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3,4

sur 281 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
En 1900, l'archipel des îles Flannan en Ecosse fut le théâtre d'un mystère qui passionna l'opinion publique et inspira livres, films et documentaires : la disparition jamais élucidée des trois gardiens du phare d'Eilean Mor. Quand, peu avant la Noël, le phare cessa soudainement de briller et qu'intrigué, le quatrième gardien, alors en congés, se rendit sur place, il trouva une installation verrouillée de l'intérieur, parfaitement ordonnée et en état de marche, mais déserte. On ne retrouva jamais la moindre trace des disparus, et, faute d'explications probantes, l'histoire est entrée dans le folklore écossais.


S'en emparant à son tour, Emma Stonex la transpose en 1972, dans un phare en mer au large de la côte de Cornouailles. L'automatisation des phares n'en est alors qu'à ses débuts, et c'est encore une équipe de quatre hommes qui se relaient à Maiden Rock pour faire fonctionner la lanterne, trois restant sur place huit semaines d'affilée pendant que le quatrième regagne la terre et sa famille pour un mois. Au phare, leur travail monotone leur laisse beaucoup de temps libre, qu'il leur faut gérer dans la promiscuité d'un huis clos qui les isole du monde plus sûrement qu'une prison, dans les conditions parfois dantesques de la mer qui les tient à sa merci. « Rien que de l'eau, de l'eau et de l'eau à des kilomètres à la ronde. Pas d'amis. Pas de femmes. Juste les deux autres, jour après jour, impossible de leur échapper, ça peut rendre complètement dingue. »


Alors quand la relève arrive, parfois avec retard ou dans des conditions rendues acrobatiques par l'état de la mer, les occupants du phare sont normalement sur les dents. Sauf en ce jour de décembre, où l'approche de la navette ne déclenche aucun signe de vie. le gardien-chef Arthur Black, son second Bill Walker et le jeune apprenti Vince se sont volatilisés, laissant quelques indices troublants mais insuffisants pour éclairer ce qui a bien pu se passer. Vingt ans plus tard, un écrivain investiguant à nouveau les faits rencontre les trois veuves. Leurs récits d'abord réservés finissent par laisser craquer les apparences, et derrière le deuil et le chagrin, se profilent bientôt les secrets que chacune s'évertue depuis si longtemps à enterrer sous le poids des remords et des rancoeurs. Entremêlant la parole des trois disparus et de leurs épouses en d'incessants sauts entre 1972 et 1992, la narration nous entraîne dans une quête qui, à défaut de lever le mystère, ne cesse de creuser de nouvelles profondeurs sous la banalité de vies ordinaires, minées par la solitude, la douleur et la peur, au point de faire vaciller les raisons au bord de la folie et de l'irrationnel.


Si la psychologie des personnages compte beaucoup dans ce roman, c'est surtout pour servir le suspense de la narration, au gré d'intrications qui dévoilent la part d'ombre de chacun sans exception, mais chargent aussi un peu la mule dans une accumulation un peu artificielle de mobiles et de responsabilités flirtant parfois avec le fantastique. Emmené sur un terrain truffé de failles derrière les faux-semblants, doutant de chacun tout en frissonnant au bord de l'irrationnel, le lecteur imparablement mordu par la curiosité en reste malgré tout un peu sur la réserve, ceci d'autant plus que l'écriture, certes l'expression de la parole peu littéraire de ses personnages, ne quitte jamais un style très oral, aux phrases minimalistes, encore plus frustrant lorsqu'il ne rend qu'assez discrètement hommage aux écrasantes et apocalyptiques grandeurs de son décor d'exception.


