J'entendais la porte d'entrée claquer, puis la voix de ma mère, aiguë, puis celle de papa, lasse - il y a vingt ans de cela elle l'était déjà, lasse -, puis leurs chuchotements, leurs colères étouffées. Leur aversion l'un pour l'autre. A trop vouloir se supporter ils avaient fini par se détester.
Il y a quelque chose que j'aimerais savoir, avant la fin : ma vie aurait-elle pu être différente ? Y a-t-il un moment où je me suis trompée en chemin ? Quand ?
Je cherche. Je ne vois pas. Je ne vois pas à quel moment j'ai eu le choix.
Tous ces trous dans ma vie, ces fossés, ces ruptures. J'ai honte.
J'ai été une petite fille riche. Robe à smocks, souliers vernis, rubans de satin dans les cheveux.
Plus tard, jupes écossaises, chemisiers à col rond.
Cours de violon, d'équitation, nurse anglaise.
Vacances entre Deauville, Saint-Raphaël, Chamonix.
Mon enfance ressemble à une longue errance dans un couloir silencieux dont les issues auraient été condamnées.
- L'amour est la cause de tout : du désespoir, de la joie, de la vie, de la mort. N'est-ce pas ? C'est l'origine, la source première.
Mon enfance ressemble à une longue errance dans un couloir silencieux dont les issues auraient été condamnées.
Certaines choses, on ne peut pas les raconter. Ce serait trop misérable.
J’ai froid de toi en moi […].
[Q]uelque chose comme un éclat de vie, qui s’obstine.
J’aurais aimé qu’on me regarde plus. Qu’on regarde celle que je suis. Pas l’enveloppe. L’enveloppe est trompeuse. Les enveloppes sont toujours trop lisses, trop blanches. Terrible méprise. J’ai peur de la méprise. Le plus dangereux, ce n’est pas tant que les autres se trompent sur vous. C’est de se tromper soi-même...