Vous expliquez comment détruire de l'ADN à l'eau de Javel, vous rappelez que la chaux vive permet d'enterrer les corps sans laisser de traces ni d'odeurs, vous dévoilez certaines techniques de la police. Vous n'avez pas peur que cela ne nuise aux vrais flics ? Que des personnes malintentionnées puissent utiliser les idées de vos livres à mauvais escient ?
- L'éternel débat... Nous, les écrivains de romans policiers, participons à accroître la violence dans le monde, c'est cela ? Croyez-vous que les gens malintentionnés, comme vous dîtes, attendent mon livre pour passer à l'acte ? Qu'ils vont s'en servir comme d'un livre de recettes ? Quelqu'un qui commet un meurtre ou un viol frappe par pulsion, par haine, par colère, ou à cause de son enfance. Le roman n'est qu'un prétexte ou un élément déclencheur, si vous voulez.
Si ses livres finissaient souvent mal, c'était parce que la vie était une garce, ni plus ni moins.
Léane essaya de comprendre. Depuis quand Jullian utilisait-il ce type d'application [de santé] ? Il détestait cette technologie qui gérait votre vie et vous permettait de maigrir, de vous sentir mieux, de connaître le nombre de pas effectués dans la journée. Il disait même qu'un jour les gens enverraient leur téléphone courir à leur place.
Un roman est un jeu d'illusions, tout est aussi vrai que faux, et l'histoire ne commence à exister qu'au moment où vous la lisez
Il voyait les couples heureux, les pères paniqués, les mères attentives. Une maternité était sans doute l’un des plus beaux endroits sur Terre, un grand voyage au pays du bonheur. Il ferma les yeux, assis sur une chaise, et se souvint de chaque seconde de la naissance de sa fille. Lui, mort de peur dans sa combinaison bleue, Nathalie qui lui serrait la main, en larmes, les lunettes couleur écaille de tortue de l’obstétricien, les taches de rousseur de la sage-femme, les aiguilles qui défilaient dans un tic-tac qu’il pourrait reproduire au détail près.
Bon Dieu, ce qu’il avait été heureux ! Et le bonheur était là, dans sa tête.
Durant une dizaine de minutes, il fut là-bas, dans la salle d’accouchement, sourire aux lèvres, jusqu’à ce que son téléphone sonne, l’arrache au passé et le ramène dans un monde où tout avait explosé.
(...) Mais peu importe, au final. Un roman est un jeu d’illusions, tout est aussi vrai que faux, et l’histoire ne commence à exister qu’au moment où vous la lisez.
La mémoire est extrêmement complexe, elle peut parfois nous jouer des tours et créer de faux souvenirs. Elle a horreur des vides et les comble d’elle-même lorsque c’est nécessaire.
Un roman est un jeu d’illusions, tout est aussi vrai que faux, et l’histoire ne commence à exister qu’au moment où vous la lisez.
Quand on est persuadé de quelque chose, toutes les coïncidences auxquelles on ne prêterait même pas attention d’ordinaire se transforment en indices. En éléments qui ressemblent à des messages qui nous sont adressés. Alors que ça ne reste que des coïncidences.
--Sa came,c'était juste violer des cadavres et de les peler?Ouf,ça va alors.