, viscéral et totalement irrationnel.

Je l'ai lu d'une traite, l'auteure ayant le talent de nous captiver à un point tel qu'on ne peut plus lâcher le livre, toujours en attente de la prochaine crise, du prochain dénouement. Un bijou de 500 pages...

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Un manuscrit refusé par 45 agents littéraires avant d'être publié en 2009, voilà ce qui finalement m'a le plus choqué !
L'auteure, originaire elle-même de Jackson, Mississippi, nous propose pour son premier livre les relations très particulières en 1960 entre les « Bonnes » et les femmes blanches.
Un roman bien mené, rythmé par les confessions de quelques bonnes qui malgré leurs peurs, osent parler. Elles racontent alors les conditions de travail qui leurs sont imposées par les règles en vigueur dans un état qui regrette encore l'abolition de l'esclavage et qui considère toujours les personnes de couleur comme des sous-personnes. Sous-personnes qui élèvent néanmoins les bébés de ces femmes blanches et qui créent des relations profondes avec ces enfants. Enfants qui devenus grands gardent souvent beaucoup de tendresse pour leurs nounous de couleur.
Et parlons un peu de ces femmes blanches, qui vont toutes à la fac à la pêche au mari, qui sont paresseuses, futiles, intolérantes et qui ont l'intelligence d'un pois chiche. Et elle se prennent pour les reines du monde alors qu'elles mènent une vie superficielle qui les tient occupées, jour après jour. Et gare enfin à celles qui se démarquent du lot, qui voient les choses autrement et qui pensent que la situation doit évoluer vers une société plus tolérante et égalitaire, elles risquent autant que les nounous qui veulent s'exprimer.
Un roman fiction qui est le témoignage d'une société ségrégationniste qui, je l'espère, a évolué en 50 ans mais je n'en suis pas si sûre…
Un récit qui montre une fois de plus que l'inculture est la mère de l'intolérance, que ce soit à propos de la couleur de la peau ou de l'appartenance à une religion et ça, c'est malheureusement toujours bien d'actualité.
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Ce roman à trois voix, Aibileen, Minny et Miss Skeeter, nous emporte en 1963 – 1964 à Jackson, Mississippi. Aibileen est bonne chez les « Blancs » depuis 40 ans et s'est pliée aux lois raciales comme une fatalité. Minny aussi est bonne, plus jeune, elle a déjà 5 enfants et un mari alcoolique, c'est une rebelle qui se fait renvoyer régulièrement pour son franc- parler. Miss Skeeter a 25 ans, sort de la fac et veut être écrivain (toute ressemblance avec l'auteur Kathryn Stockett n'étant pas fortuite). Fille de propriétaire de plantation de coton, élevée par Constantine sa nounou noire, son physique peu attrayant la sauve d'un mariage conventionnel au sein de la « bonne société sudiste ». Ces trois femmes, avec un courage inouï, vont faire leur propre marche contre la ségrégation, elles initieront les témoignages si poignants des « Noires » et la prise de conscience des « Blanches ». Cela se fera dans la douleur, l'amitié, l'amour, le respect, la haine, l'admiration, la vengeance, la solidarité, la violence, l'espoir. Il n'y a pas plus beau titre pour ce roman à lire et à relire tant il est dense et riche.
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En ce qui me concerne, j'avais emprunté ce roman à la bibliothèque après avoir entendu de nombreuses critiques positives, et, je n'ai absolument pas regretté ma lecture.

Même si il s'agit d'une oeuvre de fiction, c'est un excellent témoignage sur la ségrégation sévissant dans les états du Sud des Etats Unis, et, cela malgré la Guerre de Sécession, Martin Luther King et les lois anti raciales.

Malgré la gravité du sujet, ce dernier est traité avec humour. On retrouve également une féroce caricature de la petite bourgeoisie blanche engluée dans ses principes, ses idées toutes faites.
C'est aussi une belle leçon (du moins pour les années 60) de tolérance avec l'amitié "improbable" entre une jeune blanche et deux domestiques noires.

