Je lis très rarement les quatrièmes de couverture et quand je l'ai lit le plus souvent je les oublie. Si j'avais lu la quatrième de Nos coeurs désaccord, j'aurais sûrement passé mon chemin. Mais ne vous laissez pas conter par cette apparente banalité.
Henry Page a dix-sept ans et il rêve du grand amour, à l'image de ses parents passionnés et unis. Henry Page rêve aussi d'être rédacteur en chef du journal de son lycée, c'est là qu'il va rencontrer Grace Town. Cette fille, qui s'habille comme un garçon, n'est jamais coiffé et ressemble à une droguée, semble brisée, alors Henry Page va essayer de découvrir son secret et peut-être la réparer.
Nos coeurs en désaccord commence comme tous les romans young-adult qui parle d'amour adolescent. Deux lycéens différents, l'un est plutôt banal, l'autre est cassé. En général, on nous narre l'histoire du point de vue de celui qui a un lourd passé, mais ici,
Krystal Sutherland nous partage celui de Henry.
Un choix de narration que j'ai trouvé original et judicieux. D'un seul coup, on ne vit plus le traumatisme, le passé destructeur, non, on rentre dans la vie d'un adolescent tout ce qu'il y a de banal. Henry est entouré de ses deux meilleurs amis, Muz, un australien séducteur et Lola, son premier baiser, lesbienne. Ces deux-là sont toujours fourrés chez lui, il faut dire que leurs parents respectifs sont plutôt cool, surtout quand on voit les échanges, parfois délirants entre Henry et ses parents. Il faut dire qu'Henry passe après une soeur ainée, Sadie, ancienne délinquante de son lycée, mais génie scientifique, au look décalé et mère célibataire. Ce beau petit monde gravite autour de notre héros apportant leurs expériences et leurs conseils, mais Henry ne voit que l'amour inconditionnel entre son père et sa mère, et c'est de cela qu'il rêve.
Puis, Grace Town rentre dans la vie d'Henry. Rien ne présageait que la garçon allait être attiré par cette fille discrète, habillée en garçon et marchant avec une canne. Pourtant elle a été sélectionnée pour travailler en binôme avec Henry sur la rédaction du journal du lycée. Entre eux, l'alchimie est effective, des dialogues piquant où se mêlent références à la pop culture et humour désopilant. Petit à petit, Henry tombe amoureux de Grace, mais est-ce réciproque?
A l'instar des vagues, Henry va venir se fracasser sur le silence de Grace, se retirer et revenir. Grace cache plus d'un drame qui l'a laissé vide. Elle dévoile parfois à Henry au détour d'une fête un peu trop alcoolisé, mais reste le plus souvent distante et secrète. Henry, lui, oscille entre cet amour déchirant, cette envie lancinante d'être avec elle et la raison qui lui dit qu'il va se briser. Il apparaîtra égoïste, poussant Grace vers les mots qu'il veut entendre, en même temps comment lui en vouloir. Pendant de nombreuses pages, Henry restera dans l'ignorance, s'adaptant aux humeurs de sa partenaire.
D'ailleurs, je n'ai pas trop apprécié Grace, mais je me demande si ce n'était pas fait exprès. Si la narration avait été de son point de vue, j'aurai été touchée, voire bouleversée par elle. Là, je ne voyais que ce qu'elle taisait à Henry, tout ce qu'il essayait de faire pour avoir son attention et pour la faire sourire. le roman m'a fait beaucoup réfléchi sur ce choix de narration et sur les sentiments qu'elle transmet selon ce choix.
Nos coeurs en désaccord est un roman atypique qui sort des sentiers battus.
Krystal Sutherland dévoile la vie excitante et amer, pas toujours à la hauteur de nos espérances. Henry, gentil Henry, adorable Henry, va connaître les affres du premier amour, cette passion du coeur, et cette douleur du corps. Il va se découvrir, il va trouver du réconfort auprès de ses amis qui se moquent parfois de lui, mais seront un pilier et de sa famille, d'ailleurs, sa soeur sera une bonne surprise au fil des pages.
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