Les infidèles

Dès les premières pages, le style m'a rebutée. Descriptions physiques en détail de la beauté. Mépris pour les ‘petites gens', parce que, eux bien sûr, ils sont toujours moches. Des métamorphoses du n'importe quoi. Des personnages qui apparaissent comme un chien dans un jeu de quilles. Une fournisseuse de mensonges pour amateurs d'aventures adultères qui se déplace avec une femme qu'elle a inventée. Un flic qui rêve de son collègue au corps parfait. Quelqu'un qui semble jouer aux jeux vidéo. Page 50 : stop !

J'ai essayé. Dès le début, je n'ai pas été convaincue par les monologues intérieurs frisant le dédoublement de personnalité. le fait qu'ils se multiplient et contaminent bon nombre de personnages m'est apparu ensuite comme un moyen de brouiller les pistes. Un moyen bien peu subtil. Et de répondre ainsi aux codes du polar. Soit. Tuer quelques uns des principaux protagonistes en cours de roman fait également partie, depuis les 10 petits nègres, de ce qu'il est possible de faire dans un roman policier. Bâtir une intrigue parallèle entre les deux enquêteurs aussi. Et jouer sur un enchevêtrement de mobiles. Et accumuler les profils dysfonctionnels. Et les mobiles fouillis foutraques.
Il faut tout de même, à mon sens en tout cas, qu'il reste une structure à l'ensemble. Qu'une cohérence interne au roman se dégage de tous ces parti-pris. Là, ça tire dans tous les sens, le lecteur ne peut se raccrocher à aucune vraisemblance et je ne vois pas ce qu'on est censé y gagner à la fin. Est-ce l'affirmation d'un geste esthétique ? La revendication d'une posture philosophique anarcho mystique ? Ca m'a plutôt donné l'impression d'une narration qui n'a pas su faire de choix et qui a cru masquer ses incohérences derrière une accumulation brouillonne.

Une intrigue qui se traîne et finit par lasser, des personnages qui apparaissent pour rien et polluent le fil de l'histoire, des longueurs...
Bref à éviter.
Tout ne sert peut-être qu'à mettre en valeur une histoire gay. Mais là on change de genre et de registre.