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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Glaçant. C'est le premier mot qui me vient à l'esprit. Il n'est pas venu en terminant ce recueil de dix nouvelles de science-fiction, non, il est venu dès que j'ai eu fini la toute première nouvelle, Pathologie, qui nous interroge sur l'avenir que nous souhaitons pour nous et pour la prochaine génération. Quels apprentissages allons-nous leur proposer, comment intégrer les enfants qui sont différents des autres, surtout quand cette différence est liée à une inappétence pour tout ce qui est numérique ? La solution proposée par la médecine n'est pas si éloignée que cela de celle qui était proposée, dans la « vraie vie », voici encore quelques décennies aux enfants « différents ». Oui, j'utilise beaucoup de guillemets parce que les mots ont un sens, et que leur sens varie considérablement selon la personne qui les utilise.
Ce qui est d'autant plus effrayant, c'est que le point de départ de chacune des nouvelles est une utilisation du numérique, une interrogation, des recherches, qui font déjà partie de nos vies, comme le prouvent les extraits d'article cités en tête de chacune des nouvelles. Pathologie n'est pas la seule nouvelle liée à l'enfance, au lien parents/enfants, à la différence. Harceleuse montre aussi la différence, en la personne d'un père, Julien, qui refuse que sa fille rentre dans le moule, qui ne veut pas qu'elle plonge (elle est encore une enfant) dans le monde virtuel si parfait dans lequel sont déjà ses camarades de classe. Plus besoin de mot pour s'exprimer, des émoticônes suffisent. L'amertume ressentit par Julien à la fin de cette nouvelle l'a été aussi par moi : accepter l'uniformité, le virtuel, c'est perdre beaucoup, et personne, sauf lui, ne s'en préoccupe (oui, je ne dis même pas « semble s'en préoccuper »).
Qu'en est-il du savoir ? Il est déjà des personnes, de nos jours, qui s'inquiètent du fait de voir gommer certains aspects de notre passé, parce qu'il ne faut plus en parler, parce que c'est loin, parce que cela n'existe plus, parce que nous ne sommes plus concernés. Bouton rouge pousse à l'extrême les conséquences de cet effacement d'une partie de notre passé, dû à l'absence de livres, au tout numérique qui choisit de ne garder que ce qui est facilement trouvable par les moteurs de recherche – que ce qui est bon que le commun de l'humanité sache. Revers de la médaille de l'enseignement : le passé numérique peut nuire gravement aux adultes qui se sont un peu lâchés sur les réseaux sociaux étant adolescents. Impossible ? Aujourd'hui déjà, les recruteurs, les employeurs scrutent les profils des candidats, et pas seulement leur curriculum vitae. le droit à l'erreur numérique, le droit à l'effacement numérique est encore loin d'être acquis. Soyons vigilants, semble nous dire l'autrice dans Profil. Soyons juste, elle semble nous le dire constamment, y compris dans la nouvelle Automatique. Elle peut faire sourire, presque rire parfois tant son héroïne, Cécile, est incapable de vivre sans son assistant vocal, tout agaçant soit-il. J'ai eu envie de lui chanter « débranche tout », elle qui ne sait même pas organiser sa journée de repos sans lui, sans cette voix lui prodiguant des conseils, lui énonçant ce qui lui reste à faire, ses obligations, énonçant tous ses conseils, toutes ses consignes sans une once d'humanité. Cécile a désappris à prendre soin d'elle et des siens par elle-même, elle ne s'en rend pas compte, enfin, pas encore. La chute m'a rappelé des nouvelles de Fredrick Brown.
Et l'homme, dans tout cela ? Il cherche sa place. Il ne parvient plus à prouver son humanité (Inhumain), il apprend à coder tout jeune, pour se retrouver dans une réalité virtuelle sereine, pense-t-on (Virtualité réelle), une réalité qui lui permet de se défouler, d'assouvir ses pulsions discrètement impunément – jusqu'à la catastrophe, c'est à dire jusqu'à la panne bien réelle du virtuel. La justice ? Parfaite, incapable de se tromper. Gare à l'humain qui voudrait prétendre à réfléchir aux sanctions proposées/imposées par la machine. Cela soulage tellement les instances judiciaires qui ne sont plus débordées (Aveuglement amoureux) même si les prisons semblent rester bien pleines.
Le virtuel permet d'assouvir les fantasmes, et permet aussi d'assouvir le rêve de la vie éternelle, et là encore, je ne trouve que le mot glaçant pour qualifier Éternité. Encore faut-il que l'homme survive à tout ce qu'il a fait subir à la terre (La trappe). Y parviendra-t-il ?
Digital way of life – dix variations autour de notre usage du numérique, dix questionnements sur tout ce que cet usage peut entraîner pour l'homme, dix sonnettes d'alarme sur les abus en tout genre qui pourraient survenir si nous n'y prenions pas garde.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Bonjour amis lecteurs,
Je remercie chaleureusement les Éditions Taurnada Éditions pour l'envoi en service presse du livre de Estelle Tharreau : « Digital Way of Life - L'Intégrale » J'ai beaucoup aimé ce recueil de courtes nouvelles d'anticipation, glaçantes, horrifiques, poignantes, terrifiantes, très émouvantes, ironiques et décalées parfois. Dans un univers dystopique, le monde du numérique via un futur aseptisé génère les algorithmes qui nous indiquent la marche à suivre pour rester dans le moule. J'ai beaucoup aimé la nouvelle de Cécile, connectée à Alexia, son assistante de vie, qui la dérange sans arrêt alors qu'elle est plongée dans un livre passionnant. Les textes percutants vont à l'essentiel sans temps mort, les sujets sont profonds, douloureux, pleins d'humour grinçant. C'est le troisième livre que je découvre de l'auteure , dans un registre différent mais tout aussi passionnant que les précédents. Un très bon moment de détente.
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Ces dix nouvelles de science fiction nous donnent un aperçu des mauvais côtés de l'évolution humaine.

