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Critique de lilicrapota


C'est fou ce que la littérature jeunesse est riche et inventive!!!
Quand je lis des romans adultes autour de la 2ème guerre mondiale ou de ce qui en découle, c'est souvent toujours autour des mêmes thèmes : la résistance, les Juifs, le conflit en lui-même, écrits comme des épopées ou des quasi autobiographies plutôt cathartiques...
Et lorsque je me plonge dans les romans jeunesse sur le même thème, je suis à chaque fois surprise, émue, remuée... qu'il s'agisse de petits albums (comme l'incroyable "Otto" de Tomi Ungerer), de romans (le renversant "le garçon au pyjama rayé" de John Boyne), de journaux intimes ou de livres à fenêtres, c'est à chaque fois une nouvelle découverte et celui-ci n'échappe pas à la règle.
D'abord parce que le thème choisi n'est pas anodin : François est né d'une mère française et d'un père allemand, soldat en France durant la guerre. Il est donc "né maudit", porteur d'une faute et cristallisation d'une haine que je nommerais presque "éducative". J'apprends donc, je découvre! par le biais de ce roman mais aussi grâce à l'interview-naissance du livre présenté en fin d'ouvrage, que ces enfants-là sont au nombre de 200 000 en France. Il n'est donc pas inutile de creuser un peu le sujet ;-)
Ensuite parce que de cette enfance terrible, de ce petit garçon martyrisé par le regard, les insultes, les condamnations des autres, enfants comme adultes, de cette vie niée, refoulée, rejetée, de cette impossibilité d'exister, François parvient, extraordinaire résilient, à s'inventer, se nommer, se donner le droit d'être.
Cette formidable leçon d'humanité, elle n'est possible que grâce au talent de l'auteur qui se contente, le plus objectivement possible, de raconter des faits sans que l'on sente, à aucun moment, le jugement du créateur sur ses personnages : c'est-à-dire une telle mise à distance dans son travail qu'à la fois on comprend les agissements de cette population terrorisée par la guerre et haineuse des Allemands (donc rejetant tout ce qui peut leur rappeler, comme un enfant de guerre), et à la fois, dans le chemin que l'on mène avec François, on est dégagé de toute pitié ou commisération (en tout cas, c'est ainsi que je l'ai lu) ; ceci sans doute parce que du départ, on sait qu'il va "d'en sortir" et devenir un homme bien.
Comme je suis un peu pénible, j'ai quand même eu du mal à cerner le personnage machiavélique de la grand-mère : François était tellement bien dans sa famille d'accueil... elle l'en sort pour lui faire subir mille sorts... Pourquoi n'a-t-elle pas préféré l'oublier cet enfant-là, puisqu'elle avait déjà renié sa fille? Pour se venger de quoi? Pourquoi cette méchanceté? Et à l'inverse, pourquoi son frère, qui "récupère" François ado, est-il aussi humain? J'aurai bien aimé en savoir un peu plus sur leur historique familial, à ces deux-là ;-)
Un très bon roman donc, très bien écrit et très porteur. A recommander dès la cinquième!
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