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Critique de 5Arabella


Les trois soeurs a été créée en 1901 à Moscou au Théâtre d'Art, par le troupe de K. S. Stanislavski. Tchékhov croyait avoir écrit une comédie gaie, les réactions à sa pièce l'ont stupéfait et chagriné, mais il se résout finalment à voir dans l'oeuvre un drame.

Les trois soeurs du titre sont les trois filles d'un général. Elles sont nées et ont passé leurs premières années à Moscou, où est morte leur mère. le père a été muté dans une petite ville. Il y est mort à son tour, et elles se retrouvent en quelque sorte coincées dans cet environnement provincial qu'elles trouvent étriqué et assez vulgaire, sans pouvoir déployer leurs ailes. Elles rêvent à un retour à la capitale, où elles pensent être plus heureuses. En attendant, l'aînée, Olga travaille comme institutrice, la puînée, Macha a épousé un professeur, et la plus jeune Irina, fête juste ses vingt ans au moment du début de la pièce. Leur frère, André, qui a des velléités d'une carrière universitaire, grossit et se fiance, avec une jeune femme, Natacha.

Cette dernière prend l'ascendant sur la famille, s'impose et impose sa façon de vivre. Macha prend un amant, Olga s'investit de plus en plus dans son travail, Irina occupe des emplois qu'elle déteste, et se laisse courtiser par le baron Tousenbach, qu'elle n'aime pas, mais qui représente une possibilité d'évasion de sa vie actuelle. le petit monde autour d'elles se délite de plus en plus, et elles rêvent toujours de partir pour Moscou…

Nous sommes encore une fois dans un monde du banal quotidien, qui correspond si peu aux aspirations et aux attentes des personnages de Tchékhov. Personnages par essence insatisfaits, désirant combler un vide intérieur, qui rêvent à un ailleurs où ils seraient d'une façon quasi magique comblés et remplis. Sans avoir la force d'agir pour réaliser le voyage désiré, mais peut être parce qu'ils pressentent qu'il ne pourra qu'être décevant par rapport aux rêves, et qu'il ne pourra que démontrer leur échec définitif.

Les trois soeurs sont peut être la pièce la plus cruelle de Tchékhov, les trois héroïnes principales semblent comme vidées de force, d'envie de vivre, de se battre. Elles sont totalement sans défense devant Natacha qu'elles méprisent, mais qu'elles laissent régir les choses à sa guise, sans pour ainsi dire la moindre réaction. Elles se laissent entraîner par les événements comme des fétus de paille par le vent, sans presque aucune volonté.
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