La médecine et les nouvelles technologies, internet, les réseaux sociaux, tout y est et même plus. Votre vision du futur va prendre une claque.

J'ai vraiment bien aimé ces histoires différentes qui nous mettent en garde sur les ravages que pourraient faire les nouvelles technologies dans notre futur.

Toujours, la peur que tout se retourne contre nous, et un jour ça serait une catastrophe et la destruction de toutes vies sur notre planète.

La nature se retourne contre nous, la médecine évolutive aussi et si le futur se retourne contre l'humanité, préparons-nous.

Je sais pas si vous avez regardé Love Death + Robots sur Netflix mais j'ai trouvé que c'était des bonnes façons de s'imaginer un dérapage futur.

Après cette lecture on peut rester nostalgique de la vie d'avant tout ça. C'était bien quand même avant les portables, la téléréalité et l'époque où les gens se parlaient en réel et pas en virtuel.

L'auteur à eu la bonne idée de réfléchir à ses histoires d'après des articles publiés il y a quelques années, son imagination à fait tout le reste.

Je suis très heureuse d'avoir pu découvrir ce roman intégral, merci beaucoup aux Éditions Taurnada pour leur confiance.
Lien : https://sabineremy.blogspot...
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L'auteure nous a proposé jusqu'à maintenant des romans noirs, thrillers glaçants avec excellence. Avec DWOL c'est dans le futur numérique qu'elle nous projette, roman d'anticipation avec ces dix nouvelles.

Dans un univers épuré la communication doit être claire et précise, mais voilà, Milo jeune enfant de 2 ans pense trop… nous voilà dans "Pathologique"

Avec "Virtualité réelle", l'auteure nous entraîne dans ce monde virtuel où tous les possibles sont admis, sans restriction aucune, alors imaginez ce qu'il pourrait s'y passer… Un jour tout pourrait s'inverser?! Cette nouvelle est vertigineuse, noire, nous donne froid dans le dos. Estelle n'y est pas allée par quatre chemins pour nous décrire ces mondes et c'est excellent, excessif, exquis…

"Aveuglement amoureux", un juge, un juré, un avocat et un accusé, ho j'oublie le greffier… Quand le numérique s'en mêle rien ne va plus. Notre vie est et sera dirigée par les algorithmes, qu'on le veuille ou non et quelque fois sans s'en rendre compte. La chute de cette petite histoire m'a bien fait rire.

