AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le tireur (55)

Il sortit le portefeuille de sa redingote et le lança. Le regard du vieil homme en suivit la trajectoire et il n’aperçut pas l’arme dans la main du cavalier, apparue aussi soudainement qu’une vague de sable soufflée par le vent, ni n’entendit la détonation de la balle qui explosa dans son abdomen, perfora ses organes vitaux et, déviée par la colonne vertébrale, vint se loger et terminer sa course dans la cavité de la hanche gauche. Il lâcha son arme et tomba à genoux, couinant comme un cochon qu’on égorge.

— Seigneur tout-puissant, tu m’as tué !

— Apporte-moi mon portefeuille.

— Je peux pas ! Seigneur tout-puissant !

— Apporte-le-moi, vieux salopard, ou je t’en colle une autre dans le même trou.

La griffe du vieil homme s’agita sur le portefeuille, sa main valide pressée contre son ventre comme s’il s’agissait d’un tonneau débouché se vidant à gros bouillons, puis il chancela jusqu’au cavalier et lui tendit son portefeuille.

— Merci, dit ce dernier en rangeant son arme et son portefeuille avant de reprendre ses rênes.

— Tu vas pas me laisser en plan ici !

— Si. (Le cavalier le scruta.) Mais je vais te rendre un service. Tu as un mal de ventre dont tu ne risques pas de guérir. Tu peux agoniser ou mourir tout de suite. Si tu le souhaites, je t’achève.

— Achève-moi !

— Si j’étais dans le même pétrin que toi, je me sentirais redevable. Je suis bon tireur et tu es déjà bien vieux, et la vie n’a pas l’air de t’avoir fait de cadeaux.

Main Tordue recula, tomba une fois encore à genoux et se mit à sangloter comme un enfant. La bouche ouverte de stupéfaction. De la salive lui coulait sur le menton.

— Comme il te plaira, dit l’homme sur son coussin écarlate, faisant demi-tour pour repartir. N’essaie pas de braquer quelqu’un d’autre avant de mourir, papy. Tu es vraiment nul pour ça.
Commenter  J’apprécie          40
Que pouvait désirer un homme mourant, à l'exception d'une bonne dose charitable de plomb ?
Commenter  J’apprécie          40
Il arborait un Stetson gris, une redingote noire, un gilet et un pantalon gris, une chemise blanche, une cravate grise et des bottes en lézard noires.

Entre le cuir de la selle et son arrière-train, il avait calé un coussin moelleux en velours écarlate orné de glands dorés. Il n’aurait pas supporté le voyage sans ce coussin. Il l’avait volé dans un bordel de Creede, au Colorado.
Commenter  J’apprécie          30
Elle avait quarante ans, pensait-il, un visage ordinaire, un corps puissant, des manches bouffantes et un col blancs, un mari qui, imaginait-il, portait une visière et deux brassards aux manches de sa chemise, passait son temps assis à un bureau, faisait l'amour à son épouse une fois par semaine dans le noir après avoir pris son bain. L'Ouest se peuplait de femmes comme elle, et elles l'intéressaient autant qu'une fiente de hibou séchée.
Commenter  J’apprécie          30
Bond Rogers n’avait pas imaginé qu’il puisse être aussi loquace, ni aussi éloquent. C’était vrai : sous ses airs menaçants, au-delà de la grossièreté, quand s’éteignaient les braises de violence qui se consumaient sans cesse, se trouvait un enfant à l’orteil blessé en quête de consolation.
Commenter  J’apprécie          30
Ça doit faire longtemps que vous n’avez pas regardé un calendrier, Books. On est en 1901. Les jours anciens sont morts et enterrés et vous ne le savez même pas. Vous pensez que cette ville est juste un endroit comme les autres où faire régner une terreur de tous les enfers. Un enfer, c’en est un. Bien sûr qu’on encore des saloons, des filles et des tables de jeu, mais on a aussi l’eau courante, le gaz, l’électricité et une salle d’opéra, on aura un tramway électrique d’ici l’année prochaine et on parle même de paver les rues. On a tué le dernier crotale dans El Paso Street il y a deux ans, dans un terrain vague.
Commenter  J’apprécie          30
Il y avait désormais de nombreux bosques, ou bosquets, qu’il contournait. Mais le sentier l’obligea à passer entre deux arbustes, et alors qu’il s’y employait, un homme surgit d’un buisson et, braquant un revolver antique à barillet, lui croassa de jeter son portefeuille à terre. L’homme était mince et âgé, évoquant au cavalier son propre grand-père qui avait été parfois poussé à commettre des actes désespérés. Il avait la main gauche en griffe, pliée en permanence au niveau du poignet, les doigts raides et écartés. Serrant les rênes, le cavalier fouilla dans sa redingote. Main Tordue agita son revolver en guise d’avertissement.

— Je ne suis pas armé, lui assura le cavalier. Fais attention avec ce revolver.
Commenter  J’apprécie          20
IL PENSA : Quand j’arriverai là-bas, personne ne croira jamais que j’ai réussi un tel voyage à cheval et, Dieu m’en est témoin, je n’y croirai pas non plus.

Il était midi en cette journée maussade. Le soleil était pareil à un œil injecté de sang dans la poussière. Son cheval souffrait d’une fistule. Une friction entre la selle et la couverture, une épine, un caillou ou un nœud de ficelle avait créé un abcès au niveau du garrot, profond et purulent, et l’unique traitement, il le savait, aurait été de cautériser la plaie et de la laisser sécher à l’air libre sans remonter sur l’animal, mais il ne pouvait pas s’arrêter. Si le cheval souffrait, l’homme souffrait davantage encore. C’était son neuvième jour de voyage, et le dernier.
Commenter  J’apprécie          20
Il chevauchait au pied des Organ, une chaîne de montagnes désolée qui s’étendait au sud et à l’est à travers des plateaux sablonneux ridés de vaguelettes desséchées. Il avait fixé à l’arrière de sa selle une valise noire et une cafetière en porcelaine. Le couvercle avait émis un claquement monotone toute la matinée. Il s’arrêta et, pivotant lentement, il détacha la cafetière, se tourna à nouveau et la lança aussi haut qu’il put dans les airs. Il comptait dégainer et tirer pour la cribler de balles avant qu’elle ne touche terre, mais l’effort de son lancer lui provoqua une telle douleur dans l’aine qu’il ne parvint pas à dégainer. Il s’affala, agrippa le pommeau de sa selle et la cafetière heurta le sol, roulant au bas d’une vaguelette de sable, claquant et claquant encore.
Commenter  J’apprécie          20
- Sachez juste ceci. Ma vie n'aura jamais rien valu. Mais peut-être que ma mort, elle, si.
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (392) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les personnages de Lucky Luke

    Je suis le personnage secondaire "réel" le plus présent dans la série et je fais ma première apparition dans l'album "Hors-la-loi". Dès ma deuxième apparition, dans "Lucky Luke contre Joss Jamon", je prends les traits d'un jeune bandit coléreux, petit, nez retroussé, taches de rousseurs et incisives en avant, je suis la parfaite caricature des jeunes adolescents.

    Lucky Luke
    Jolly Jumper
    Rantanplan
    Joe Dalton
    Billy the Kid
    Calamity Jane
    Roy Bean
    Buffalo Bill
    Jesse James
    Sarah Bernhardt
    Wyatt Earp
    Abraham Lincoln
    Edwin Drake
    Mark Twain
    Allan Pinkerton

    15 questions
    154 lecteurs ont répondu
    Thèmes : bd jeunesse , bande dessinée , bande dessinée humour , western , western humoristique , bd franco-belge , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

    {* *}