Inspiré d'un mystère qui n'en finit pas de frapper les imaginations, ce livre aux allures de polar a de quoi offrir quelques frissons, entre traîtrises humaines aussi bien que marines, dans le cadre fantasmagorique de la réclusion dans un phare en pleine mer. A lire entre deux lectures plus exigeantes, pour son ambiance plutôt que pour son style, dans un moment de détente addictif et facile.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Au départ, un titre et un résumé qui auguraient un grand moment de suspense et à l'arrivée, une lecture décevante et ennuyeuse.
1972, lorsque la relève arrive sur le phare de Maiden Rock, les trois gardiens qu'ils doivent remplacer ont disparus, la porte d'entrée du phare est verrouillée de l'intérieur et les deux pendules se sont arrêtées sur neuf heure moins le quart. Vingt ans plus tard, un écrivain de renom décide d'écrire sur ce mystère et commence ses investigations par l'interview des épouses des disparus...
Basée sur un fait divers réel, cette histoire aurait pu nous emporter mais le choix de construction de ce récit par l'auteure est désastreux. Emma Stonex nous fait aller et venir entre 1972 et 1992 en mélangeant les versions de chacun des personnages. On subit un salmigondis de banalités, de détails du quotidien sans aucun intérêt et des longueurs narratives où l'on finit par bailler.
Emma Stonex s'autorise certaines envolées lyriques, sans doute pour se donner un style, mais ses errements prosaïques ne font que nous perdre un peu plus.
C'est un naufrage éditorial, à éviter !
Prix des lecteurs sélection 2024.
Traduction d'Emmanuelle Aronson.
Editions Stock, le Livre de Poche, 408 pages.
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Le titre et le sujet de ce roman m'ont attirée.
Ce premier roman s'inspire d'un fait réel survenu dans un phare de pleine mer en Cornouailles : la disparition mystérieuse et inexpliquée de trois gardiens de phare au moment de la relève de l'un d'eux.
Vingt ans plus tard, un romancier décide d'écrire sur ce sujet et surtout de comprendre ce qui s'est passé, il va alors ré-interroger les épouses des gardiens, leurs proches, leurs employeurs.
On est immergés dans le quotidien de ces gardiens de phare qui vivent en autarcie et confinés pendant 2 mois, qui ne choisissent pas leurs équipiers et sont livrés à la solitude. UN mode de vie très particulier qui m'a beaucoup intéressée. L'enquête traîne cependant un peu en longueur.
C'est surtout le cadre et l'ambiance qui m'ont plu.
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Ce roman évoque l'histoire des trois gardiens du phare de Maiden Rock, ayant mystérieusement disparu lors de l'hiver 1972. Arrivés sur place ce matin-là, le gardien chargé de la relève et l'équipage qui l'accompagne font face à un étonnant silence et trouvent porte close. Fait pour le moins étrange, la porte du phare "est fermée de l'intérieur" et lorsqu'ils réussissent à y pénétrer, ils ne trouvent pas la moindre trace des trois hommes. Ces derniers semblent s'être tout bonnement volatilisés. Vingt ans après avoir défrayé la chronique, cet évènement surprenant n'a toujours pas été élucidé. Dans cette optique, le célèbre écrivain Dan Sharp décide de s'emparer de cette énigme et d'aller interroger les veuves de ces malheureux. Peut-être de nouvelles informations permettront-elles de faire enfin la lumière sur ces mystérieuses disparitions. Un synopsis des plus attrayants, surtout si comme moi, vous aimez ce genre d'affaires non classées.
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Dans ce récit qui se présente sous la forme d'un roman choral, Emma Stonex prend le parti d'alterner les époques et les points de vue. Ainsi nous sommes tour-à-tour immergés en 1972 avec nos trois gardiens, puis en 1992 avec leurs anciennes compagnes. Au fil des échanges entre l'écrivain et ces femmes, les contours de l'histoire vont se dévoiler avec davantage de précision. On entre dans l'intimité de leur couple et on conçoit les difficultés d'un tel mode de vie, pour elles comme pour eux. Au gré de monologues parfois diffus, ces femmes se remémorent leurs amants disparus, exhumant les secrets, et réveillant des ressentiments tenaces. Cela dit, j'ai trouvé que ces figures féminines occupaient trop de place dans le roman. Leurs interventions m'ont paru longues et redondantes, et je me suis lassée de leurs états d'âmes et de leurs discours. Un point qui entrave quelque peu le rythme et altère la curiosité suscitée par les évènements de 1972.
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En revanche, j'ai trouvé la parole des gardiens du phare véritablement digne d'intérêt. En cela, Emma Stonex a su tirer son épingle du jeu et nous livrer des personnages attachants, voire assez profonds. Cette partie a su éveiller mon attention, et j'ai été touchée par l'histoire et les souvenirs de ces trois hommes. J'ai été saisie par la mélancolie d'Arthur, par l'optimisme de Vince et par l'austérité de Bill. Car "il faut avoir une sacrée trempe pour supporter d'être enfermé comme ça. Pour supporter la solitude. L'isolement. La monotonie. Rien que de l'eau, de l'eau et de l'eau à des kilomètres à la ronde. Pas d'amis. Pas de femmes."
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Quant à l'atmosphère de cet hiver 1972, elle est des plus réussie. J'ai pris plaisir à observer le paysage marin, à entendre le cri des mouettes et la mer déchaînée. le phare est régulièrement enveloppé d'un brouillard aussi oppressant que le mugissement assourdissant de la corne de brume. La solitude, qui se fait de plus en présente à mesure que les jours passent, corrompt les esprits et nourrit les peurs. Celles qui sont ancrées dans les tréfonds de notre âme. Alors la tension s'installe, nous laissant nous aussi, à fleur de peau et sur le qui-vive. Mais enfin, que s'est-il réellement passé cet hiver-là ? Et pourquoi le temps s'est-il soudainement arrêté, figeant en son sein une scène de vie inachevée, celle d'une "table dressée pour un repas qui n'a jamais été servi" ?
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Une partie relativement passionnante, dans laquelle l'autrice sait ménager son suspense, mais qui ne réussit toutefois pas, à mes yeux, à combler le désintérêt que j'ai éprouvé pour les épouses. La lenteur, que j'apprécie d'ordinaire dans les romans d'ambiance, m'a ici pesé, et la plume de l'autrice n'a pas entraîné d'émotions spécialement intenses. Une lecture en demi-teinte, que l'écoute audio n'aura pas non plus contribué à démarquer, à mon plus grand regret.
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Ma chronique complète est sur le blog.
Caroline - le murmure des âmes livres
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Roman écouté dans le cadre du Prix Audiolib.
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Emma Stonex a choisi de reprendre un mystère datant de 1900 pour son nouveau roman. L'archipel des îles Flannan en Ecosse fut le théâtre d'une disparition jamais élucidée : le phare d'Eilean Mor cessa de briller peu avant Noël. Intrigué le quatrième gardien, alors en congés, se rendit sur l'île pour trouver le phare verrouillé de l'intérieur et nul trace des trois autres gardiens. Jamais on ne retrouva les corps, et le mystère demeura entier.