L'auteure met sa plume au service de ce qui pourrait être fait en chirurgie réparatrice par la nanotechnologie, mais qu'en est-il de l'âme de ces survivants… le mystère est gardé jusqu'au bout de cette nouvelle. Nous sommes dans 'Inhumains".

Nous arrivons à la cinquième nouvelle : "Automatique", juste un extrait :
« Ses yeux dévoraient les pages, mais pas aussi vite que prévu puisque toutes les cinq minutes, précisément, Alexia égrenait le compte à rebours Biomarket Drive avec un niveau sonore croissant qui obligeait Cécile à se reconcentrer sans cesse… »

"Éternité" où la vie après la mort… possible!?

Denis Clovis est face à sa réalité virtuelle, sa personnalité n'est plus que virtuelle, alors attention aux traces que nous laissons dans cet espace… Ici c'est "Profil".

Que restera-t-il de notre mémoire historique dans quelques années, comment croire ce qui aura existé réellement?! Ceci se trouve dans "Bouton rouge".

"Harceleuse"… les lentilles, super originale, regardez bien votre interlocuteur dans l'oeil!

Apocalypse, extinction de l'humanité, "La trappe" délivrera-t-elle les derniers humains?
C'est ainsi que ce termine ce livre, pour toutes ces nouvelles il y a une note préliminaire : "Tous les extraits présentés dans ces notes préliminaires sont issus de documents non fictionnels." Alors réfléchissez, régalez-vous en lisant ces textes qui parfois frôlent notre réalité. Pour ma part, j'ai adoré ces nouvelles, un grand bravo à l'auteure pour son originalité, sa créativité, son imaginaire… Merci aux éditions Taurnada pour leur confiance renouvelée.



Lien : https://passionlectureannick..
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Intensité pour ces nouvelles dystopiques angoissantes !

Dans un futur sombre et satirique, Estelle Tharreau explore avec brio les dérives de l'omniprésence numérique à travers dix nouvelles captivantes. Chaque récit nous plonge dans un univers dystopique où la technologie règne en maître, imposant sa volonté sur les êtres humains.

L'auteure nous confronte à des questions essentielles sur notre relation à la technologie et à l'information. Que se passe-t-il lorsque nos vies sont gouvernées par des assistants virtuels, prêts à tout pour satisfaire nos moindres désirs ? Comment réagirions-nous si nos actions sur Internet étaient utilisées contre nous, transformant nos données personnelles en preuves à charge ?

Ces récits d'anticipation, bien différents des thrillers habituels de l'auteure, sont angoissants à souhait, inspirés de faits d'actualité qui leur confèrent un réalisme effrayant. Estelle Tharreau déploie sa plume unique pour créer des ambiances anxiogènes et captivantes, laissant le lecteur sans voix à la fin de chaque histoire.

