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Honnêtement moins elliptique et allusif que le Tao Te King de Lao-tseu, fondateur de l'école à laquelle notre auteur appartient et qui le précède de deux siècles d'après la tradition, cet ensemble de "contes moraux" ou "paraboles" ont le même but : des étincelles d'enseignements qui nous rend le Tao toujours plus imperméable dans Sa transcendance, mais l'ineffable ici glisse sur des terrains plus "pratiques", et la doctrine métaphysique se prête à des applications "morales" ou, justement, a-morales (et non immorales !) dans le sens où l'homme parfait, le souverain ou roi doit être dans un rapport mimétique par rapport au Tao (comme pure Essence), c'est-à-dire dans le "non-agir" (wu wei), d'où découle une "dissolution" dans la réalité cosmique qui donne à cet "homme parfait" (pour reprendre le mot sufî, al insân al kamîl) la possibilité d'exploiter "son" Tao, et d'agir en parfaite harmonie avec le monte qui l'entoure, ou celui de son propre être, ce qui revient au même, puisque tout fond dans l'unité indistincte.
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Penser, c'est morceler en idées nettes et incompatibles le réel complexe, dont l'essence est l'indivisibilité concrète ; agir, c'est choisir une de ces idées abstraites et exclure ainsi toutes autres idées abstraites qui lui sont étroitement liées. Surmonter tout artifice de l'intelligence morcelante et par là tout choix nécessairement arbitraire de l'homme, c'est retrouver le bonheur primitif de l'humanité plongée dans l'harmonie universelle.


Alors que traumatisée par le totalitarisme du siècle dernier, la doxa contemporaine ne cesse d'insister sur la promotion des différences, la nécessité de la "diversité", la quête du métissage (cet épouvantable mot consacré par le Code noir tout de même), l'amour du pluralisme, enfin tout ce qui est altérité en apparence, il est frappant de voir que pour Tchouang-Tseu, comme pour Plotin et tant d'autres sages du temps passé, le Mal, c'est la perte de l'unité, la volonté d'être soi et non l'Un, la pluralité "morcelante" et non plus l'indistinction dans l'Union. Pour Tchouang Tseu, ce qui éloigne de la source, c'est la pensée ; pour Plotin, c'est ce qui y ramène, allez savoir. Pour Plotin, retrouver l'Un nécessite de se dépouiller de tout ce qui n'est pas Lui, et donc choisir ; pour Tchouang Tseu, il faut cesser de vouloir choisir ; il n'y a pas de liberté hors de l'illusion.
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Je cherchais depuis longtemps à développer mes connaissances de cette philosophie trop méconnue en occident et cet ouvrage très complet (et les précisions des traducteurs, vraiment utiles, quoi qu'un peu ampoulées) m'y a beaucoup aidée.

Nous avons affaire à une philosophie positive, réaliste et -c'est rare- NUANCÉE, dépourvue de ce fatalisme qu'on a bien voulu lui prêter (le destin, ici, a un sens bien différent de celui qu'on lui donne en occident). Une philosophie où l'acceptation de ce que l'on ne peut changer n'empêche pas le travail et la remise en question. Où la générosité de principe est fustigée au même titre que des sentiments plus négatifs. Où l'on déplore l'ambition mal placée, la poursuite des honneurs, l'intellectualisme outrancier, l'attachement aveugle à des traditions séculaires... et où l'on vous explique pourquoi.
Un livre particulièrement riche de sens dans nos contrées et notre époque, donc, qui remet les choses en perspective sans moralisme facile ni naïveté. Un grand livre, tout simplement.
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La lecture de la pensée des anciens comporte des poncifs, que celle-là vienne de la Grèce ou de l'Extrême Orient. Souvent c'est la place de l'homme dans le monde qui est à la base de la réflexion et le comblement de ses désirs primaires, qui conduit par la nature des choses, à s'astreindre à une discipline honnête mais peu engageante.
L'originalité de la pensée héritée de la Chine antique consiste à donner une place prépondérante au vide, à l'inaction, et finalement à la non pensée. Ce que ce recueil de textes nous propose, sous la forme de courtes paraboles ou de dialogues imagés entre un maître et ses disciples, est d'accepter et laisser faire, ou de ne pas intervenir sur le cours des évènements. Ne pas prendre parti, ne pas s'affirmer mais suivre le mouvement en l'accompagnant avec souplesse : tel est l'enseignement de Tchouang Tseu.
A peu de chose près contemporain des penseurs de la Grèce antique, il développe pourtant un concept nouveau en s'attachant à décrire une chose indicible, innommable, qui est le Tout mais qui n'est rien en vérité, qui nous entoure mais que nous ne pouvons voir : le Tao. Comme le concept du temps chez Saint Augustin, à peine essayons nous d'en parler que celui-ci nous échappe. Mais alors comment en parler? Voici un des délicieux paradoxes qui nous est exposé ici.
Après, à la manière de l'enseignement des stoïques qui ne vaut que par la pratique que l'on en fait, le vrai bénéfice de ces préceptes reste à rechercher dans notre quotidien. Maintenant je laisse la mouche voltiger autour de moi lorsque je tourne les pages de Tchouang Tseu et je ne cherche plus à lui ôter la vie. Un vrai plus.
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Le tchouang tseu constitue un développement du lao tseu. Il s'agit de préférer la spontanéité, l'intuition, par l'exercice du non agir, c'est à dire le contact avec le vide partout agissant. Se rendre vide pour être plein, voilà le paradoxe.

On se souvient du rêve du papillon, ou de l'exemple du boucher. Car il s'agit d'une pratique, d'une manière de vivre concrète et vibrante.

Un monument de la mystique mondiale.
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La délicatesse de T'ien Tseu-fang et sa répugnance à faire l'éloge de son maître rappelle l'indignation de Borhân ud-Dîn : Qui est-il pour faire mon éloge ? Si l'on mixe les devoirs du murid envers son murshid (toujours défendre son maître en son absence et ne jamais laisser dire du mal de lui) avec ce sentiment d'être indigne de louer, le murid ne laisse pas blâmer son maître en public mais s'interdit de le louer :


Lien : http://vitanova.blogspot.com..
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