Citations sur Moi René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag II B, to.. (66)
En route pour Trèves ... Un joli nom de ville, en temps de guerre.
"C'était eux ou nous", selon la magnifique formule consacrée, "On n'avait pas le choix" "A la guerre comme à la guerre" Et puis merde ! Ces types ne nous attendaient pas au coin du bois pour nous offrir des rafraichissements !
- Comme tu ne peux pas tuer le type qui a la chiasse, tu maudis le wagon, les copains, la France, les politicards, les Boches, le monde entier. Tu voudrais que la terre éclate et qu'il n'en reste rien. Tu maudis ceux qui dorment dans leur lit, loin des odeurs de merde. Tu n'arrives pas à fermer l'oeil, alors tu ne peux pas éviter de penser à ta condition de vaincu tout récent, à ton esclavage qui ne fait que commencer, et au fait que , sans boire et sans manger, tu vas devoir côtoyer les connards qui encombrent ce wagon et que tu n'aurais jamais voulu rencontrer.
p72
Pour le départ, les colonnes devaient être formées par nationalité.
Les américains étaient déchaînés ! L'un d'eux, Johnny Sprague monta sur le toit d'une baraque et joua inlassablement du jazz devant des milliers de types surexcités, puis il termina par "Stars ans Stripes" !
Les sifflements enthousiastes des P.G. U.S. couvraient les applaudissements à tout rompre des autres. Et tout ça dans la nuit, le froid, le vent, sous la neige qui tombait à l'horizontale, droit sur le visage... Crois-moi, c'était grandiose !
Je ne me souviens pas que nous ayons entonné La Marseillaise.
Pendant un an et demi, il y eut une certaine 'souplesse' dans les relations France-Allemagne, mais ça ne concernait en réalité que la politique et la collaboration officielle. Les PG [prisonniers de guerre français] n'en furent pas bénéficiaires, sinon quelques 'colis Pétain' contenant des biscuits secs et des cartes postales pré-remplies, avec au recto la tronche du Maréchal, son balai de chiottes sous le blair. (p.127)
Comment était-ce possible ? La meilleure armée du monde ! ... Avec, à sa tête, les chefs les plus intelligents qui soient... L'armée française, l'armée du pays des superlatifs, du pays du bon goût, où tout est mieux et meilleur qu'ailleurs ! Que s'était-il passé ? Comment ces sinistres bouffeurs de choucroute mal dégrossis avaient-ils pu nous infliger une telle déculottée ?... à nous ?!
C'est te dire à quel point nous nous pensions supérieurs et invincibles.
La première armée du monde avait cessé d'exister.
Les poux pulullaient dans nos toisons crasseuses. Les allemands, qui n'avaient peur de rien, avaient quand même une peur bleue du typhus.
C’était étonnant qu’ils se soient laissés infecter par une autrement plus dangereuse vermine.
Lorsqu'un pays est envahi, la collaboration avec l'envahisseur commence dans la minute qui suit. La résistance à l'envahisseur, c'est un peu plus long. Il faut s'organiser, et puis c'est dangereux mais c'est inévitable. (p. 126)
Je sais petit, c'est moche. Mais si je te disais : c'est ça la guerre, et c'est pas beau à voir, tu me prendrais pour un vieux con. C'était eux ou nous, selon la formule consacrée. On n'avait pas le choix. À la guerre comme à la guerre. Et puis merde ! Ces types ne nous attendaient pas au coin du bois pour nous offrir des rafraîchissements.
On ne dit pas un tank ! On dit un char !