Chaque nouvelle nous plonge dans un univers où la froideur de l'informatique, dépourvue de tout sentiment humain, nous glace le sang. Un livre original et saisissant, qui ne laissera personne indifférent.
Lien : https://www.catherinejeanaut..
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C'est certainement Pathologique, mais Sibelle est une maman inquiète pour son petit garçon. En effet, il ne s'intéresse qu'aux livres et délaisse les écrans. La médecine pourra-t-elle lui venir en aide ?
Avec ou sans la Virtualité réelle comme solution, l'humanité échappera-t-elle à son destin ?
Un Aveuglement amoureux, un algorithme comme indispensable aide à la justice, qui sera le plus fort des deux , l'homme ou la machine ?
Les androïdes lisses et parfaits sont-ils vraiment Inhumains ?
La vie de Cécile est Automatique. Elle possède un assistant de vie numérique qui lui dicte tout : son heure de lever, les minutes restant à ses enfants pour prendre le bus, ce qu'elle doit faire dans la journée…
L'Éternité, la vie éternelle, est ce que désire l'Homme depuis toujours. Mais qu'adviendrait-il si celle-ci rencontre un bug ?
Un Profil, nous en avons tous un, nous les utilisateurs du net. Mais qui est réellement apte à nous juger en fonction de ce qu'il trouvera dedans ?
La technologie et ses avancées empêcheront-elles les hommes d'appuyer de nouveau sur le Bouton rouge ?
Une petite fille devient Harceleuse dans la cour de récréation. Elle est la seule à ne pas posséder de lentilles éducatives…
La trappe s'avérera-t-elle la dernière solution de survie pour l'humanité ?
Tout cela vous le saurez dans Digital Way of Life.
Je suis ravie de retrouver Estelle Tharreau, une auteure à la plume très efficace une fois de plus, dans ce recueil de nouvelles si particulier. Dans Digital Way of Life, elle met en avant les éventuelles problématiques issues de notre technologie actuelle en imaginant les conséquences et surtout les dérives potentielles. Au début de chacune des dix nouvelles, vous trouverez des extraits d'articles de journaux ou de revues, d'informations issues de sites comme celui du ministère de la justice.
Certaines personnes sont littéralement accro à la domotique et ont ce besoin d'avoir la toute dernière innovation. Elle se veut pratique et efficace, avec l'application sur son smartphone, on gère tout à distance.
Plus besoin de notification dans son téléphone, exit l'agenda papier, un assistant personnel est là pour nous énoncer le programme de notre journée ! Mais jusqu'où accepterions-nous d'avoir notre vie dictée et dirigée par des voix de synthèse ?
L'apprentissage à l'école est également évoqué, voir l'apprentissage de la langue tout court. Les parents qui emmènent les enfants dès leur plus jeune âge dans les bibliothèques et les librairies d'un côté, ceux qui mettent un téléphone ou une tablette dans les mains des plus jeunes de l'autre…
La surpopulation, la justice et la mort sont des sujets également présents. Tout cela ne peut que nous amèner à réfléchir et pour ma part, à craindre l'avenir des générations futures, et vous ?
Digital Way of life, l'intégrale sont des nouvelles d'anticipation tout simplement terrifiantes…
(Merci à Joël des éditions Taurnada).
Lien : https://collectifpolar.fr/20..
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En parallèle de mes lectures polar, j'aime beaucoup lire un peu de SF, Digital Way of Life était tout indiqué pour moi : des nouvelles, format parfait quand on a un petit garçon qui nous accapare et un thème tournant autour des nouvelles technologies pour changer un peu. Combinaison parfaite. Je ne ferai pas de résumé des nouvelles, ce serait absurde, je vais donc essayer de parler du recueil et des thèmes abordés, sans spoiler la découverte.

Digital Way of Life propose une grande variété de nouvelles toutes plus glaçantes les unes que les autres. Et c'est peu de le dire, réellement. J'ai beaucoup aimé les articles de presse en exergue de chaque nouvelle. Au début, cela m'a déroutée. Je me demandais vraiment à quoi cela pouvait mener; et, finalement, j'ai adoré. Au bout de quelques paragraphes de la nouvelle, le lecteur fait le lien et comprend. La partie en exergue éclaire le récit et vice-versa. En effet, l'article de presse / l'information offre un point de départ, une balise à partir de laquelle l'autrice construit une extrapolation, imagine une évolution de la société… et à chaque fois, cela se fait vers un futur terrifiant. le lecteur suit ainsi un cheminement depuis ce qui nous semble aujourd'hui assez anodin jusqu'à l'aboutissement plein et entier. le lecteur prend conscience de ce qui pourrait advenir à partir de cette graine plantée. Une plante monstrueuse et carnassière pourrait germer de cette seule graine, une plante qui s'étendrait, et étoufferait tout autour d'elle.

