Il avait trouvé la boussole de sa vie à venir. Et comme tous les scélérats de génie à qui un événement extérieur trace une voie droite dans le chaos de leur âme, Grenouille ne dévia plus de l’axe qu’il croyait avoir trouvé à son destin.
Il s'apprêtait déjà à tourner le dos à cet ennuyeux spectacle, pour rentrer en suivant la galerie du Louvre, lorsque le vent lui apporta quelque chose : quelque chose de minuscule , d'à peine perceptible, une miette infime , un atome d'odeur et même moins encore, plutôt le pressentiment d'un parfum, qu'un parfum réel, et pourtant en même temps le pressentiment infaillible de quelque chose qu'il n'avait jamais senti.
Au premier coup d'œil qu'il jeta sur M. Grimal, Grenouille sut que c'était là un homme capable de le battre à mort à la moindre incartade.
Le lendemain, tandis que le marquis était en train de lui enseigner les poses, les gestes et les pas de danse qu'exigeait sa prochaine apparition en public, Grenouille simula un accès de vertige et s'effondra sur un divan, apparemment sans force et près d'étouffer.
Le marquis était aux quatre cents coups. Il appela ses valets à grands cris, demanda des éventails et des ventilateurs portatifs et, pendant que les valets couraient s'exécuter, il s'agenouilla auprès de Grenouille, lui fit de l'air avec son mouchoir imprégné de violette et l'adjura, le supplia à deux genoux de se reprendre, pour l'amour du Ciel, et de n'aller surtout pas rendre l'âme maintenant, mais d'attendre si possible jusqu'au lendemain, s'il ne voulait pas compromettre dangereusement l'avenir de la théorie du fluide létal.
Deuxième partie, Chapitre 31.
Notre langage ne vaut rien pour décrire le monde des odeurs.
Deuxième partie, Chapitre 26.
Il voulait extérioriser son monde intérieur, rien d'autre, son monde intérieur, qu'il trouvait plus merveilleux que tout ce qu'avait à lui offrir le monde extérieur.
leur polyphonie olfactive était intolérable, comme un orchestre de mille exécutants ; dont chacun aurait joué fortissimo une mélodie différente.