Progressivement, je devins plus conscient de ma solitude et j'eus très envie d'avoir un ami. Tous mes camarades de classe en avaient au moins un... Et pour la plupart plusieurs. Je passais des heures éveillé la nuit à regarder le plafond et à imaginer ce que ce serait d'avoir un ami. J'étais sûr que d'une manière ou d'une autre, cela me rendrait moins différent. Peut-être alors, pensais-je, les autres enfants ne trouveraient pas que je suis bizarre. Que mon petit frère et ma petite sœur aient des amis, avec qui ils jouaient après l'école ne m'aidait pas. Je ne pouvais pas comprendre pourquoi ces enfants ne parlaient pas entre eux de choses vraiment intéressantes comme les pièces de monnaie, les marrons, les nombres et les coccinelles.
Quand je me sentais très stressé, je comptais les carrés de 2 : 2, 4, 8, 16, 32... 1024, 2048, 4096, 8192... 131072, 262144... 1048576. Les nombres correspondaient à des formes qui me rassuraient.
P70: Les autres encore
" Certains des enfants me houspillaient ou me taquinaient parce que je n'avais pas d'amis. Heureusement, ils finissaient toujours par s'ennuyer et par partir parce que je refusais de me battre avec eux. De telles expériences renforçaient mon impression d'être d'ailleurs et de ne pas faire partie de ce monde-là."
Quels que soient le moment ou l'endroit où je me trouve, les nombres ne sont jamais loin de mes pensées.
C'est quelque chose de rassurant pour les autistes de communiquer avec d'autres personnes par internet.
« Le sentiment de ne jamais être tout à fait à l'aise ou en sécurité, d'être toujours d'une certaine manière à part ou exclu, me pesait toujours. » (p. 69)
« Penser à des nombres m'apaise. Les nombres sont mes amis, ils ne sont jamais loin de moi. Chacun est unique et possède une personnalité propre. » (p. 8)
P66: Les autres
"Je ne me souviens ni du nom, ni du visage d'aucun des enfants de mes premières années d'école. J'ai toujours eu le sentiment qu'ils étaient quelque chose dont il fallait s'accommoder et se contenter, quelque chose au large de quoi il fallait naviguer plutôt que des individus à connaître ou avec lesquels jouer."