Le recueil aborde différents thèmes : les réseaux sociaux et le rapport au langage qu'ils induisent, leur impact sur nos manières de parler et de communiquer, ce qu'ils disent de nous et ce que nous pouvons faire dire aux photos postées ; les mondes créés par les jeux vidéos et la réalité augmentée – la façon dont cela redéfinit le lien humain, mais aussi la frontière entre rêve et réalité voire la banalité du mal que cela peut cacher ; la question de la Justice et des ordinateurs, plus largement la question de l'appréciation humaine à l'ère des ordinateurs et des intelligences artificielles ; la question des nouvelles technologies au service des chirurgies, la place de la technologie dans la médecine ; la question aussi de la mortalité humaine et de la tentative de survivre à sa propre mort par le biais des technologies ; et enfin, la question du souvenir à l'ère d'internet et de l'information en quelques clics. Autant de questionnements qui sont finalement très puissants et qui sont très prégnants. En effet, chacune de ces nouvelles fait vibrer une corde différente chez le lecteur. Certaines m'ont littéralement terrifiée parce que je sais, au fond, que cela pourrait arriver bien plus vite qu'on ne le pense. Et que si cette vision du futur devait réellement advenir, je tremblerais pour mon fils. D'autres m'ont paru moins probables mais tout aussi inquiétantes pour l'humanité, pour tout ce qui contribue à nouer des relations chaleureuses et épanouissantes. Quelques uns de ces textes m'ont fait penser à l'univers de Kafka, un monde dans lequel l'individu est broyé par un système tellement fou et inhumain que rien ne peut être fait pour l'enrayer. D'autres ont un accent cruel et rappellent les totalitarismes : nous voyons ce moment où un détail est sorti de son contexte, amplifié et déformé jusqu'à en faire une preuve à charge.

Estelle Tharreau a un vrai talent pour faire exister des mondes futurs aux accents cruellement actuels. C'est, je crois, ce qui rend ses textes si efficaces, si prenants et si angoissants. A aucun moment le lecteur ne peut apposer le filtre d'un futur si lointain qu'il en devient improbable. Dans ces récits, rien n'est fait pour nous sécuriser. Au contraire, tout contribue à nous faire sentir l'urgence à remettre l'humain au coeur des relations, à nous exhorter à faire attention aux machines et à l'utilisation que nous avons des différents médias et des différentes technologies. En filigrane, nous pouvons sentir l'urgence aussi à nous servir de notre intelligence pour avoir une utilisation raisonnée de tout ce qui nous facilite le quotidien. A trop vouloir gagner via la technologie et les machines, l'homme pourrait bien perdre son humanité, voilà ce que ces textes suggèrent.

Le format des nouvelles est bien évidemment percutant. Un roman aurait eu du mal à évoquer ces mille et une facettes, ces mille et un dangers. Ici, le tempo est rapide, les rebondissements sont fréquents, le lecteur est bien vite happé et il est entraîné vers une chute toujours saisissante. La brièveté du genre permet de nous prendre aux tripes, de nous étourdir et de nous porter au plus vite l'estocade, nous laissant sonnés, et, à peine remis, nous sommes pris dans les filets du texte suivant. D'une certaine manière, dans ce recueil, nous tombons sans cesse de Charybde en Scylla. Aucun des futurs n'est préférable à l'autre et si tous devaient advenir, quel drame pour l'humain !

En conclusion, je dirais que ce recueil est excellent : les questionnements abordés par les nouvelles sont riches et variés, ils touchent des points essentiels et prennent le lecteur aux tripes. La question de l'homme et de tout ce qui fait son humanité est posée. La plume d'Estelle Tharreau nous emporte et nous laisse, à la fin du recueil, essoufflés et étreints par une sensation diffuse de gêne et de crainte mêlées. C'est donc une lecture à la fois atypique et délectable dans tout ce qu'elle a de glaçant et de dérangeant.
Lien : https://lesreveriesdisis.com..
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J'ai eu l'occasion de vous le rappeler il y a peu : je suis une fervente admiratrice d'Estelle Tharreau. Pour moi, la puissance de son écriture n'a d'égale que son incroyable diversité. Ouvrir un roman d'Estelle Tharreau est toujours la promesse de passer un excellent moment plein de surprises. J'ai pourtant traîné pour découvrir ce recueil de nouvelles, que m'avaient proposé les éditions Taurnada dès sa sortie (merci !).

Fin 2022 m'a apporté son lot de mauvaises surprises, aussi était-il vital pour moi de plonger dans une écriture qui, j'en étais sûre, allait m'embarquer, même si c'est plus difficile de ferrer un lecteur quand il n'a que quelques pages pour s'approprier une histoire ou s'attacher aux personnages. de ce point de vue, pas de problème : chaque nouvelle cueille les lecteurs et, là encore, Estelle Tharreau s'avère exceptionnelle !