L'auteure décide d'utiliser cette histoire, entrée dans le folklore écossais, avec le Maiden Rock au large de la côte de Cornouailles. Trois hommes attendent la relève, s'occupant comme il peuvent entre chaque ronde. Les chapitres alternent leur point de vue en 1972 et les propos de leurs dames, 20 ans plus tard, en 1992. Un reporter cherchant à faire la lumière sur ce qu'il s'est passé au Maiden Rock, va tenter de les interroger et de délier les langues. C'est un roman polyphonique où on va en apprendre peu à peu sur chaque protagoniste et comprendre leurs sombres secrets.

Si l'histoire était tentante avec son mystère impénétrable, j'ai trouvé que le roman s'étirait en longueur, perdant de sa saveur. Cela aurait pu être un huis clos dynamique, mais ici, s'attacher aux personnages relève du défi. Ils semblent tous un peu machiavélique et on se perd un peu en chemin.
Dommage, pour ce roman qui me semblait prometteur...
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Inspirée par la disparition inexpliquée des trois gardiens d'un phare au large des côtes Écossaises, cette histoire à la double temporalité nous plonge dans le quotidien de ces hommes, isolés en pleine mer et de l'impossibilité, vingt ans plus tard, pour leurs veuves, d'oublier et de faire leur deuil.

Nous sommes en 1972 lorsque, à plusieurs milles des côtes des Cornouailles, le phare de Maiden Rock est retrouvé sans âme qui vive, alors qu'il devrait abriter trois gardiens : Arthur, Bill et Vincent. Vingt ans plus tard, le mystère reste entier et un écrivain interroge les trois veuves dans l'espoir de collecter assez d'informations afin de les recouper et de, enfin, percer le mystère de la disparition des trois hommes.

A l'aide d'un chassé-croisé entre les époques, Emma Stonex nous entraîne dans l'intimité de la vie de trois hommes reclus et à la merci des éléments, ainsi que dans le quotidien de leurs épouses qui ont vu leur vie basculer du jour au lendemain, sans aucune explication. Au cours des pages, les vies de chaque protagoniste sont dévoilées et les conséquences de la disparition des trois hommes pour leurs compagnes mises en lumière avec finesse.

