Ça commence par un e-mail anonyme et sibyllin reçu par tous les membres d'une famille qu'on va qualifier de bourgeoise pour schématiser. Il y est question de Geronimo et ce nom, pour Philippine, l'une des destinataires du message, évoque naturellement le grand chef apache mais surtout quelqu'un de très proche : son père, qui s'est suicidé alors qu'elle n'était qu'une enfant et qu'on surnommait ainsi. Philippine, bouleversée, confie à son amie Louise Morvan, qui est détective, la mission de découvrir l'auteur des courriels et ses motivations.
Louise, en menant son enquête, soulève des couvercles qui maintenaient confinés des remugles nauséabonds comme c'est souvent le cas dans les familles ; elle exacerbe aussi, volontairement ou non, les dissensions préexistantes. Bien vite, elle s'aperçoit qu'une autre personne poursuit des recherches parallèles aux siennes, employant des méthodes plus expéditives, certes, mais aussi nettement plus efficaces que ses entretiens avec les hommes et les femmes de la famille qui livrent les informations au compte-gouttes, quand ils acceptent de la rencontrer. Louise, qui se remet à peine d'une rupture sentimentale avec un commissaire de police (lequel intervient également dans l'histoire à partir du moment où un meurtre est commis), décide de continuer ses investigations quand elle se retrouve face à face avec cet enquêteur musclé et quelque peu inquiétant, beau mec toutefois, qui lui propose une collaboration.
Dominique Sylvain, auteure de polars tout à fait honorables, a deux qualités : elle met en scène depuis longtemps des femmes flics ou assimilé (Louise Morvan, le duo Ingrid et Lola) et elle aborde des problèmes actuels (ici les OGM) qui dépassent largement le cadre de l'enquête policière de quartier, même si elle affectionne cette dimension pittoresque.
De Dominique Sylvain, j'avais adoré Guerre Sale. La sélection pour Meilleurpolar.com de la nuit de Geronimo est l'occasion de découvrir un autre de ses personnages récurrents, à savoir Louise Morvan.
Philippine Domeniac, médecin légiste à Paris, s'installe dans le village familial alors qu'apparaissent des messages quotidiens par e-mail, illustrés par une photographie de son père Thierry : Geronimo n'a tué personne, Mais qui a tué Geronimo ? Elle décide de faire appel à Louise Morvan pour résoudre ce mystère concernant son père, génie de la génétique qui s'est suicidé 25 ans plus tôt.
Les suspects peuvent être n'importe qui, mais il faut regarder d'abord chez les habitants du village et en particulier les membres de la famille. le grand-père, Jean-Pascal, psychiatre renommé, pourrait bien être à même de venger son fils chéri. Sa femme, atteinte d'une maladie mentale, semble hors du coup. Mais que dire de son garde malade Pierrick ? A moins qu'il ne faille chercher du coté de Hadrien, le frère cadet, riche homme d'affaires, ou de sa femme Judith, célèbre propriétaire d'une galerie d'art. Il y a enfin les cousins de Philippine, Stanislas propriétaire de média et Edouard avocat.
Une belle brochette en perspective, avec des secrets de famille et des amitiés et inimitiés qu'il va falloir démêler comme une pelote de laine. Finalement, le mystère va être plus sombre qu'une simple histoire de corbeau.
C'est mon premier épisode de Louise Morvan, et je me dois de rassurer les futurs lecteurs de ce roman, nul n'est besoin d'avoir lu les autres pour suivre cette enquête. le début m'a fait penser à un roman d'Agatha Christie, avec des psychologies bien esquissées et des non-dits prometteurs de lourds secrets croustillants. Mais au milieu du bouquin, le ton devient plus noir, le thème plus sérieux et le sujet plus complexe voire plus compliqué.
Le personnage de Louise Morvan est tout de même un personnage hors norme, sorte de femme faite d'acier, avec des fissures affectives. Elle nous parait forte, protégée derrière une armure qu'elle s'est forgée, mais on la voit aussi fragile, à la merci d'un homme qui va la faire patienter et la faire craquer. Et les hommes qui craquent pour elle sont délaissés sur le paillasson comme des traces de boue.
Ce roman est à réserver aux amateurs de romans policiers, qui feront le pas vers le royaume du roman noir par la même occasion ; un mélange des genres qui n'est pas sans me déplaire, mais qui pourra en dérouter certains. Malgré cela , la narration est impeccable, les dialogues très bien construits et on ne peut qu'adhérer à ce très bon polar. Avec cette agréable impression que Dominique Sylvain nous aura mené par le bout du nez du début jusqu'à la fin.
