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Cécile Sakai (Traducteur)Jean-Jacques Tschudin (Traducteur)
EAN : 9782070401673
224 pages
Gallimard (23/01/1997)
3.73/5   103 notes
Résumé :
Dans ce brillant divertissement, que l'on peut aussi lire comme une variation sur l'obsession, la jolie petite chatte Lily sert d'otage à une relation triangulaire traitée avec humour, dérision et ironie, sans exclure quelques précieux instants de gravité ou d'émotion.

Trois nouvelles antérieures, où l'on voit se construire, pierre après pierre, la cohérence de l'œuvre de Tanizaki, complètent ce volume.
Que lire après Le chat, son maître et ses deux maîtressesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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La nouvelle qui donne son titre au recueil n'est pas sans rappeler "La chatte" de Colette. On retrouve ici aussi un homme plus passionné par sa chatte Lily que par ses deux épouses successives. L'animal finit rapidement par cristalliser la jalousie des deux femmes, qui l'associent à la position de favorite illégitime. le maître est quelqu'un de nonchalant et peu réfléchi.
Suite à leur séparation, sa première épouse réclame la garde du chat. Lily devient alors un enjeu stratégique dans la tentative de reconquête de son ex-mari.
Entre manipulations féminines et situations de vaudevilles, on passe un agréable moment avec cette histoire. le ton de Tanizaki se fait comique et mordant devant les travers de ce trio, voire quatuor, amoureux.
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Il s'agit en réalité d'un recueil de nouvelles dont la principale (115 pages sur 190) donne son nom au recueil. Vu son importance, je parlerai surtout de cette dernière.

Nous y découvrons le gros Shōzō, indolent jeune homme qui a hérité d'un magasin de couleurs situé le long d'une route de la région de Kobe où ne passe plus grand monde, et qui s'accommode fort bien de sa situation, d'autant qu'il vit en compagnie de sa mère, O-Rin, de sa seconde femme Fukuko, capricieuse, mais provenant d'une famille riche, et surtout de sa chatte Lily.
Shōzō n'est guère romantique, il est manipulé par sa mère et utilisé par son épouse, mais dans sa vie simple, il n'a qu'un seul véritable plaisir : la complicité et l'affection qu'il partage avec sa chatte. Hélas, au début de l'histoire, sa première femme, l'industrieuse Shinako, qu'il a abandonné sans le sou, vient réclamer à sa nouvelle épine la « garde » de Lily. Fukuko, jalouse de l'affection que Shōzō donne à son chat, persuade ce dernier de confier Lily à son ancienne femme, et ce dernier, après quelques molles protestations, se laisse convaincre. 

Shinako, qui au départ voyait la garde de Lily comme un moyen de reconquérir son mari, va découvrir la tendresse que peut donner un animal, alors que Shōzō va tenter de savoir ce qu'est devenu l'animal cher à son coeur.

Cette chronique nous offre le portrait savoureux d'un homme tendre et malheureux, qui n'a trouvé l'amour que chez un animal alors même qu'il est environné de femmes qui, chacune à sa façon, éprouvent de l'amour pour lui sans être capables de le lui montrer.
L'écriture de Tanizaki est limpide, sa description de la vie quotidienne (nous sommes en 1936), des sentiments et de leur évolution chez les différents protagonistes est remarquable. L'histoire est parsemée de références à la nature toute proche, aux temps et aux saisons, alors que l'absence de Lily grandit dans le coeur de Shōzō et que cette dernière attendrit la feinte inflexibilité de Shinako. 

Tous ceux qui ont eu la chance de partager l'amitié d'un chat se retrouveront aussi dans les scènes où Lily apprivoise les humains que le destin met sur sa route, et ils ressentiront aussi les doutes et les peurs de Shōzō, tout comme l'attendrissement de Shinako devant cette incarnation de l'impérieuse nécessité féline.

La nouvelle suivante, le petit royaume, nous raconte les déboires d'un instituteur expérimenté, Kaijima, qui s'enfonce dans la pauvreté tout en faisant face à un élève particulièrement retors doté d'un charisme exceptionnel. La description des difficultés de Kaijima parlera particulièrement, hélas, aux professeurs qui reconnaîtront, malgré la distance (cette nouvelle a été publiée en 1918, il y a plus d'un siècle) certaines des difficultés de leur métier. 

Tanizaki, là aussi, décrit fort bien la lente dérive d'un homme qui, de renoncement en renoncement, de petits sacrifices en grandes accommodations, va mettre en péril sa raison.
Les deux dernières nouvelles sont plus humoristiques, elles mettent en scène les deux mêmes personnages, à savoir le narrateur, un journaliste, et un universitaire enseignant la philosophie, le professeur Radō, qui donne son nom aux deux récits (Le professeur Radō et sa suite le professeur Radō revisité). 