Si j'ai trouvé cette lecture agréable, elle ne présente, à mon sens, que peu d'intérêt du point de vue littéraire. En revanche, l'atmosphère dans le phare qu'Emma Stonex arrive à instiller m'a beaucoup plu : la routine du quotidien devient peu à peu suffocante et nuisible, jusqu'à questionner la sanité des trois hommes et leurs capacités de résilience.

Un roman aux allures de polar qui, par les circonstances des disparitions, m'a fait penser au mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux.
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Hiver 1972 - Trois gardiens de phare disparaissent mystérieusement.
La table est mise pour trois et leurs affaires sont toujours à l'intérieur du phare mais nulle trace d'aucun d'entre eux.
Vingt ans plus tard, un écrivain, décide de mener l'enquête sur ces disparitions étranges et s'adressent à celles qui étaient leurs femmes et les attendaient à terre.

Les chapitres donnent la parole aux femmes des gardiens en 1992, aux gardiens eux-mêmes en 1972, et offrent parfois de longs monologues des femmes lorsqu'elles sont interviewées par l'écrivain.
Petit à petit, le jour de la disparition, et les mois l'ayant précédé, vont prendre forme et nous allons comprendre ce qui est arrivé à Arthur, Bill et Vince.

J'ai beaucoup aimé l'atmosphère très particulière qui baigne le texte, la mer, à la fois menaçante et attirante, la présence du phare comme un objet de fascination, exerçant presqu'un pouvoir occulte sur les gardiens.
La description de la lente solitude qui peut ronger ces hommes est frappante de réalisme également.

J'ai trouvé la lecture de Christine Braconnier et Guillaume Orsat très adaptée (sauf pour le bruitage de la corne, vraiment très dispensable à mon goût) et servant bien l'ambiance mystérieuse nappant le roman.
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L'histoire est alléchante et le récit est bien construit avec cette vision de l'histoire au travers des femmes des gardiens du phare. Petit à petit on découvre les "faces cachées" des protagonistes et on se demande ce qui a bien pu se passer. Alors oui, on se prend au récit. Contrairement à certaines critiques, je n'ai pas trouvé cela trop long, ni trop lent. En revanche, certains passages un peu "ésotériques" font qu'on se demande ce que cela vient faire dans ce récit théoriquement tiré d'une histoire vraie. le point le plus positif est la description de ce métier très particulier et des conséquences sur la vie, le comportement, le ressenti des personnes concernées tant celles du phare que celles qui restent à terre. Alors oui, quelques explications viennent vers la fin, ce que nous espérions, mais il reste un goût d'inachevé, de déception à la fin. Est-ce dû au fait que la réalité n'est pas vraiment connue avec certitude et ne le sera jamais , ou à ces éléments du récit pour lesquels on n'a aucune explication (ou alors je ne les ai pas vues) comme cette histoire de réparateur "fantôme" (Sid) ou ce que vient faire l'arme cachée par Vince.... Bref, je suis triste car déçu à la fin de cette lecture.
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Avec la généralisation de l'automatisation des phares, le mythe du gardien de phare a acquis, sans doute, une nouvelle dimension, se parant du mystère que l'on confère à ce qui a été rare, et désormais n'est plus. C'est justement d'une disparition dont il est ici question. Une disparition qui plus est bien étrange…
1972. le Maiden Rock dresse son pic majestueux et solitaire au large des côtes de Cornouailles. Très au large : situé à quinze milles nautiques de la terre ferme, c'est par ailleurs l'un des phares les plus dangereux qui soit. Difficile à accoster, son édification a coûté des dizaines de morts, auxquels se sont ajoutés les marins en perdition qui, au fil du temps, se sont heurtés aux écueils qui l'environnent. Lorsque, le 31 décembre, la relève s'y présente, il est désert. le gardien-chef Arthur Black, son auxiliaire William "Bill" Walker, et le jeune remplaçant Vincent Bourne, ont disparu. L'intérieur de l'édifice est impeccable, le couvert y est dressé pour deux. La porte est verrouillée de l'intérieur, et toutes les fenêtres sont fermées.

1992. Dan Sharp, auteurs de romans d'aventures à succès, s'empare de ce fait divers irrésolu, décidé à en percer le mystère. Pour cela il se rapproche des compagnes des trois hommes.

