🚀 le « background » de cette aventure intersidérale vaut le détour : les femmes occupent majoritairement les postes à responsabilité et de pilotes de vaisseaux spatiaux notamment. Pourquoi ? Parce que les hommes sont considérés comme faibles, incapables de procréer tout juste bons à fournir leur semence, ils sont très malades lors des voyages supraluminiques sans que la médecine ne puisse y faire grand-chose, ils se retrouvent ainsi être des citoyens de seconde zone, etc. >>> Je ne veux pas tout dévoiler mais tout ceci annonce déjà la couleur, n'est-ce pas ?
Sur la planète Clamoria, la reine est souffrante mais n'a qu'un enfant qui se trouve être un garçon. Elle décide donc d'en faire une fille afin qu'il puisse prendre sa place dans l'avenir. Cependant, l'enfant est kidnappé et l'Agence envoie la capitaine Akatz pour faire la lumière sur cette affaire. >>> Obliger un individu à changer de sexe sans quoi il ne peut hériter du pouvoir est aussi un point de départ intéressant, non ?
Je ne dis évidemment pas que j'adhère mais je trouve que ce renversement des rôles genrés attise la curiosité autant qu'il apparait déroutant.
🐱 J'ai tout de suite adhéré au personnage principal, hybride mi-chat mi-humaine, bien que ce ne soit pas d'une grande originalité. Akatz pose la question de la différence et du racisme, puisque sur Clamoria, les hybrides ne sont pas très bien vus. Et puis, il y a son coéquipier, Isidore qui s'est offert une place dans l'Agence, où les hommes sont rares, en grugeant. Il apporte ainsi un regard différent sur ces organisations matriarcales. Enfin, parmi les personnages qui valent leur pesant d'or : les IA. Rien que le nom de certaines est marquant : CEstAVosRisquesEtPérils (IA de protection, sécurité du palais royal), JeSuisTropBelle (IA de la voiture de luxe)… Et encore Polaris, IA du vaisseau, qui exècre Isidore pour être simplement un homme, introduisant ainsi joutes verbales sarcastiques et malaises.
➡️ de façon générale, le "traitement" de la question masculine met mal à l'aise. Les rôles sont franchement inversés et ces messieurs ont droit à des « on a laissé trop de liberté aux hommes », « ils ne se rendent pas compte de tous les avantages qu'ils ont », « et après, les hommes osaient venir se plaindre d'être moins bien considérés que les femmes dans l'Empire », « quand vous déciderez-vous donc à vous comporter en femme ? Cessez donc de vous faire marcher sur les pieds ! »… S'ajoutent mépris, dédain, indifférence, rabaissement de leurs compétences… Les hommes ont même intériorisés d'être des personnes inférieures. Cet aspect est ce que je trouve de plus réussi dans le roman. Cela permet de prendre conscience des mêmes mécanismes – inversés – dans nos propres sociétés patriarcales.
Quant à l'histoire, elle m'est apparue, ma foi, plutôt sympathique, rythmée et agréable à lire.
Le style est limpide, avec une féminisation généralisée pas inintéressante.
Un tic d'écriture a toutefois fini par me fatiguer : l'utilisation répétée du verbe "arborer". Peut-être pourrait-elle « porter une bague » plutôt qu'« arborer une bague », ou encore tout simplement « sourire », plutôt qu'« arborer un sourire » quelque fois… Il faut croire que la lecture répétitive du mot "arborer" est dangereuse pour ma santé.
Pour conclure, je qualifierais ce court roman de Pulp SF qui, avec une légèreté de surface, fait tout de même réfléchir sur les rôles sexués dans nos sociétés. Plutôt réussi, sympathique, vite lu mais pas vite oublié.
En bonus, deux nouvelles, plaisantes, nous en apprennent un peu plus sur l'héroïne et sa rencontre avec son second.
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