Le premier récit met un journaliste aux prises avec le « célèbre » professeur Radō, personnage mutique, ce qui n'est pas un caractère facilitant son interview. Notre journaliste, déçu de prime abord par l'accueil qui lui est réservé, découvrira que le sérieux du personnage n'est qu'une façade. La seconde histoire le met de nouveau en présence de l'énigmatique professeur, qui semble fort attiré par une mystérieuse danseuse, sur laquelle notre malicieux journaliste va se faire un plaisir d'enquêter. 

Il s'agit là de deux nouvelles très courtes dans lesquelles Tanizaki s'amuse du sérieux de façade des universitaires des années folles, mais il faut tout de même préciser que l'humour a changé en un siècle, et que ce qui faisait rire au japon dans les années folles fera simplement sourire ici. Toutefois, ces récits sont intéressants pour la maîtrise narrative dont ils sont le support, car écrire des dialogues avec un personnage quasiment muet est un tour de force que Tanizaki parvient à exécuter avec brio.

 Le chat, son maître et ses deux maîtresses est donc un excellent recueil où Tanizaki montre les différentes facettes de son talent d'explorateur des passions humaines. La nouvelle principale est l'occasion de montrer comment, sans mièvrerie aucune, un chat peut être le pivot d'une histoire, ce que savent, depuis Soseki, tous les auteurs japonais… et tant d'autres !
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Ce premier récit "Le chat, son maître et ses deux maîtresses" est Une comédie ou est présente La ruse et la manipulation des femmes. l'objet de toutes les convoitises et les haines est une chatte nommée lily. Autour de cet animal, les passions se déchaînent : un maître faible et sans ambition plus passionné par Lily que par les femmes qui l entourent. Sa première épouse qui veut se venger du complot qui l a exilé de la maison, sa nouvelle femme par contre est jalouse de la chatte et craint la fourberie de première femme. Et par dessus la mère du maître qui essaye de tirer les ficelles.

La chatte devient alors un catalyseur qui va déchaîner les passions.

Une comédie des plus humoristiques ou tout les passions et les ruses féminines vont se déchaîner tout cela autour de lily qui ne cherche qu'a se blottir au chaud.

Le professeur Rado : un journaliste attend longuement le professeur Rado pour une interview. Il est connu pour son caractère détestable et égoïste. le journaliste va s en rendre compte. Il fait tout pour déconcentrer ce jeune journaliste, répondant évasivement, rotant et soupirant. En le quittant le journaliste voit dans le jardin une jeune fille dans le jardin, il la suit...

Une suite a cette première nouvelle, le journaliste rencontre de nouveau le professeur à un spectacle de prestidigitation. l'interview est aussi peu intéressante, mais le professeur semble s' intéresser a une jeune artiste...Une odeur soufrée de fétichisme et de relation sado masochiste entoure le professeur.

Le petit royaume : Kajima est un être plein d ambition mais également timoré et sensible. Peu a peu il va voir fondre ses ambitions. Il finit professeur dans une petite ville, puis malgré des qualités indéniables de pédagogue il se fait submerger par ses élèves

Des nouvelles qui conte soit les faiblesses des êtres, soit leurs obsessions. Sous la plume de Tanizaki, la peinture de ces personnage est teintée d'un humour acide.
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Un homme plutôt dilettante et à la personnalité un peu inconsistante a épousé successivement deux femmes qui se jalousent mutuellement. Au milieu se trouve une chatte écaille de tortue vieillissante qui catalyse les frustrations et névroses des uns et des autres en créant une sorte de trait d'union ou au contraire en les opposant. Elle acquiert au fur et à mesure une présence de plus en plus forte qui lui donne pratiquement une place de troisième épouse dont la personnalité à la fois séductrice et mélancolique est formidablement bien caractérisée. Ce court roman est à la fois caustique, drôle, intelligent et émouvant. Les portraits successifs de ce chat notamment sont très réussis et le final désenchanté. Je connais encore trop peu Tanizaki mais je sens qu'il ouvre un continent qui va me plaire beaucoup.
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Un court roman et trois nouvelles par un célèbre écrivain japonais. Un même fantasme habite les pièces ici rassemblées : comment les "faibles" peuvent nous gouverner ? Qu'il s'agisse de la chatte Lily du roman-titre, de l'élève Numakura ("Le petit royaume") ou du professeur Radô ("Le professeur Radô", "Le professeur Radô revisité"), des êtres que le destin a placés dans une condition inférieure se révèlent capables de connaître les failles qui sont en chacun de nous et s'en servir pour assurer leur pouvoir. Une fine analyse psychologique, flirtant avec le fantastique tant les situations décrites nous paraissent invraisemblables, mais s'appuyant pourtant sur des observations bien réelles. Bien que l'on soit dans le Japon impérial resté encore très peu imprégné par la culture occidentale, le message est universel et s'adresse au lecteur d'aujourd'hui, tous continents confondus…
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
[La chatte] avait surtout des prunelles immenses, très mobiles et vivaces, ravissantes en toutes circonstances, qu'elle fût en train de quémander des câlins, de faire des bêtises, ou tapie à l'affut; le plus drôle était ses colères, car bien que menue, c'était un vrai fauve : le dos arqué, les poils hérissés, la queue dressée toute droite, elle bandait les muscles de ses pattes et fixait sans ciller l'adversaire, offrant ainsi un tableau qui invitait forcément à sourire, tellement elle évoquait un gamin qui joue à l'adulte.
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Un mari qui commande un plat détesté par son épouse dans le seul but de faire plaisir à sa chatte, en allant jusqu'à prétendre que c'est son menu favori pour sauver les apparences!... L'éclatante vérité était que si la chatte et épouse était placées sur une balance, l'animal pèserait plus lourd.

