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Critique de mesrives


Petit voyage spatio-temporel avec une des oeuvres d' August Strindberg, le sacristain romantique de Ranö, composé en 1888, qui nous entraîne sur les pas de son héros Alrik Lundsted dans la Suède du 19ème siècle, à la fin du règne d'Oscar 1er (1799-1859) fils unique de Charles XIV Jean qui n'est autre que Jean-Baptiste Bernadotte, le béarnais devenu roi de Suède.

En apparence, il s'agit de l'histoire d'un jeune homme pauvre qui ayant quitté sa province pour la capitale afin d'assouvir sa passion, la musique, espère gravir les échelons sociaux grâce à son don. Mais une fois la lecture avancée, on comprend rapidement que le propos va au-delà du simple récit d'apprentissage. le lecteur pressent que la réalité, notamment ses difficultés financières, vont en quelques mois le ramener à des exigences moindres, l'obligeant à se rabattre vers des objectifs beaucoup moins ambitieux : il ne sera pas professeur de musique (malgré son talent reconnu à l'Académie de musique) mais organiste et instituteur après avoir passer un concours d'aptitude et suivi le Séminaire.

Une défaite personnelle qu'il ne voudra pas reconnaître une fois isolé comme sacristain à Ranö dans un archipel loin du tumulte de la société. Ses lectures, notamment, celles de l'oeuvre de James Fenimore Cooper lui permettront de résister et d'accepter son nouvel environnement.

Si l'histoire débute par la description réaliste des activités quotidiennes du village où Alrik Lundsted gagne sa vie comme commis chez un épicier, dans l'attente d'un départ éminent pour Stockholm, ses aspirations sont vite dévoilées alors que son passé est tu.
Ainsi ce qui apparaît être les simples tribulations d'un jeune homme, plein d'espoir et rêveur, partant à la conquête et à la découverte de la vie artistique et culturelle de Stockholm, se révèle être en fait une incursion dans une âme blessée qui progressivement nous introduit dans un univers où réalité et fantasme se mêlent abolissant la frontière entre les deux mondes grâce au talent d' August Strindberg.

Au delà des anecdotes historiques de la vie et des usages de la Suède du 19ème siècle, au delà de toutes les références culturelles et artistiques (oeuvres de musiciens, de poètes de l'époque) qui ponctuent le récit, l'intérêt de cette lecture réside à mon sens dans l'art et la manière d'amener le lecteur dans l'intimité de son héros, nous le rendant de plus en plus attachant au fil des pages, lorsqu'on comprend pourquoi ce futur jeune artiste à l'imagination fertile s'est réfugié depuis son jeune âge dans le rêve et, que l'auteur nous livre son secret.

Je peux dire que ma première incursion dans l'univers strindbergien (aussi difficile d'écrire qu'à prononcer) m'a séduite et m'a donné envie d'aller plus loin, notamment de découvrir une autre de ses oeuvres, Inferno, un récit autobiographique.
Le seul petit bémol mais Strindberg n'y est pour rien c'est que je ne suis pas musicienne et que certains passages sont emprunts d'une technicité qui m'a un peu dépassé.

Pour les lecteurs non avertis dont je fais partie, la postface d'Elena Balzamo, qui est aussi l'auteur d'une biographie August Strindberg : visages et destin, donne tous les éclairages nécessaires pour comprendre le sacristain romantique de Ranö et l'univers si particulier de Strindberg. auteur, dramaturge, peintre et journaliste à la vie tumultueuse et tourmentée.

Une oeuvre à rapprocher de Niels Lyhne  (Entre la vie et le rêve) publiée en 1880 du poète et botaniste danois Jens Peter Jacobsen  (1847-1885) qui nous emportait aussi dans une balade romantique en suivant le parcours chaotique d'un jeune homme qui lui était issu d'une famille aisée. Mais la ressemblance s'arrête là.

Une lecture émouvante et troublante entre rêve et réalité.
Mais qui est le magicien? L'auteur, August Strindberg ou son héros Alrik Lundsted...
Lundsted serait-t-il le reflet déformé de Strindberg ?

Je vous laisse le soin de supputer sur cette performance en allant mettre le nez dans son oeuvre....
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