La particularité de cet ouvrage est que l'auteure a voulu s'attacher à nous présenter, au travers de chaque nouvelle, une dérive possible d'un futur pas forcément si lointain dans lequel un aspect technologique prendrait une ampleur démesurée. Sachez déjà que, prises séparément, ces nouvelles sont terrifiantes. Mais notre futur pourrait bien être un mélange de toutes, et là, il y a carrément de quoi paniquer.

Un énième pamphlet futuriste, direz-vous ! Détrompez-vous (et c'est là qu'on peut commencer à trembler) ! L'auteure s'est appuyée, pour chaque nouvelle, sur un aspect technologique déjà en développement…

Le numérique prend une place de plus en plus importante dans nos vies, et on a beau être conscient des évolutions problématiques, éthiques ou technologiques, que cela pourrait entraîner, on est tous plus ou moins acteurs passifs de cette omniprésence. Moi la première, j'ai beau être terrifiée par les éventuelles (et inévitables) dérives qui ne manqueront pas d'arriver, j'avoue ne pas passer un jour sans solliciter mon assistant Google (mettre une minuterie étant ma requête favorite !). Attention, j'ajoute toujours un s'il te plaît ou un merci derrière chaque demande, et quand mes enfants se moquent, je leur rappelle que lorsque arrivera le soulèvement des machines, Google se rappellera peut-être que j'étais polie… (#onpeuttoujoursrêver)

Il y a un point commun à chaque nouvelle : une impression d'oppression qui se dégage de chaque histoire… Glaçants, tels sont ces récits qui pourraient être une évolution à moyen terme des idées les plus saugrenues des chercheurs d'aujourd'hui. L'humain et sa fainéantise, l'humain et son besoin d'immortalité, l'humain et son envie de bien faire… Les concepts les plus novateurs portés par les plus nobles causes comportent pourtant tous le risque de nous mener à notre perte !

On peut tenter de se réconforter en se rappelant qu'il ne s'agit que d'histoires percutantes sorties de l'esprit d'une romancière dont le talent n'est plus à prouver ! Et j'adorerais qu'il ne s'agisse que de cela… Faire l'autruche et féliciter Estelle de Tharreau de m'avoir bien fait flipper… Mais je ne suis pas encore suffisamment dépendante des A.I. que pour leur déléguer mes propres pensées. Et j'ai peur…
Lien : https://lecturesdudimanche.c..
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Le commentaire de Cathy :
Ce recueil, que nous propose Estelle Tharreau, a de quoi faire peur.
En effet, elle nous livre plusieurs nouvelles d'anticipation en mettant le doigt sur ce qui pourrait arriver à cause de nos habitudes numériques.
Avant chaque nouvelle, elle nous fait découvrir de réels extraits de journaux ou de revue scientifique, ce qui donne un effet encore plus flippant aux courts récits qui suivent.
Cette lecture est captivante, elle fait froid dans le dos, elle nous fait entrevoir ce que certaines de nos pratiques et nos habitudes numériques pourraient avoir et leurs conséquences.
Estelle Tharreau est une auteure que je suis habituée à lire dans un tout autre genre, elle excelle dans le thriller, la découvrir dans un nouveau style à titillé ma curiosité, son imagination débordante lui a permis de nous proposer des histoires d'un réalisme troublant.
Chaque nouvelle nous tient en haleine, c'est rythmé, un sans-faute à mes yeux, je viens de passer un excellent moment de lecture.
Lien : https://lesmilleetunlivreslm..
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Merci à Taurnada pour cette découverte. Il s'agit de 10 nouvelles qui peuvent nous montrer un futur pas si éloigné que cela. L'évolution de la technologie n'a eu de cesse de prendre de l'ampleur. Un exemple simple, les vidéos, par caméra, sur des cassettes , des dvds, des clés usb et demain ? Des exemples nous pouvons en trouver de nombreux, des bons, comme des moins bons. L'aide au niveau de la ménagère avec la machine à laver le linge qui a changé la vie de nombreuses femmes qui allaient au lavoir (et il en existe encore dans le coin de chez ma grand-mère). Il faut faire attention à ce que nous mettons sur les réseaux sociaux, tout peut être pris, volé, utilisés (et ça, c'est ce que j'explique bien à mon fils). Ces RS qui nous rapprochent autant qu'ils nous éloignent. Un simple constat de ma part, il n'y a rien de plus ou de moins que ce que j'ai pu voir depuis des années. Avant de débuter sur le récit l'auteur nous met des notes préliminaires qui nous indique une direction qui ne sera pas forcément prise. C'est intéressant de voir jusqu'où va l'auteur et cela me plait ! Entre ceux qui imaginent être là pour draguer et d'autres pour travailler, il y a un monde. Et si ce n'était que le début de l'aventure ? Suivez Estelle dans 10 histoires qui donnent froid dans le dos, car si nous arrivons jusque là je ne donne pas cher de notre peau.