Helen était la femme d'Arthur Black. Depuis la disparition, elle chute, interminablement, dans l'apesanteur et l'incrédulité, sans pouvoir tourner la page, attendant qu'on la rattrape. Elle a déménagé en ville après l'événement puisque, de toute façon, elle n'a jamais aimé la mer. Elle s'est convaincue d'une explication rationnelle au drame -un déferlement soudain a surpris les trois hommes-, appliquant ainsi le principe du rasoir d'Occam, selon lequel "la solution la plus simple est d'ordinaire la bonne". Elle accueille l'écrivain plutôt favorablement, dans son "besoin d'exprimer la véracité de ce qui a été tu".

Jenny, l'épouse de Bill, préfère rester dans l'incertitude, et l'espoir qu'un jour son homme revienne. C'est pourquoi elle est restée accrochée au bout de côte depuis lequel on voit se dresser la silhouette du Maiden Rock. C'est une femme un peu rustre, méfiante, aigrie même, qui regarde beaucoup la télé, la laissant allumée la nuit pour pouvoir, à son réveil, dire bonjour à quelqu'un. Ça l'aide à ne pas ressasser, à occulter le profond mal de vivre qui la hante, elle aussi, depuis vingt ans. Elle n'accepte de se livrer à Dan Sharp que pour contrer les mensonges que ne manquera pas de diffuser Helen.

Michelle enfin, compagne de Vincent, refuse de participer au projet. Elle a tourné la page, refait sa vie, et garde un très douloureux souvenir de la disparition dont il a été admis que Vincent, parce qu'il avait des antécédents judiciaires, était responsable.

Le récit est à la fois lent et tendu, car lourd de secrets entretenus par des allusions de prime abord obscures. La lumière sur l'inexplicable disparition se fait par bribes demeurant longtemps obscures, Emma Stonex installant au fil d'allers-retours entre passé et présent et d'une progression susceptible d'irriter un lecteur impatient, la toile des connexions liant personnages et événements. Les incursions dans l'intimité du phare confrontent la parole des hommes à celles du souvenir des femmes, révélant des incohérences liées aux non-dits, aux mensonges, aux incompréhensions.

Arthur Black, l'imperturbable gardien-chef, s'adresse dans son journal à un tu inaccessible et interdit, dissimule sous ses airs de vieux loup solitaire des ruminations confinant à la démence. Bill aussi rumine, une rancoeur qu'il n'a jamais exprimée parce qu'il est de ceux qui s'oublient pour faire plaisir aux autres et ne pas faire de vague. Drôle de gardien de phare, qui ne sait pas nager, et n'aime pas la mer, échoué là par héritage familial, parce que chez les Walker, ça ne se discute pas, on assure la fonction de père en fils. Vincent, lui, voit le phare comme une planche de salut, projette de passer gardien auxiliaire, pour enfin connaître une vie stable, avec sa fiancée Michelle, et laisser derrière lui le souvenir de la prison et le traumatisme de son dernier larcin. Il aime la simplicité de la mission, cet ensemble de petites tâches qui occupent l'esprit -allumer le phare, faire le ménage, la cuisine…

Je suis entrée dans ce roman (que l'on m'a offert) un peu sceptique, la quatrième de couverture un peu racoleuse et quelques critiques lues ici et là me faisant craindre certaines facilités et un style sans flamboyance. Si l'auteure entretient le suspense avec une lenteur parfois trop étudiée, j'ai apprécié la description, dénuée de tout le romantisme que l'on prête à la fonction, de la vie des gardiens dans le phare, de ces intimités plus ou moins torturées qui se côtoient sans se confronter, qu'elle éventre avec patience, creusant sous les apparences d'équilibre qu'offre le bon fonctionnement du trio. La folie rôde, et on finit par ne plus très bien savoir qui en est atteint… J'ai en revanche trouvé superflue l'introduction de passages vaguement surnaturels auxquels je n'ai rien compris.

Une lecture plaisante, en somme, et finalement moins "facile" que ce à quoi je m'attendais.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Une histoire plutôt originale et intéressante mais j'ai eu un peu de mal avec le style d'écriture. Autant j'ai adoré les récits au style indirect libre, autant jai trouvé le suspens un peu "lourd" avec des allusions telles que "s'ils savaient" assez récurrentes, mais sans (ou presque) d'indice donné.
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