Selon moi, c'est un roman à lire de toute urgence.
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L'évolution des droits des femmes et l'égalité entre noirs et blancs. On y suit le destin de deux bonnes noires à JACKSON, MISSISSIPI, dans les années 6O. Années de courage et de volonté, elles vont oser raconter leur quotidien dans un livre qui va à l'encontre des lois ségrégationnistes et vont ainsi renverser l'ordre établi.

PS- le film passe sous silence certains détails mais reflète en grande partie le livre.
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J'ai retrouvé une critique de 2012, quand j'ai lu ce très beau roman. Depuis on en a fait un film que j'ai trouvé un peu trop exubérant et même superficiel. Mieux vaut la lecture, donc

Ayant reçu ce livre en cadeau, j'étais tout d'abord sceptique. En lisant les premières pages, le style m'a déroutée, car l'une des héroïnes du roman ne s'exprime pas correctement dans les phrases négatives. Mais j'ai ensuite compris les raisons de ce choix par l'auteur et j'ai été tout de suite prise par l'ambiance du livre et par l'écriture, caractérisant chaque personnage, écriture fluide, drôle et émouvante, sans emphase ni apitoiement, sans la moindre intention de faire une satire ni tomber dans ce qu'on a coutume d'appeler, aujourd'hui, "la démagogie" ou la "bienpensance". L'histoire, vous la connaissez, grâce aux nombreux commentaires qui ont déjà été déposés par les internautes.

Parmi les très nombreux livres qui sortent sur le marché, je n'hésite pas à ranger celui-ci parmi les meilleurs livres contemporains que j'aie lus depuis quelques années déjà, ce roman restera dans toutes les mémoires, à l'opposé des autres balivernes sur-médiatisées que l'on regrette d'avoir achetées et que l'on n'a pas eu la force de lire jusqu'au dernier mot.

Le roman est fort original, parce qu'il est mesuré, réfléchi, qu'il n'offense personne ou ne s'attaque à personne, sauf à la bêtise humaine et à sa vanité, et son intérêt réside dans cette écriture et ce point de vue pudiques et amusants en même temps. Aucune haine ni rancune envers les "blancs" d'une certaine époque, mais juste le moyen de rappeler, à tout un chacun, que la couleur de la peau n'enlève pas les sentiments les plus nobles, bien au contraire, et que les différences demeurent assez ténues entre deux races "différentes".

L'auteur a dû faire preuve d'une grande empathie et sympathie toutes naturelles, et sa psychologie est remarquable comme sa faculté de nous faire revivre ou vivre une époque qui nous semble relativement proche. On pourra aussi s'intéresser au progrès américain des années soixante par rapport au nôtre, où les familles riches bénéficiaient déjà d'un lave-vaisselle, de la télécommande pour la télévision, et de la climatisation.

J'ai fait durer le plaisir le plus longtemps possible, en regrettant que le roman ne fût pas plus long. le suspens nous tient jusqu'au bout - car c'est par lui que se tient tout le livre - et tout en souffrant avec chaque personnage, tout en souriant aussi, nous espérons pour chacun d'eux que le meilleur arrive. Et... Mais chut ! je n'en dis pas plus. Lisez donc et vous verrez !
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Une sorte d'OVNI
Une autrice inconnue au bataillon (qu'avait-elle écrit avant, qu'a-t-elle produit ensuite ? je l'ignore) et un livre arrivé avec une grosse réputation ce qui souvent peut jouer en sa défaveur. Et pourtant, à l'arrivée, voici un livre vraiment excellent, avec de beaux portraits de femmes, une reconstitution historique parfaitement menée, des scènes parfois incroyablement puissantes et drôles. L'expression de "gâteau au chocolat" s'est colorée d'une nuance proprement terrifiante depuis la lecture de ce livre. En somme, sur un sujet parfaitement connu et souvent dénoncé, un livre très fort, très incarné. On n'a qu'un souhait, celui de lire d'autres oeuvres aussi brillantes de cette inconnue célèbre !
le film qui en est l'adaptation m'a paru, comme souvent, largement inférieur, tout en étant plaisant.
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La couleur des sentiments

Ce livre tourne autour de 3 personnages importants. Quel personnage de la liste ne fait pas parti de ce trio?

Skeeter
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