Pathologique, ou le meilleur moyen de rentrer dans le moule. La lecture est un point que j'adore (sinon je n'aurai pas de blog, hein) et grâce à elle, nous pouvons voyager, apprendre de nouveaux mots. Et pourtant le monde dépeint dans cette nouvelle nous emmène dans une réalité autre que la diversité. Tous doivent apprendre le même nombre de mots, tous doivent se conformer à ce qu'on leur dis, ne pas avancer trop vite, ne pas chercher à connaitre plus et surtout se cacher. Milo est un enfant qui a besoin de savoir, son esprit ne peut pas se cantonner aux murs qu'on lui donne. La tablette numérique pour quoi faire vu qu'elle est bloquée ? Il ne peut découvrir par lui-même et fait partie de ces personnes qui ne s'arrêtent pas à une barrière, il leur faut la contourner. Et ce n'est pas un médecin qui peut décider pour les autres, pas vrai ? Cette Réalité Virtuelle semble prendre le pas sur tout le monde. Codage à volonté, les métiers ne sont plus que dans le cadre du numérique, si je peux encore appeler cela de cette façon. Chacun vit sa vie de manière peu traditionnelle pour nous, pauvre humains qui ne sont pas encore connectés 24h/24. Tout est contrôlé dans la réalité, mais les fantasmes eux sont toujours ancrés et réalisé dans le virtuel. Alors lorsque le monde s'effondre, celui qu'ils connaissent tous, c'est la débandade. Ils n'ont plus de repères, ne savent plus quoi faire et deviennent ce qu'ils ont toujours vécu en fantasmes.

Mais ce n'est rien, comparé à cet aveuglement amoureux. Pas besoin de numérique pour comprendre que l'homme à la tête d'un lieu, ou ayant un poste élevé fera ce qu'il faut pour rendre un verdict tout sauf impartial. Imaginez-vous jury dans un procès important, celui qui va décider de laisser en liberté un homme ou non et là, vous devez uniquement appuyer sur des boutons. Si vous ne réfléchissez pas et suivez bêtement ce que l'on vous dis, vous avez les moyens de continuer à vivre normalement, mais si vous êtes de ceux qui cherchent à comprendre ce 1% qui traine, alors je vous conseille de ne pas être juré. Il est si facile de devenir un mouton pour éviter les ennuis, de suivre celui qui a du pouvoir pour ne pas être inquiété. La majorité semble l'emporter et la position instable dans laquelle vous êtes risque de vous exploser à la figure. Et ainsi vous ne serez plus des êtres humains, mais considéré tel des inhumains. Pourtant ce n'est pas de leur faute si la société les rejette l'un après l'autre. Est-ce que le physique compte plus que le travail ? Oui et cela n'est que mon opinion sur notre monde qui ne voit que par ce physique qui se doit d'être parfait sinon vous pouvez faire demi-tour. Je n'ai jamais compris pourquoi c'était ainsi et pour ma part je ne fonctionne pas de cette manière, comme d'autres et encore heureux, mais combien on pris dans les dents qu'ils étaient moches, qu'ils étaient des monstres parce qu'ils ne rentrent pas dans le moule ? D'ailleurs je ne rentre dans aucun moule et j'en suis fière. Les militaires qui sont revenus des guerres, estropiés, perdus, abimés n'ont-ils pas le droit d'être considérés comme des humains ? Les accidentés de voiture ou de tout autre incident ont les mêmes droits et pourtant le regard des autres peut être mauvais. Ce monde où les "rafistolés" n'ont que le droit de se taire et de rester cachés ? Jusqu'où peut aller l'être humain envers un autre ? Tous les jours nous en avons un exemple et plus nous avançons dans le temps, plus les écarts existent et font mal.

