La seconde guerre mondiale est un sujet qui me fascine et que je trouve incontournable. Je suis aussi bien intéressée par les récits fictifs que non fictifs. Alors quand j'ai découvert ce titre, je ne pouvais tout bonnement pas passer à côté.
Jennifer Teege est une allemande/nigérienne. Sa mère l'a confiée à un foyer et l'a officiellement fait adopter lorsqu'elle était enfant. Dès lors, elle a cessé tout contact avec sa fille. Jennifer est une femme ouverte et cultivée. Elle se rend régulièrement à la bibliothèque et quand elle découvre une biographie sur sa mère biologique, Monika Goth, elle s'effondre. L'ouvrage relate son histoire, en tant que fille d'Amon Göth, commandant d'un camp de concentration, responsable de l'exécution de milliers de juifs. Pour Jennifer, c'est l'hécatombe, elle est la petite-fille d'un être sanguinaire qui a torturé, tué et qui a vénéré Hitler jusque sur l'échafaud.
Ce récit est glaçant et j'ai ressenti une peine immense pour Jennifer. Sa vie repose sur des mensonges. Elle, qui, par hasard, a étudié à Tel-Aviv durant des années se sent soudain honteuse, et guère à sa place. Elle se dit que, peut-être, Amon Göth a tué des proches de ses amis israéliens et cette pensée la terrorise. Comment se relever quand on porte un tel fardeau ?
Jennifer Teege a choisi de se tourner vers ses proches et a entrepris un voyage sur les traces de sa famille biologique et à travers la Pologne, Israël, l'Allemagne. Elle va tout faire pour se reconstruire, avancer mais surtout comprendre. Jennifer a connu sa grand-mère dans sa jeune enfance, elle se souvient d'une femme qui l'aimait et qu'elle aimait en retour. Cela ne calque pas avec la femme d'un commandant nazi qui vivait avec lui dans ce camp de la mort. J'ai trouvé intéressant (et glaçant, bien sûr), le fait d'essayer de « comprendre » cette fameuse grand-mère qui minimisait tout et qui a vénéré son mari jusqu'à la fin de ses jours. Pour elle, on tuait les juifs car ils étaient porteurs d'épidémies et d'ailleurs, peu sont morts. Malgré tous les reportages, les livres qui exposaient la vérité sur la guerre, elle croyait fermement en ses dires et son mari est mort en héros dans sa tête. Jennifer a du mal à concevoir toutes ces choses mais est aussi perdue dans ses sentiments. Elle est partagée entre l'amour qu'elle ressentait pour sa grand-mère et la haine en tant que femme de Göth et d'avoir fermé les yeux sur des atrocités. Y a-t-il une cohésion possible entre amour et haine ?
Ce récit est incontournable, à la fois pour le côté devoir de mémoire que pour le questionnement qu'il soulève. J'admire profondément le courage et la volonté de
Jennifer Teege.
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