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Critique de kuroineko


Après le grand tremblement de terre du Kantô en 1923, Tanizaki Junichirô partit s'installer dans la région du Kansai (Kyoto-Osaka). Lui qui s'était intéressé de près à l'occidentalisation de son pays depuis le début de l'ère Meiji, il revint alors vers le Japon d'avant et ses traditions.

Le coupeur de roseaux appartient à cette veine. le narrateur qui approche de la cinquantaine est un double parfait de Tanizaki. Une fin d'après-midi, à la mi-septembre, ce personnage partit pour une promenade vers le sanctuaire de Minase, dressé en l'honneur de Gotoba, empereur caché du XIIIème siècle. le sanctuaire se dresse à l'endroit où le souverain possédait une vaste demeure, pas très loin de sa capitale Heian-Kyo, le nom de l'ancienne Kyoto. le narrateur compte profiter du spectacle de la pleine lune de ce mois, qui fait l'objet au Japon d'une célébration appelée "Tsukimi" (littéralement, "regarder la lune") où l'on contemple l'astre lunaire, si possible sur l'eau pour bénéficier des reflets, et avec du saké.

L'âme empreinte de nostalgie douce, le narrateur évoque chroniques et poèmes de l'époque médiévale. Assis près des roseaux sur un banc de sable au milieu de la rivière, il est accosté par un homme sensiblement du même âge que lui. Cet inconnu partage son saké avec le narrateur avant de lui confier l'histoire de son père et de sa relation avec la superbe et raffinée O-yū, jeune veuve et mère d'un petit garçon, dont il épouse la soeur cadette O-Shizu. S'ensuivent des relations très ambiguës non dénuées d'une certaine perversité entre le trio.

Tanizaki met tout son talent d'évocation dans ce récit très contemplatif. Comme son double fictionnel, on se laisse bercer par la poésie fantasmatique de cette nuit d'automne où une légère brume floute et adoucit les contours des choses. On se laisse prendre à l'histoire narrée par linconnu, au charme vénéneux d'O-yū et du trio. Tanizaki aime et excelle à mettre en scène des personnages aux comportements troubles (cf. sa première nouvelle "Le Tatouage" ou son roman le chat, son maître et ses deux maîtresses, entre autres).

L'ensemble forme une sorte de conte onirique dont on ressort comme d'un rêve.
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