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Critique de Mermed


Il y a deux facettes chezTchekhov, celui des histoires courtes qui sont simples, directes et faciles à comprendre et à aimer, puis les pièces qui sont beaucoup plus complexes. Parmi les pièces majeures , il y a Les Trois Soeurs.

J'ai lu et vu beaucoup des pièces de Tchekhov. C'est à l'intérieur d'une vie de village ou d'une ville de province que se présente une variété de personnages colorés et chargés d'histoires poignantes.

Les trois soeurs – est-ce une surprise ? - c'est l'histoire de trois soeurs, Olga, Masha et Irina qui vivent dans une ville de province et de garnison – l'association est possible - mais aspirent à retourner dans leur ancienne maison de Moscou qu'elles ont quittée après la mort de leur père. Au début de la pièce, Olga a 28 ans, elle est institutrice et elle se rend compte qu'elle ne se mariera probablement jamais. Masha a 24 ans , elle est mariée à un homme qui l'ennuie et Irina a 20 ans et c'est un baron – plutôt laid – qui lui fait la cour. Il y a aussi un frère, Andrei, qui est un gros joueur (et gros perdant) , époux d'une harpie, Natacha, qui fait de la vie des soeurs un enfer. La vie est terne, et seul le régiment stationné dans la ville apporte de l'excitation et de la couleur.

Je ne vais pas raconter la pièce, qui jusqu'à cette dernière lecture m'ennuyait, mais, cette fois-ci je me suis intéressé à des réflexions et à l'un des personnages.

D'abord ce pessimisme de Tchekhov sur son présent:

« Notre ville existe depuis deux cent ans, elle compte cent mille habitants, et pas un seul qui ne ressemble aux autres, pas un héros, ni dans le passé ni dans le présent, pas un savant, pas un artiste, pas un homme un peu remarquable, qui susciterait la jalousie, ou le désir passionné de marcher sur ses traces… Ils ne font que manger, boire, dormir, puis ils meurent… D'autres viennent au monde, et à leur tour mangent, boivent, dorment, ne trouvant à se divertir, pour ne pas sombrer dans l'ennui, que dans les ragots abjects, la vodka, les cartes, les chicanes ; et les femmes trompent leur mari, les maris mentent, font semblant de ne rien voir, de ne rien entendre, et l'irrésistible influence de la vulgarité pourrit les enfants, éteint l'étincelle divine qui vivait en eux, ils deviennent des cadavres vivants, aussi semblables les uns que les autres. »

et puis son espoir d'un avenir radieux –

s'il savait, pauvre Anton! -

« L'heure a sonné, quelque chose d'énorme avance vers nous, un bon, un puissant orage se prépare, il est proche, et bientôt la paresse, l'indifférence, les préjugés contre le travail, l'ennui morbide de notre société, tout sera balayé. Je vais travailler, et dans vingt-cinq ou trente ans, tous les hommes travailleront. »

Puis le personnage de Soleny – qui me semble une reprise du Dogberry de Shakespeare, peut-être...
«  Si la gare était près, elle ne serait pas loin, mais comme elle est loin, elle n'est pas près. »

Je continue néanmoins à me poser la question suivante : comment se fait-il que Tchekhov soit universellement tenu pour un très grand dramaturge?

Je n'ai toujours pas la réponse...
Lien : http://holophernes.over-blog..
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