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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
S'il est un monde qui se prête au roman noir, c'est bien celui du travail. Délocalisations sauvages, harcèlement, désespoir, compromissions, trahisons… tous les ingrédients sont réunis, mille fois dits et répétés dans les pages économiques ou les faits-divers de nos journaux qui finissent toujours par nous raconter des histoires inimaginables.
Dans le couperet, Donald Westlake nous relatait ainsi les aventures d'un chômeur appâtant ses concurrents dans la recherche d'un emploi afin de les éliminer physiquement. Dans Consulting, François Thomazeau envisage que les patrons puissent s'offrir les services d'une boîte de consulting bien particulière chargée d'aider au dégraissage de leurs entreprises pour le plus grand bonheur de leurs actionnaires en les débarrassant des DRH récalcitrants ou des syndicalistes empêcheurs de licencier en rond.
Bien sûr, ce genre de procédure de licenciement radicale a ses détracteurs et, de plus, même les meilleures boîtes de consulting peuvent avoir elles-mêmes à dégraisser leurs effectifs. C'est ainsi qu'Antoine, le consultant à gages, va voir son destin lié à celui de Pascal le syndicaliste au chômage.

La cavale de ces deux personnages que tout semble opposer révèle vite que, s'ils ne partagent pas forcément la même vision de ce que doit être l'entreprise, ils ont au moins en commun une vision particulièrement cynique de cette dernière et de la société dans laquelle elle prospère. Ce cynisme partagé fait de ce roman une oeuvre où la critique sociale sans concession frise le nihilisme joyeux. Un humour auquel on peut penser que tout le monde ne sera pas forcément sensible tant sa férocité pourra en empêcher certains de voir au-delà du premier degré.

Pas exempt de défauts, en particulier une tendance à se montrer parfois un peu trop démonstratif et d'autres fois trop elliptique, Consulting a pour lui ce côté baroque des dialogues et des situations dans lesquelles l'auteur se plaît à repousser toujours un peu les limites du mauvais goût. Un mauvais goût qui sied particulièrement à ses personnages pour lesquels il est décidément bien difficile d'éprouver de la sympathie ou même juste de l'empathie (et peut-être est-ce là aussi un aspect qui peut s'avérer rebutant) et que l'on se plaît finalement à voir lancés dans un jeu de faux-semblants dont on se doute qu'il va tourner au jeu de massacre.

Bouquin iconoclaste et plutôt percutant, sans temps mort au long de ses seulement 200 pages, Consulting nous fait méchamment rire. D'un rire un peu jaune parfois.

Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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Merci aux éditions Au-delà du raisonnable et à Babelio pour ce livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
Un bon livre. Pas exceptionnel mais un bon livre, par un écrivain tout à fait digne de ce mot.
J'ai l'impression d'une sorte de mélange entre du San Antonio, notamment dans certains dialogues, avec une petite influence Tarantino, et un volet social, sociétal et de réflexion sur l'humanité qu'on retrouverait dans un film comme Fight Club. Qui donne aussi une dimension supplémentaire qu'on retrouve assez peu dans des livres de violence Brett Easton Ellissienne, by the way. On voit ici la critique d'un monde du travail où les inutiles ont les postes les mieux payés, les plus influents alors qu'ils ne servent vraiment à rien, menant à la baguette ceux qui font le vrai travail et qui galèrent, tout ça les pieds dans l'eau de leur piscine... La critique d'un système et d'un fossé vraiment plus supportables... Actuel...

"- Si je peux me permettre, nota Pascal, la vie trépidante de consultant devient un peu lassante. On ligote, on bâillonne, et on recommence.
- Comme tu vois, une forme de travail à la chaîne.
- C'est moins pénible à la Sécu, tu forces les gens à rester assis pendant des heures, sans les attacher ! Voilà l'efficacité du secteur public."

Il y a un peu de violence, physique, beaucoup de violence symbolique en creux, le physique venant en réaction.
Le style est vraiment intéressant comme je le disais, assez drôle parfois, jamais trop "facile", il y a une recherche, une connaissance du-des sujet-s, même si ça ne va pas aussi loin que - je ne sais pas moi - qu'un Maurice Dantec (pour prendre un auteur que je l'ai récemment). Ce livre-ci est moins une somme, ça reste modeste. Deux cent pages, que voulez-vous.

"- Et c'est quoi ça, consultant ?
- Un de ces nouveaux métiers qui ne servent à rien et qui rapportent gros.
Blanco fit sauter un stylo rongé dans sa main et, après une double vrille piquée parfaitement exécutée, il retomba dans sa paume pour une réception impeccable.
- Comme flic ?
Voisembert ne releva pas. Flic était le troisième plus vieux métier du monde. Celui qui faisait vivre le premier en tant que client avant d'arrêter le proxo."

J'ai passé un bon moment en compagnie de cette fuite d'héros qui cherchent une sortie, une solution à une situation qu'ils n'aiment pas, à une vie qu'il méprise.
Un "consultant", en fait un tueur pour liquider du personnel, sommet des techniques HR, un syndicaliste qui se révèlera ... , une femme entre femme-objet et femme dominante, tout ça dans une voiture, destination on ne sait trop bien, vers un chaos annoncé ? Ou pas.

"Pascal chercha dans les yeux d'Harold un peu d'innocence, un peu d'humanité, des faiblesses excusables qui pussent expliquer pourquoi il le persécutait. Pourquoi il avait détruit son amour avant de le donner en pâture à la mort. Mais rien. C'était ainsi. La loi du monde. du chacun pour soi. La défense du territoire. Avec ou sans lui. Et toutes ces phrases fabriquées, assénées jour après jour par les médias et la culture dominante pour transformer les moutons en loups et réciproquement. Ces banalités dont se repaissait Antoine et dont il avait fait sa raison d'être.
- Putain quel monde..., soupira Pascal.
Il leva le Beretta et, sans crier gare, froidement, avec un vrai soulagement, abattit Mattéi d'une balle dans la tête. Il se tourna vers Antoine :
- Tu avais raison. Nous vivons dans un monde de violence.
Antoine lui renvoya le sourire customisé d'un vendeur d'assurances.
- Bienvenue dans la vraie vie."

Bref, ce livre a tenu la route, tenu le choc de mon regard critique, de façon honorable.
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