Je pourrai faire la maligne et tenter de faire croire à mes visiteurs que les 3000 livres qui ornent les murs de mon appartement ont été achetés, offerts, trouvés, chinés par mes soins … mais non, la vie à deux à son lot d'encombrement.
Tentant d'explorer les méandres de ma bibliothèque, j'y ai découvert un très vieux roman noir d'un auteur méga connu dans son genre, auteur que je ne connaissais pas, en tout cas pas encore.
J'ai donc dit : c'est bien
1275 âmes ? Ça me plairait ?
Il a donc dit : oui c'est très bien ! Ça te plairait !
J'ai d'abord fait une rapide recherche Internet sur
Jim Thompson, lors de laquelle j'ai appris qu'il était déjà mort et qu'il était une petite référence dans le polar américain des années 40, 50, 60 et début 70 … j'étais pas encore née, ça me fait relativiser !
Nick Corey est le shérif du canton de Potts, il partage sa vie entre 3 femmes, une qu'il a épousé, une autre qui est déjà mariée et une troisième qu'il aime en secret.
Le cul sur sa chaise et les bottes en éventails, il passe ses journées à manger, à dormir et à se faire emmerder !
Autant dire que les soulards, les tenanciers de bordel, les feignasses et autres glandeurs de première ont la vie belle à Ploucville et peuvent tranquillement continuer à mener leurs sombres affaires.
Tout bascule le jour ou Nick Corey prend un gros coup de pied dans le derrière. Au sens propre. Une bonne façon de lui faire comprendre qu'il ne devrait pas se laisser marcher sur les pieds.
Mais là où n'importe quel être civilisé aurait décidé de faire enfin son travail correctement, notre bon shérif va grave dévisser et prendre, de façon plutôt habile, la vie des 1275 péquenauds qui peuplent son patelin, entre ses mains.
Alors, vous avez le choix :
Soit vous lisez
1275 âmes au premier degré et vous le refermez en retenant une espèce d'apologie du sadisme, de la fumisterie, de la connerie humaine et, à mon sens, vous passez à côté.
Soit vous lisez
1275 âmes au 10ème degré et vous percevez la subtilité de cet auteur à l'humour noir féroce et cinglant, qui vous emporte le plus prêt possible, telle une tornade de cynisme, écouter les perdus de la vie. Poussant l'ironie jusqu'à son paroxysme,
Jim Thompson vous fait douter de vos propres capacités de compréhension jusqu'à la dernière ligne.
Dans la préface, Marcel Duhamel, le traducteur, qualifie
1275 âmes de bouffonnerie et c'est exactement ça. Je n'aurai pas pu trouvé meilleur terme, alors je gagne du temps, je ne cherche même pas.
Mais attention, derrière toute forme d'humour, lorsqu'il est exercé avec talent, se cache souvent un cri de désespoir que seuls découvriront ceux qui regardent plus loin que le bout de leur nez.
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