(Le chat, son maître et ses deux maîtresses, p30)
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Ensuite, elle éteignit en toute hâte et s'enfouit enfin dans sa literie. Mais à peine une minute plus tard, l'odeur de vieux foin se glissa soudain près de son oreiller, et une chose au poil souple comme du velours s'introduisit en soulevant par à-coups le futon de dessus. Et la chose continua de s'enfoncer en poussant de la tête, descendit jusqu'aux jambes, remua quelques temps dans ces parages, puis remonta pour fourrer son museau dans l'entrebâillement du kimono de nuit, contre la poitrine et n'en bougea plus. Bientôt elle fit entendre un ronronnement excessivement sonore, comme au comble de la félicité.
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Ce n'est qu'une bestiole, mais quelle sensibilité dans ce regard ! se dit Shozo. C'était un mystère en effet, car ces yeux brillant durement dans la pénombre du placard n'était plus ceux d'un malicieux chaton, ils étaient devenus à l'instant ceux d'une vrai femelle, débordant d'une coquetterie, d'un érotisme et d'une mélancolie ineffables.
(Le chat, son maître et ses deux maîtresses, p52)
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-Tu ne comprends pas pourquoi ça ne va pas ? Enfin, réfléchis un peu. C’est pas du tout que je sois jalouse d’un chat, vraiment pas. mais je t’ai préparé des chinchards marines au vinaigre à ta demande expresse, parce que tu les aimes, alors que moi je les déteste, je te l’ai déjà dit. Et avec ça, au lieu de les manger toi-même, tu n’as pas arrêté d’en donner au chat…
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Videos de Junichirô Tanizaki (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Junichirô Tanizaki
« […] Akutagawa Ryunosuke (1892-1927) tenait cette nouvelle pour l'une des oeuvres les plus fortes de Shiga Naoya (1883-1971). […] Tout en usant de mots familiers réussir à donner une pareille sensation de transparence, voilà ce qui dans tout texte, à quelque genre qu'il appartienne, importe au plus haut point. […] Une telle forme d'écriture dédaigne la fleur pour obtenir le fruit : par la simplicité même, elle accède à l'essentiel comme aucun mode d'expression de la vie quotidienne ne le pourrait. […] » (Junichiro Tanizaki [1886-1965])
« […] Sa légèreté n'est qu'apparente. Elle recèle une puissance insoupçonnée. Ainsi de ces variations de Chopin, subtiles, presque imperceptibles, qui résonnent en nous, se propagent jusqu'au fond de nos entrailles comme la douleur d'une dent. […] » (Hideo Kobayashi [1902-1983])
« […] l'originalité de Shiga Naoya tient au fait que jamais dans aucune de ses nouvelles il ne se laisse aller à l'analyse psychologique de son personnage principal. Il le présente seulement comme un homme qui lutte pour essayer d'établir des relations humaines rationnelles dans le monde qui l'entoure. le personnage apparaît si profondément hanté par cette quête que Shiga Naoya ne s'attarde pas à une étude de son caractère. […] » (Sei Ito [1905-1969])
« […] En janvier 1913 paraît un premier recueil de nouvelles, dédié à sa grand-mère. le 5 août de cette même année, Shiga Naoya est renversé par un train de la ligne Yamanote. Il est grièvement blessé et doit se faire hospitaliser. Il écrit en septembre la nouvelle Han no hanzaï (Le crime de Han) puis, en octobre, part en convalescence à Kinosaki. […] L'une de ses plus belles nouvelles, Wakaï (Réconciliation) […] est publiée en 1917, peu de temps après Kinosaki nite (Le séjour à Kinosaki). […] »
17:55 - Générique
Référence bibliographique : Naoya Shiga, le séjour à Kinosaki suivi de le crime de Han, traduit par Pascal Hervieu et Alain Gouvret, Éditions Arfuyen, 1986
Image d'illustration : Autoportrait de Shiga Naoya daté de septembre 1912.
Bande sonore originale : P C III - O UT O UT by P C III is licensed under an Attribution License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/P_C_III/O_UT_1733/O_UT
#NaoyaShiga #LeSéjourÀKinosaki #LittératureJaponaise
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