Est-ce que cela ne deviendrait pas un automatisme ? Automatique, qu'est-ce qui peut le devenir ? Suivre son instinct ou une assistante de vie qui va vous rappeler tout votre agenda ? Au lieu de prendre un papier crayon et de tout mettre sur un carnet, c'est la maison en elle-même qui va vous le rappeler. Ah, la technologie est vraiment d'un autre niveau, mais au fait, cela n'existe pas déjà avec une certaine Alex ? La journée de repos de Cécile ne va pas se passer comme la maison l'aurait voulu. Est-ce pour cela qu'une information capitale aurait pu éviter cette fin ? Pas de tragique, pas de morts, mais une solution plutôt radicale juste pour avoir oublié ? Absurde ? Nous sommes déjà dépendants, je le vois, avec tous les rendez-vous qui sont sur mon téléphone. Un bien pour un mal, tout est au même endroit, mais si ce lieu nous perd ? Où allons-nous ? Probablement à l'Éternité ! Qui ne c'est jamais demandé ce qui se passe après la mort ? Et si par hasard nous serions à un point où justement nous pouvons le savoir. C'est la seule nouvelle où j'ai eu plus de mal, pour la comprendre. Je pense que je suis passée à côté de celle-ci, mais vu qu'i n'y en a qu'une qui m'a laissé sur le côté en voyant les personnages faire leur voyage, ce n'est pas catastrophique.

De toute manière, il vaut mieux faire attention à sa vie et surtout à son profil que nous pouvons mettre en ligne. Tiens, j'en reviens à mon premier paragraphe : ne rien divulguer sur les réseaux sociaux, car tout le monde peut y avoir accès et s'en servir. La preuve bien des années après, ce professeur qui va voir sa vie s'effondrer pour des bêtises alors qu'il était plus jeune. Tout se sait, à un moment où un autre et peut se retourner contre vous. Pas moyen de revenir en arrière et le bouton rouge ne sera d'aucune aide. Bien au contraire, tout le monde le connait ce fameux bouton, celui qui est là pour envoyer des missiles à l'autre bout du monde pour exterminer une population. Nous le connaissons, probablement par le biais des films où le président se demande s'il doit appuyer dessus, dans des sous-marins pour se défendre. Mais si tout avait été caché, est-ce que nous saurions qu'il existe ? Dans chaque génération nous apprenons des éléments, mais nous en perdons aussi, alors, verdict ? Devrions-nous harceler nos anciens pour mieux comprendre ce qui est déjà passé ? Harceleuse, je ne pense pas me caractériser de cette façon. Et Julien ne voit pas sa fille de cette manière. Elle veut jouer avec les autres et ne pas devenir ce robot qu'ils sont tous devenus, vivant dans leur monde. Un monde comme les précédents où l'individualité est mise en avant et pourquoi ne pas se retrouver sous la trappe ? Peut-être parce que leur sort ne sera pas si enviable en comparaison de ceux qui resteront au-dessus ?

En conclusion, je suis restée très évasive pour certaines des nouvelles, mais toutes se regroupent sur notre société et la manière dont nous allons évoluer en fonction de la technologie. le numérique, la nanotechnologie, les aides potentielles, nous ne pouvons pas négliger que certaines avancées font des miracles et sont importantes. L'auteur nous présente des idées qu'elle ne partage pas forcément, c'est son but de nous laisser avec notre propre questionnement et surtout : sommes-nous déjà trop impliqués et trop pris dans cet engrenage pour ne voir que le bien ? L'évolution de la technologie n'est pas à prendre à la légère. Il vaut mieux faire attention et bien réfléchir avant de suivre le mouvement. Chaque nouvelle apporte ce qu'il faut pour ne pas se braquer contre le numérique ni pour y plonger tête la première.

http://chroniqueslivresques.eklablog.com/digital-way-of-life-l-integrale-estelle-tharreau-a212871857
Lien : http://chroniqueslivresques...
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