Elle s'appelle Louise Morvan, conduit une Aston Martin expirante, a ancré son QG dans un bistrot sinistre, c'est un est joli brin de fille, elle est en outre une emmerdeuse de première, toutes les raisons de suivre Louise dans son enquête.
Elle met le nez dans la sombre histoire du clan Domeniac à la demande de Philippine Domeniac, médecin légiste qui a reçu un email faisant référence à Thierry Domeniac, le père qu'elle a à peine connu, surnommé Geronimo par son entourage, scientifique génial et précoce qui s'est suicidé lorsqu'elle avait 5 ans.
Elle demande l'aide de Louise pour enquêter car toute la famille Domeniac a reçu l'email, le patriarche Jean-Pascal psychiatre auprès des tribunaux, son épouse en perdition Caroline et l' aide de vie de celle-ci Pierrick, l'oncle Hadrien brillant homme d'affaires et brasseur d'argent et patron d'un laboratoire de génie génétique, les deux fils d'Hadrien, Stanislas et Edouard respectivement patron de presse et avocat.
Démêler les fils de ce noeud de vipères ne va pas être simple pour Louise d'autant que Philippine a aussi fait appel à la police officielle et au commissaire Clémenti, pas de bol pour Louise car Serge Clémenti est son ex ....
L'envoi des emails se fait journalier, qui est le corbeau ? pourquoi ranimer le fantôme de Thierry Domeniac ce précurseur des recherches sur les OGM ? Personne n'est enchanté de voir déterrer cette vieille histoire de suicide.
Ajouter à ce problème la filature dont Louise Morvan est l'objet par un motard très très attirant mais très très suspect, vous voilà embarqué.
Un polar sympathique, bien ficelé, des personnages bien campés. Dominique Sylvain que je lis pour la première fois m'a séduite, l'intrigue est bien menée, suffisamment complexe pour que le suspens soit bien présent, c'est un bon polar habile et cette petite Louise Morvan a tout pour plaire.
Dominique Sylvain est moins connue que Fred Vargas et c'est bien dommage, je vous propose de réparer cette injustice.
Sylvain Dominique, - "La nuit de Géronimo" - Viviane Hamy, 2009 (ISBN 978-2757817742)
Quel navet ! L'auteur tente de compenser son absence de talent d'écriture par une profusion d'intrigues emmêlées les unes dans les autres, qui finissent par ne plus être crédibles du tout et lasser le lecteur, surtout lorsqu'elle entrecroise rien moins que la thématique des OGM avec le trafic de la drogue, de la Colombie à Moscou.
Le personnage central de Louise Morvan présente l'intérêt de montrer le mode de vie féminin dont rêve cette couche sociale particulière des "bobos", mais il ne s'agit ici que d'un médiocre compendium des lieux communs traînant dans les magazines féminins de cette obédience.
Finalement, l'intérêt principal de ce roman réside dans la consternante évocation de ce que ce type de milieu appelle "la musique", à savoir un condensé de vociférations (en anglais, bien évidemment) d'une consternante platitude, soutenues hélas par le bruit infernal de percussions sottement répétitives et ne visant qu'à provoquer un état d'hystérie corporelle nommé "danse", le tout dans le mépris le plus total des pauvres voisins obligés de supporter ce vacarme. On a là un tableau complaisant de l'une des plaies majeures de la vie quotidienne de notre époque, reflétant à merveille l'état catastrophique de l'art musical de masse matraqué par les médias au service des firmes empochant l'argent des gogos.
Un polar comme je les aime : une intrigue un peu alambiquée, mais rigoureuse, mariant des thèmes assez divers (famille, science, amitié, secrets et... d'autres choses), une construction solide, des personnages et un cadre réalistes, bien dessinés. une plume alerte mais soignée, quelques fausses pistes et surprises dans le déroulement et, très important, pas de boucherie répugnante et inutile (qui masque souvent des carences sur les autres critères).
J'avais choisi ce roman au hasard, histoire de découvrir autre chose que Michael Connelly, Fred Vargas ou Arnaldur Indridason et je ne suis pas déçu : pour les raisons évoquées ci-dessus, Dominique Sylvain prend très bien sa place dans ce groupe d'auteurs que j'apprécie.
Il ne me reste qu'à découvrir les autres oeuvres de cette autrice.
Roger-Jon Ellory : " **** le silence"